Climat : Donald Trump, seul contre tous, fait durer le suspense

Donald Trump, qui s'est donné jusqu'à la semaine prochaine pour sa "décision finale" sur le maintien ou non des États-Unis dans l'accord de Paris, apparaît plus isolé que jamais dans la lutte contre le réchauffement, soulignent experts et ONG.

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Donald Trump et son épouse Melania, le 27 mai à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je prendrai ma décision finale sur l'accord de Paris la semaine prochaine !", a tweeté le président américain avant de quitter samedi 27 mai Taormina (Sicile) après le G7.

Sans lever davantage le voile sur ses intentions au terme de deux jours de discussions avec ses homologues, qui ont tenté de le convaincre des implications du réchauffement sur la sécurité et sur l'économie mondiales.

"Nous avons une situation à six contre un, ce qui signifie qu'il n'y a encore aucun signe quant à savoir si les États-Unis resteront ou non dans l'accord de Paris", a regretté la chancelière allemande Angela Merkel.

Le ministre français en charge du climat, Nicolas Hulot, a mis en garde, dans le quotidien Le Parisien, contre une défection américaine, qui serait un "contre-sens tragique de l'histoire".

Dans ce climat d'incertitude, experts et ONG se réjouissent néanmoins de l'unité affichée par les autres membres du G7 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Japon), qui ont tenu tête aux Américains et obtenu que leur désaccord avec eux figure dans le communiqué final.

Ils y "réaffirment leur solide engagement pour mettre en œuvre rapidement l'accord de Paris", ce qui implique une baisse drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050 et donc un abandon progressif des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz).

Au contraire du Protocole de Kyoto (1997), l'accord conclu à Paris sous l'égide de l'ONU ne fixe pas d'objectif contraignant par pays, les engagements nationaux reposant sur une base volontaire.

"L'Europe, le Canada et le Japon ont pris position ensemble, révélant de nouveau à quel point Donald Trump est déconnecté du reste du monde sur le changement climatique", a estimé Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace international. "Le G7 a confirmé que la transition vers les énergies propres ne peut pas être arrêtée".

"Donald Trump est clairement isolé et n'est pas en position de bloquer le processus", veut aussi croire Tom Burke, président du think tank britannique E3G.

Environ 9,8 millions d'emplois

"Plus que l'indécision américaine, l'important c'est que l'alliance de toutes les autres grandes économies s'est encore renforcée (...) notamment sur le terrain en investissant dans des infrastructures propres", a commenté Laurence Tubiana, directrice générale de la European climate foundation.

Selon un rapport de l'Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) cette semaine, le nombre de personnes employées dans ce secteur est passé de 7 millions en 2012 à 9,8 millions en 2016. D'ici 2030, ce chiffre pourrait atteindre 24 millions, "compensant les pertes d'emplois dans le secteur des combustibles fossiles".

Si cet argument économique ne convainc pas Donald Trump, qui a promis de relancer l'industrie déclinante du charbon aux États-Unis, il pourrait faire jouer l'Article 28 de l'Accord de Paris.

Cette disposition permet aux signataires d'en sortir, mais seulement trois ans après son entrée en vigueur, effective le 4 novembre 2016.

"D'un point de vue légal, ça prendra du temps mais d'un point de vue pragmatique, c'est immédiat : une fois qu'un chef d'État a annoncé qu'il se retirait, c'est terminé", a toutefois déclaré cette semaine Todd Stern, l'ex-négociateur climat américain, au quotidien français Libération.

"Le pays en question ne participe plus à la moindre réunion, n'envoie même plus de délégués dans les sommets de la Convention climat", prédit-il.

Début mai à Bonn (Allemagne), aux négociations intermédiaires entre deux COP, la délégation américaine avait été très fortement réduite.

Donald Trump peut aussi choisir de rester dans l'accord, tout en révisant à la baisse les objectifs américains d'émissions de gaz à effet de serre. Son prédécesseur Barack Obama s'était engagé à ce que les États-Unis réduisent leurs émissions de 26 à 28% d'ici 2025 par rapport à 2005.

"Il s'agit de deux mauvaises options et l'une d'elles (la deuxième) est moins mauvaise que l'autre", estime Todd Stern, qui exclut toute possibilité de renégociation de l'accord.

Aujourd'hui, 147 pays - seule la Russie manquant à l'appel parmi les grandes puissances - ont ratifié l'accord de Paris, entériné fin 2015 par 196 parties, dont l'Union européenne.

AFP/VNA/CVN

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