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Des écoliers à Kaboul, le 30 août 2021 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dix jours après la réouverture des universités privées du pays, le ministère de l'Éducation a annoncé vendredi 17 septembre que "tous les professeurs hommes et les élèves" du secondaire allaient retrouver leur établissement, sans faire aucune mention des enseignantes ou des collégiennes et lycéennes.
Ce flou risque d'alimenter un peu plus encore l'inquiétude d'une partie de la population afghane et de la communauté internationale qui redoutent de voir se reproduire le même scénario que lors du premier passage au pouvoir des fondamentalistes, entre 1996 et 2001.
Le mouvement islamiste avait mené une politique particulièrement brutale à l'égard des femmes, qui n'étaient pas autorisées à travailler, étudier, faire du sport ou encore sortir seules dans la rue.
Après le départ des talibans chassés par une coalition internationale emmenée par les États-Unis, les femmes avaient progressivement pu récupérer leurs droits fondamentaux et accéder à des métiers qui leur avaient été interdits, comme juge, parlementaire ou encore pilote.
"L'UNICEF se félicite de la réouverture des écoles secondaires en Afghanistan, mais souligne que les filles ne doivent pas être laissées de côté", a réagi vendredi 17 septembre la directrice exécutive de l'agence onusienne, Henrietta Fore.
"Il est essentiel que toutes, y compris les plus âgées, puissent reprendre leur éducation sans plus de retard, et que les enseignantes puissent elles aussi continuer à enseigner", a insisté l'UNICEF dans un communiqué, rappelant les "progrès considérables dans le pays au cours des deux dernières décennies".
En l'espace de 20 ans, le nombre d'écoles a triplé et celui d'enfants scolarisés est passé d'un million à 9,5 millions, selon l'agence onusienne.
Prévention du vice
Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont tenté de rassurer la communauté internationale en assurant entre autres que les droits des femmes seraient respectés. Mais ces affirmations ont été fragilisées ces dernières semaines par plusieurs décisions prises par le nouvel exécutif afghan.
Les femmes conservent certes le droit d'étudier à l'université, mais elles devront pour cela porter une abaya ainsi qu'un hijab et les cours se feront dans la mesure du possible en non-mixité.
Aucune femme ne figure par ailleurs au sein du nouvel exécutif provisoire présenté début septembre.
Quant au ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, craint pour son fondamentalisme durant le premier épisode taliban, il semble désormais occuper les locaux de l'ancien ministère des Affaires féminines.
L'aéroport de Kaboul le 30 août 2021, au dernier jour de la présence américaine en Afghanistan. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un mois après la prise de Kaboul par les talibans, les répliques des évacuations chaotiques qui avaient suivi l'arrivée du mouvement islamiste continuent de se faire sentir.
À Washington, l'armée américaine a reconnu vendredi 17 septembre avoir tué dix civils afghans innocents dans une bavure "tragique" en frappant par erreur un véhicule qu'elle croyait rempli d'explosifs.
Le lendemain de cette frappe, menée le 29 août, la famille du conducteur du véhicule, Ezmarai Ahmadi, avait affirmé qu'il était employé par une ONG et que dix personnes, dont une majorité d'enfants, avaient été tuées.
Plus de 71.000 civils afghans et pakistanais ont été tués durant les 20 ans de la guerre en Afghanistan.
Démissions néerlandaises
Aux Pays-Bas, c'est la ministre néerlandaise de la Défense, Ank Bijleveld, qui a annoncé sa démission après la gestion chaotique de l'évacuation d'Afghanistan, emboîtant le pas à la cheffe de la diplomatie de son pays Sigrid Kaag.
Cette démission intervient au lendemain d'une motion déposée par des députés critiquant le gouvernement pour avoir entre autres échoué à évacuer certains Afghans.
Sur le plan diplomatique, le président russe Vladimir Poutine a souhaité que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), menée par Moscou et Pékin, s'impose comme un partenaire des talibans afin qu'ils tiennent leurs promesses de lutte contre le "terrorisme".
En déplacement au Pakistan vendredi 17 septembre, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a une nouvelle fois appelé la communauté internationale à agir, mettant en garde contre une crise des réfugiés.
L'Afghanistan sera au centre de multiples discussions lors de l'Assemblée générale de l'ONU la semaine prochaine. La question de savoir qui parlera au nom de Kaboul n'est pas encore tranchée.