Brésil : la flamme olympique arrive, Rousseff s'apprête à partir

La flamme olympique arrive à Brasilia le 3 mai, première étape d'un parcours dans tout le Brésil jusqu'aux JO de Rio en août, un acte symbolique dans la capitale qui pourrait être le dernier de Dilma Rousseff en tant que présidente.

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Le patron des Jeux de Rio, Carlos Nuzman (droite), reçoit la flamme olympique des mains de Spyros Kapralos, chef du Comité olympique grec, le 27 avril à Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Durant trois mois, la célèbre torche passera par des rituels indigènes, voguera à bord d'un canoë, fera du cheval, sera suspendue à un hélicoptère ou plus simplement portée par l'un des 12.000 relayeurs, jusqu'à son arrivée le 5 août dans le mythique stade Maracana de Rio, ouvrant les premiers JO en terre sud-américaine.

Allumée en avril sur le site antique grec d'Olympie, la flamme sera remise à Mme Rousseff au siège de la présidence, où elle s'est installée en 2011 après sa première élection.

Elle devra le quitter en début de semaine prochaine si le Sénat vote à la majorité simple sa mise à l'écart en ouvrant son procès pour "crime de responsabilité", dans le cadre de la procédure en destitution lancée contre elle.

Si les sénateurs votent dans ce sens, ce qui est vraisemblable selon les comptages de la presse brésilienne, elle sera mise à l'écart pendant un maximum de 180 jours et ne recevra plus que la moitié de son traitement. Elle pourra toutefois continuer à loger dans la résidence présidentielle.

À l'issue de son procès devant les sénateurs, un vote aux deux tiers sera requis pour la destituer.

Trêve olympique ?

En cas de mise à l'écart provisoire et/ou définitive, elle serait remplacée par son vice-président, Michel Temer, leader du premier parti du pays, le PMDB (centre), qui faisait partie jusqu'en mars de la coalition gouvernementale. Mme Rousseff l'a traité de "traître" et le considère comme le maître d'œuvre du "coup d'État" parlementaire dont elle se dit la victime.

Cette ex-guérillera de 68 ans, qui fait face à une dynamique politique puissante (une majorité écrasante de députés avaient avalisé le processus de destitution) et à une impopularité personnelle record, a prévenu qu'elle se battrait jusqu'au bout.

Mais elle semble empêtrée dans une ambiance de fin de règne et a, selon le quotidien Folha de Sao Paulo, "donné l'ordre de vider ses tiroirs".

Cette crise politique "n'affecte en rien la préparation des Jeux", assurait toutefois le ministre des Sports Ricardo Leyser, "car notre plan de prévisions et d'exécution a été très bon".

La présidente brésilienne Dilma Rousseff salue la foule lors des manifestations du 1er mai, à Sao Paulo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans l'Antiquité, l'arrivée de la flamme annonçait une trêve afin que les athlètes puissent se rendre au tournoi d'Olympie. Pas évident que cela se produise ainsi dans un Brésil également touché par le marasme économique, avec une récession sévère.

Et tandis que le processus d'"impeachment" saute les haies parlementaires, la chef de l'État joue son va-tout en lançant l'idée d'une élection présidentielle anticipée.

"Le soutien augmente au sein" du Parti des travailleurs au pouvoir (PT, gauche) pour un scrutin anticipé le 2 octobre quand se tiendront les municipales dans le pays, et "les sondages montrent que la population souhaite" cette solution, a déclaré le sénateur Paulo Paim (PT) au journal O Globo.

Plaies

Mme Rousseff réfléchirait à une démission assortie d'une réforme constitutionnelle convoquant de nouvelles élections. Cette initiative semble avoir peu de chances de trouver un écho favorable au Congrès, vu le faible soutien parlementaire de la présidente, mais pourrait lui servir à mettre la pression sur M. Temer.

Celui-ci ne pèse qu'1 à 2% des intentions de vote, selon un récent sondage. Mme Rousseff, elle, rappelle sans cesse qu'elle a recueilli 54 millions de suffrages, et accuse son vice-président d'utiliser l'arme de la destitution pour s'emparer du pouvoir sans passer par les urnes.

Mais si le Sénat baisse le pouce, il n'y aura plus de rendez-vous olympique pour elle. Elle serait alors "très triste", parce qu'elle a "déployé de grands efforts pour la tenue de ces Jeux", a-t-elle dit dernièrement sur CNN.

La crise économico-politique a totalement éclipsé la préparation des Jeux dans le pays. Les chantiers des sites olympiques à Rio sont quasiment achevés, mais ils ont coûté la vie à 11 ouvriers.

Une épidémie de zika, virus entraînant la malformation cérébrale de bébés quand il touche la mère enceinte, et des hausses de dengue, de H1N1 et de chikungunya, ont également assombri l'horizon olympique, même si le climat du mois d'août devrait limiter l'expansion de ces maladies.

La torche olympique arrive dans un pays fracturé et gagné par le doute.

AFP/VNA/CVN

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