Cannes : Elvis dans un manège infernal

Son manager vient de la fête foraine et la carrière du chanteur fut un grand huit, avec sommets et abysses : Elvis, biopic porté par la révélation Austin Butler, dans le rôle-titre, et Tom Hanks, a été présenté mercredi 25 mai au Festival de Cannes.

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(de gauche à droite) : les acteurs américains Tom Hanks, Austin Butler et le réalisateur australien Baz Luhrmann, avant la projection du film Elvis, le 25 mai au Festival de Cannes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Comme dans un parc d'attractions, le spectateur ne voit pas passer les 2h39 du long-métrage de l'Australien Baz Luhrmann (Moulin Rouge). Le montage échevelé et l'explosion de couleurs, signatures du cinéaste, désarçonnent dans les premières scènes. Avant que le rythme au pas de charge ne fasse sens. Le show-biz est une lessiveuse et l'interprète de Love Me Tender a fini essoré, décédé à 42 ans en 1977.

L'Américain Austin Butler, 30 ans, relève avec brio le défi d'incarner le King pendant deux décennies. Avec une sacrée performance : c'est sa voix qu'on entend dans les séquences où Presley chante. Le Californien, également mannequin, apparu dans des séries Disney ou encore au cinéma dans Once Upon a Time... In Hollywood de Quentin Tarantino, est bluffant dans la reproduction des concerts en 1970 dans un palace de Las Vegas.

Il suffit de comparer avec Elvis : That's The Way It Is, documentaire réalisé cette année-là par l'Américain Denis Sanders. Presley a alors 35 ans et c'est déjà une énième relance de sa carrière, réussie cette fois. Il n'a plus que sept années à vivre mais tient encore la forme, loin du surpoids final, visage bouffi sous l'effet de l'alcool et des médicaments.

Manager manipulateur

Car la trajectoire fulgurante du musicien du Mississippi n'a rien eu de linéaire, ce que retrace bien le biopic (sortie 24 juin aux USA, deux jours avant en France), seconde superproduction à Cannes hors compétition après Top Gun : Maverick avec Tom Cruise.

L'acteur américain Austin Butler sur le tapis rouge avant la projection du film Elvis de Baz Luhrmann, le 25 mai au Festival de Cannes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le début a tout du conte de fées quand le Colonel Parker, manager venu du cirque et qui gère des stars de la country, repère ce gamin "blanc qui chante comme un Noir", comme le restitue le film. L'impresario mise sur ce showman né qui met en transe les spectatrices, bien avant les Beatles ou les Rolling Stones.

Tom Hanks, grimé, vieillissant sa voix, lestée artificiellement de la silhouette pachydermique du Colonel Parker, livre une prestation dont les Américains raffolent. Il excelle en manipulateur pour qui "show must go on" et les caisses doivent se remplir. Qui offrira le meilleur et le pire à son poulain.

Austin Butler brille en jeune Elvis aux premiers succès, hérissant par ses déhanchements l'Amérique puritaine des années 1950. Et qui voit rapidement ses illusions fracassées par une industrie musicale cynique.

Des épisodes méconnus du grand public sont bien exploités dans le biopic. Forcé à chanter avec un chien dans un show télé, mauvaise idée de Parker, Elvis lui rend la monnaie de sa pièce en se produisant tout de cuir noir vêtu pour un show TV de Nöel, loin des pulls à bonhomme de neige. Le film n'est pas exempt de défauts - scènes ampoulées d'Elvis enfant découvrant la musique noire américaine - mais ne cache rien d'une vie dans le tourbillon sexe, drogue et rock'n'roll.

Du côté de la compétition, Saeed Roustaee (La loi de Téhéran) a présenté son nouveau film Les frères de Leïla, sur une famille iranienne au bord de l'implosion. Dans la nuit, ce sera au tour de la Française Claire Denis de défendre Stars at noon.


AFP/VNA/CVN

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