Travailler est pour beaucoup de personnes handicapées un rêve. Mais concernant la probabilité d’être embauché, la plupart affirment que leurs chances de succès ne sont pas si élevées que cela. Pour ces gens, avoir un emploi stable accompagné d’avantages sociaux comme n’importe quel autre travailleur reste illusoire. Leurs emplois se cantonnent bien trop souvent à être vendeurs de billets de loterie, colporteurs ou encore employés saisonniers. En bref, des emplois précaires et peu rémunérateurs.
Des recruteurs sans pitié
Hoang Xuan Binh, 26 ans, habite l’arrondissement Binh Thanh. Handicapée suite à un accident de la circulation, elle confie : «Pour ne pas vouloir dépendre de ma famille, j’ai envoyé mon +curriculum vitae+ à plusieurs entreprises. Lorsqu’elles se sont rendues compte de mon état, elles m’ont toutes refusée sans ménagement, alors que j’étais prête même à toucher un salaire modeste».
Les handicapés du Club DRD débattent de la question du marché du travail. |
Selon les statistiques du Service du travail, des invalides et des affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville (STIAS), la ville recense actuellement environ 15.000 handicapés en âge de travailler. Sur ce total, 40% ont obtenu un emploi. Et parmi eux, seuls 20% ont un emploi stable.
Cette situation s’explique par le fait que toutes les entreprises n’ont pas les conditions professionnelles adaptées à la situation des travailleurs handicapés. D’ailleurs, la productivité des handicapés est faible et leur revenu moyen stagne autour de 2,5 à 3 millions de dongs par mois. Ces revenus ne permettent pas d’avoir la motivation pour occuper un poste à long terme.
Selon Trân Anh Tuân, vice-directeur du Centre de prévision des besoins en personnel et des informations sur le marché du travail de Hô Chi Minh-Ville, les prévisions en termes de personnel pour la période 2016-2020 indiquent la création de quelque 270.000 emplois dont 130.000 nouveaux postes dans les technologies de l'information, l’électricité, l’électronique, la comptabilité, le textile-habillement et l’artisanat.
«Les opportunités de trouver un emploi pour un handicapé à moyen terme sont plutôt importantes. Cependant, à l’heure actuelle, la formation professionnelle et les offres d'emploi pour les handicapés restent limitées. Le niveau d'éducation des handicapés est inférieur à la moyenne des autres employés, avec pour effet d’entraîner des situations d’échec en termes de concurrence professionnelle», précise Trân Anh Tuân.
Selon les experts, de nombreux organismes et entreprises souhaitent ne pas embaucher de personnes en situation de handicap. Par ailleurs, certains handicapés, pourtant qualifiés, manquent totalement de confiance en eux dans la recherche d’un emploi.
Mobiliser la communauté
Dans l'atelier de la compagnie d’imprimerie par actions pour tampons et enveloppes Hoang Ha (zone industrielle de Tan Binh), cinq salariés «privilégiés» travaillent depuis deux mois. Ils sont handicapés et doivent se déplacer en fauteuil roulant.
Nguyên Thi Dung, président du syndicat de cette entreprise, indiqué que sa compagnie vient de construire un nouvel atelier pour assurer de l’emploi et augmenter le revenu des travailleurs. Parallèlement, elle réalise ses objectifs en termes de responsabilité sociale incluant le recrutement de travailleurs handicapés. Elle a d’ailleurs aménagé ses toilettes ainsi que l’entrée des ateliers.
«Avec les aides de ma compagnie, mes collègues moi nous efforçons de bien travailler parce que c’est très précieux pour nous. En plus, nous devons également prouver nos capacités», partage Ngô Tiên Huu, 29 ans, qui bénéficie des mêmes avantages que les autres travailleurs valides.
Selon Lê Chu Giang, le STIAS exige des efforts des deux côtés : à la fois de la société mais aussi des handicapés, pour les aider à trouver un emploi stable. Il faut que ces personnes apprennent, acquièrent des compétences professionnelles, des savoir-faire et des compétences d’intégration. Les entreprises doivent se sentir responsables envers ces personnes.
Pour résoudre la question de l’emploi des handicapés, Trân Anh Tuân a souligné la nécessité de bénéficier d’aides communautaires. Tout d'abord, il est impératif d’établir des politiques pour encourager les organismes et les entreprises à soutenir les handicapés dans la direction professionnelle, l'apprentissage et la création d’emploi. L'État et divers organismes doivent également mettre à disposition des outils pour aider les personnes en situation de handicap à se déplacer (billets de bus gratuits) et à avoir accès à l'emploi. Et de conclure : «L’organisation de foires à l’emploi dédiées aux handicapés serait une activité pertinente».