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Une artisane de Cao Lan fait le tissage des brocatelles. |
Autrefois, le tissage des brocatelles était une activité d’autant plus importante que les costumes étaient un baromètre de richesse. Aujourd’hui encore, de nombreuses Cao Lan continuent de tisser et de confectionner leurs propres vêtements.
Il y a bien des années, tous les ménages Cao Lan plantaient du riz, du coton et du jute, ces deux dernières plantes étant destinées au tissage des brocatelles et des vêtements. Dès l’âge de 5-6 ans, les fillettes Cao Lan apprenaient de leurs grand-mères et de leurs mères les procédés de tissage et de broderie, comme le raconte Trac Thi Ngon, une artisane émérite.
"Auparavant, je devais aller dans la forêt récolter du coton, en retirer les fibres et les teindre en indigo", dit-elle. "Si on était seule, il ne fallait pas moins de deux ans pour tisser un habit".
Le métier à tisser des Cao Lan est fait d’un bois léger, ce qui permet aux tisseuses de le déplacer facilement. En ce qui concerne les procédés, les plus ardus consistent à filer les fibres de coton et à installer les fils obtenus sur le métier à tisser. Ce travail exige en effet une très grande minutie, comme nous le dit Trac Thi Ngon.
"Vieille que je suis, ça me prend facilement cinq jours pour tisser 12m2 !... Pour les jeunes qui ont encore de bons yeux, trois jours suffisent…", s’amuse-t-elle.
"Pendant le tissage, il faut veiller à garder le dos toujours droit, au risque de compromettre la tension du tissu. Et si le tissu n’est pas suffisamment tendu, le tissage sera mal fait."
Les tisseuses Cao Lan conservent leurs métiers à tisser traditionnel, ce qui ne les a pas empêchées d’inventer de nouvelles combinaisons de couleurs. |
Photo: VTR/CVN |
Les trois couleurs principales des habits Cao Lan sont l’indigo, le brun et le noir. Tous les motifs sont brodés à la main, selon une technique qui est jalousement préservée et transmise aux générations suivantes, comme nous l’assure Nguyên Thi Mai Thanh, la conservatrice du musée de la province de Bac Giang.
"Les motifs récurrents sont le fruit du canarium, l’anis étoilé, le banian et le pigeon. Les Cao Lan comptent d’excellentes brodeuses qui font des choses magnifiques", constate-t-elle.
Modernisation oblige, elles ne cultivent plus le coton et ne filent plus les fibres, les fils industriels qui sont très disponibles sur le marché ont grandement facilité leur travail.
Néanmoins, à Khe Nghè, des dizaines de métiers à tisser continuent à fonctionner, au service des villageois mais aussi pour répondre à des commandes venues de l’extérieur.
VOV/VNA/CVN