>>Le changement climatique a dopé la vague de chaleur de l'Ouest américain et canadien
>>Au Canada, des dizaines de morts subites à Vancouver, en pleine canicule
Photo fournie par le service d'incendie de Colombie britannique, montrant deux colonnes de fumée s'élevant des incendies "Long Loch" et "Derrickson Lake", le 30 juin au Canada. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La vague de chaleur, qui a déclenché des alertes à la canicule dans des zones où habitent des millions de personnes, a fait près de 500 morts au Canada et au moins 16 aux États-Unis, mettant sous pression les services d'urgence, alors que la fraîcheur n'est pas attendue avant la semaine prochaine.
"Les températures enregistrées cette semaine sont sans précédent. Il y a eu des morts et le risque de feux de forêt est à un niveau dangereusement élevé", a déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau, en écho au président américain Joe Biden un peu plus tôt.
"Les gens souffrent, les enfants ne peuvent pas jouer dehors, les routes craquent", avait notamment relevé M. Biden en marge d'un entretien avec des gouverneurs démocrates et républicains, recensant 36 feux actuellement actifs dans les États de la côte pacifique.
Le Nord-Ouest des États-Unis, habitué à une météo tempérée et généralement humide, a enregistré des records ces derniers jours, avec un maximum de 46,1 degrés Celsius lundi 28 juin à Portland. La ville portuaire respirait un peu mieux mercredi 30 juin, la vague de chaleur se déplaçant lentement vers l'intérieur des terres.
De l'autre côté de la frontière, plusieurs incendies étaient également en cours au Canada mercredi 30 juin, dont un à proximité du village de Lytton, en Colombie britannique, à quelque 250 km au nord-est de Vancouver : c'est là qu'a été enregistré mardi 29 juin un nouveau record absolu de chaleur pour tout le pays, à 49,6 degrés Celsius.
Les 250 habitants ont dû évacuer car "tout le village est en feu. Il a fallu environ 15 mn entre l'apparition de la première fumée et le moment où le feu avait pris partout", a décrit le maire de Lytton, Jan Polderman, à la télévision CBC News. Des images vidéo montraient le feu ravageant les collines entourant le village, que les habitants quittaient sous des nuages de fumée.
Les habitants de 241 autres habitations de la région ont également fui les flammes.
"La canicule historique continue de pulvériser des records" et devrait durer jusqu'à la fin de la semaine, écrivaient les services météorologiques canadiens, dressant une longue liste de températures jamais vues au Canada, qui battent parfois des records établis au XIXe siècle.
"Insupportable"
L'affolement des thermomètres a fait des victimes. Au moins 486 personnes sont décédées subitement depuis vendredi en Colombie britannique, soit environ trois fois plus que la moyenne sur une telle période, selon les autorités.
Une personne se rafraîchit dans une fontaine lors d'une vague de chaleur, le 30 juin à Baltimore, dans le Maryland. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Même s'il est trop tôt pour dire avec certitude combien de ces décès sont liés à la chaleur, il est probable que cet important excès de mortalité est attribuable à la météo extrême", a déclaré Lisa Lapointe, responsable médico-légale de cet État canadien, redoutant une aggravation du bilan.
"C'est insupportable, c'est impossible de rester dehors", commentait Rosa, une habitante de la métropole de Vancouver, habituée à des températures tempérées. "J'espère que ça ne recommencera jamais, c'est trop".
Dans la ville américaine voisine de Seattle, les médecins urgentistes ont également noté un afflux de personnes touchées par la chaleur, présentant notamment des problèmes aux reins ou au cœur. Au moins 16 personnes sont mortes d'hyperthermie dans la région, selon les autorités locales.
Les autorités des deux pays ont appelé la population à minimiser ses sorties, à boire beaucoup et à prendre des nouvelles des personnes seules et âgées, mettant sur pied des "centres de rafraîchissement", dotés d'air climatisé et de brumisateurs.
Dans la région de Vancouver, des écoles ont été fermées et les campagnes de vaccination contre le COVID-19 suspendues. Les climatiseurs et ventilateurs sont en rupture de stock.
"La durée de cette canicule est inquiétante car il y a peu de répit la nuit", a souligné le ministre canadien de l'Environnement.
"Dôme de chaleur"
"On voit de plus en plus ce type de phénomènes météorologiques extrêmes ces dernières années. Donc il faut être réaliste, nous savons que cette vague de chaleur ne sera pas la dernière", a estimé Justin Trudeau.
Ces températures s'expliquent par un phénomène appelé "dôme de chaleur" : de hautes pressions emprisonnent l'air chaud dans la région. Son intensité est toutefois exceptionnelle.
"Le réchauffement climatique est à l'origine de la combinaison dangereuse entre la chaleur extrême et la sécheresse prolongée", a dit Joe Biden, soulignant, à l'adresse de ses adversaires républicains climato-sceptiques, que ce ne devrait pas être un "débat partisan".
Le travail des pompiers "n'est plus saisonnier", ils font face à des sinistres toute l'année, a-t-il ajouté, en annonçant des revalorisations de leurs salaires.
Environ 9.000 soldats du feu sont actuellement déployés dans l'Ouest américain, notamment pour lutter contre la progression du "Lava Fire", à la lisière de l'Oregon et de la Californie, qui a déjà consumé plus de 7.000 hectares et n'était contenu qu'à 19% mercredi 30 juin à la mi-journée.
"Les jours chauds sont toujours plus chauds, les jours secs toujours plus secs: la réalité du réchauffement climatique est face à nous", a commenté le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom.
AFP/VNA/CVN