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Le litre de gazole valait 2,1407 euros en moyenne, soit une hausse d'environ 40 centimes en deux semaines. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les prix des carburants ont grimpé pendant des semaines, volant de record en record dans le sillage des prix du pétrole brut, et dépassant les deux euros en moyenne la semaine dernière : du jamais vu.
Le litre de gazole valait 2,1407 euros en moyenne, soit une hausse d'environ 40 centimes en deux semaines, selon les derniers chiffres officiels hebdomadaires arrêtés à vendredi 11 mars.
Les prix ont augmenté dans le sillage des cours du pétrole, en hausse avec la reprise économique mondiale, l'offre toujours limitée des grands pays producteurs et dernièrement les incertitudes liées à la crise en Ukraine. À cela s'ajoutent d'autres facteurs, comme le taux de change euro/dollar (le pétrole se négociant dans la monnaie américaine).
Le gazole a encore plus grimpé que les autres carburants car la Russie est un gros producteur de ce produit dont la France est particulièrement friande. Même si le secteur énergétique n'est pas sous sanctions en Europe, le secteur pétrolier a déjà cherché des alternatives aux produits russes.
"Le marché est déjà en train de se réorganiser et notamment de délaisser le gazole russe, d'où les augmentations considérables", expliquait la semaine dernière Olivier Gantois, président de l’Ufip Energies et mobilités (ex-Union française des industries pétrolières).
Un reflux cette semaine
Mais après cette envolée jusqu'à la semaine dernière, les professionnels observaient une baisse importante lundi 14 mars, dans un contexte de grande volatilité.
"Nous avons bien une baisse de 8 à 10 centimes sur le sans plomb et 30 à 32 centimes sur le gazole aux pompes ce lundi", dit Francis Pousse, président national distributeurs carburants et énergies nouvelles chez Mobilians (ex-CNPA), qui représente 5.800 stations-services.
Les cours du pétrole ont en effet reculé dans la deuxième partie de la semaine dernière, une tendance qui s'est accélérée ce lundi 14 mars sur fond de relatif optimisme sur un possible débouché des pourparlers russo-ukrainiens.
"L'ensemble des stations-service traditionnelles a bien joué le jeu dès jeudi dernier: chez nous la baisse a été effective chaque jour en fonction du rythme d'approvisionnement", a observé Francis Pousse.
Une aide de 15 centimes en avril
Jean Castex a annoncé samedi une "remise à la pompe de 15 centimes par litre" pour tous les carburants, à partir du 1er avril et pendant quatre mois.
Cette mesure, qui coûtera environ deux milliards d'euros à l'État, concerne particuliers et entreprises, a précisé le Premier ministre dans une interview au Parisien.
Graphique montrant l'évolution du prix de vente du gazole, du Sans plomb 95 et du Sans plomb 98 en France de janvier 2016 au 11 mars 2022. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Concrètement, le prix affiché dans les stations et sur les pompes n'inclura pas cette remise : ce sera aux distributeurs, d'appliquer à la caisse la remise, qui atteindra donc 7,50 euros pour un 50 litres de carburant. L'État remboursera ensuite les distributeurs.
Par ailleurs, le gouvernement prépare des mesures ciblées pour aider les "gros rouleurs" à payer leur essence dès cet été.
"Le but c'est que d'ici le 31 juillet, on ait mis en place une mesure qui touchera ceux qui sont les plus dépendants, les gros rouleurs", a précisé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.
Un coup de pouce des distributeurs ?
Jean Castex a aussi appelé distributeurs et groupes pétroliers à faire eux-mêmes "un geste complémentaire", donnant l'exemple d'une ristourne de cinq centimes qui pourrait être consentie.
"On est en train de discuter avec eux pour voir quels efforts ils peuvent faire", a ajouté Mme Pompili lundi 14 mars.
Mais les professionnels, à commencer par l'Ufip Energies et mobilités, assurent que les distributeurs n'engrangent que de l'ordre d'un centime de profit par litre.
"C'est un produit d'appel sur lequel on ne fait pas de marge, ou une marge infime, de l'ordre d"un centime, 1,5 centime", confirme le porte-parole de Système U, Thierry Desouches. "Cinq centimes, on n'est pas capable de les sortir".
Côté grande distribution, on rappelle que des enseignes font déjà des opérations de vente du carburant "à prix coûtant".