>>Plusieurs activités reproduisant le Têt traditionnel de la Cour royale de Huê
>>Hanoï se prépare au Têt du Rat
Le marché Gò se situe sur une élévation de terrain, au pied de la montagne Truong Úc, dans la province de Binh Dinh (Centre).
Tôt le matin du Jour de l’An, il débute avec les premiers vendeurs de feuilles de bétel et de noix d’arec, de sel, d’objets symboliques censés apporter chance et bonheur, de fruits et légumes, de produits de la mer – de spécialités locales.
Acheter des feuilles de bétel et des noix d’arec au marché Gò est une coutume bien ancrée, transmise de génération en génération. Les acheteurs considèrent que cela leur portera chance au cours de l’année qui débute, de même que l’achat de sel.
De nombreux habitants locaux s’y procurent des produits frais comme des crevettes, ou du poisson… afin de préparer les mets qui seront déposés sur l’autel des ancêtres.
L’un des caractères intéressants du marché Gò, c’est que les commerçants vendent leurs produits à des prix très abordables. Les acheteurs, d’ailleurs, ne marchandent pas. Le principal est de s’échanger des vœux de bonne année dans une ambiance conviviale. Tout le monde y trouve son compte.
Lê Thi Diêp vend depuis une soixantaine d’années des feuilles de bétel et des noix d’arec sur ce marché. Depuis quelques années, elle est accompagnée de sa petite-fille. Les deux vendeuses travaillent sans cesse. “Les gens veulent acheter des feuilles de bétel et des noix d’arec, tout comme s’attirer la chance et la longévité de la vieille dame”, informe un villageois.
Des jeux d’échecs à pions humains. |
Photo : CTV/CVN |
Il y a aussi ceux qui viennent au marché non pas pour acheter mais pour jouir de l’ambiance, et notamment des démonstrations d’arts martiaux, car Binh Dinh en est l’un des berceaux.
Des représentations d’arts traditionnels comme le hát bôi (chant classique interprété avec une gestuelle complexe) et le bài chòi (art combinant chant populaire et jeu de cartes) figurent aussi au programme, à côté des jeux d’échecs à pions humains.
Les enfants fréquentent assidûment les stands de tò he (figurines en pâte de riz gluant colorées), d’animaux en papier et en terre cuite et, bien sûr, les stands de confiseries.
Les couleurs vives des bannières, des lanternes, des fleurs, des nouveaux habits..., les sons des scènes de hát bôi, les sourires des enfants, les salutations et vœux échangés font le charme de ce marché. La fête printanière y bat son plein.
Une histoire vieille de plus de 200 ans
Le marché Gò existe depuis des centaines d’années. Son histoire prend son origine à l’époque où le Héros national Quang Trung (alias Nguyên Huê) vainquit, vers la fin du XVIIIe siècle, le seigneur Nguyên Ánh.
Au moment du rassemblement des troupes sur la montagne Truong Úc, à côté de la rivière Hà Thanh (hameau de Phong Thanh aujourd’hui), le roi Quang Trung (1753-1792) écouta les confidences de ses soldats, tristes d’être loin de leur famille pendant le Nouvel An lunaire. Le souverain constata également la tristesse des jeunes femmes ou des mères âgées attendant le retour d’un mari ou d’un fils. Comprenant les sentiments de ses soldats et de leurs proches, il ordonna cette année-là l’organisation d’une fête printanière afin de faciliter la rencontre entre les soldats et leurs proches. De nombreux locaux y participèrent et offrirent des spécialités locales aux soldats.
Depuis, à la mémoire des mérites du roi Quang Trung et pour perpétuer cette fête initiée par lui-même, les villageois de Phong Thanh organisent le marché Gò.
À partir du 23e jour du 12e mois lunaire, au pied de la montagne Truong Úc, se tient la cérémonie d’érection du cây nêu (perche rituelle du Têt). Faits de tiges de bambou, ce dernier est décoré de bannières roses, de maximes rouges, de lanternes de couleurs vives. Tant de symboles du Nouvel An qui poussent les gens à participer aux festivités.
Le marché Gò, fête traditionnelle et patrimoine culturel du bourg de Tuy Phuoc, a été classé dans le Livre Guinness du Vietnam parmi les "100 marchés et foires les plus originaux du pays".
Hoàng Hoa/CVN