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Des membres de l'école de samba Imperio Serrano lors du défilé du carnaval de Rio au Sambadrome Marques de Sapucai à Rio de Janeiro, le 19 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des millions de Brésiliens sont également scotchés devant leur télévision en pleine nuit pour assister à ce spectacle grandiose, qui a débuté par un immense char aux têtes de dragons saillantes, pour ouvrir le défilé de l'école de samba Imperio Serrano.
Les gueules des dragons dorés et verts s'ouvrent et se referment grâce à un ingénieux mécanisme, tandis que des danseurs en costumes dorés sont postés sur des estrades.
À l'arrière du char, à plusieurs mètres de haut, Saint Georges, patron de l'État de Rio de Janeiro, apparaît triomphant, une lance à la main, pour tuer les monstres.
"Je défile depuis que j'ai sept ans, mais à chaque fois que j'entre au sambodrome, c'est comme si c'était la première fois, j'ai envie de pleurer et ça me donne la chair de poule", dit Iaraci Santos, infirmière de 64 ans.
"Une joie encore plus grande"
Les écoles de samba, basées pour la plupart dans des favelas, représentent la fierté de tout un quartier. Elles se préparent toute l'année pour leur grand show qui ne peut en aucun cas dépasser 70 minutes, sous peine de retrait de points de la part de jurés impitoyables.
Lors du défilé du carnaval de Rio au Sambadrome Marques de Sapucai à Rio de Janeiro, le 19 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les 12 principales écoles (six défilent le dimanche, six autres le lundi) sont évaluées selon neuf critères très précis, parmi lesquels la qualité des chars, des costumes, le choix du thème ou la chorégraphie de la "comissao de frente", groupe de danseurs hors pair qui ouvrent le défilé.
"Je suis nerveux, je n'aurais jamais pensé que je pourrais défiler au sambodrome, c'est ma première fois. Quand on arrive ici et qu'on voit ces chars majestueux, on voit à quel point c'est impressionnant, ça donne des frissons", confie Gabriel Rodrigues, étudiant en économie, le visage peint en rouge et noir.
Chaque formation fait défiler près de 3.000 personnes sur l'avenue Marquês de Sapucai, une artère d'environ 700 mètres entourée des imposantes tribunes du sambodrome.
Après l'annulation de l'édition 2021 et le report de celle de l'an dernier au mois d'avril en raison du COVID, le millésime 2023 est celui du retour aux racines.
"On attend ça toute l'année, mais cette fois, ce sera une joie encore plus grande", assure Taiza Marques, 30 ans, policière municipale qui défile sur le char des dragons d'Imperio Serrano, avec pour seul costume un bikini doré orné de perles.
Samba sous Lula
L'an dernier, Grande Rio avait remporté le trophée tant convoité pour la première fois de son histoire avec un défilé contre l'intolérance religieuse.
Un membre de l'école de samba Imperio Serrano. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette école de Duque de Caxias, banlieue pauvre au nord de Rio, avait mis en lumière Exu, divinité afro-brésilienne souvent diabolisée par les églises néo-pentecôtistes, fervents soutiens de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Mais cette année, les vents de la politique ont tourné, avec le retour au pouvoir de l'icône de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a promis de redonner à la culture ses lettres de noblesse, après les nombreuses coupes budgétaires et les accusations de censure sous le gouvernement précédent.
La nouvelle ministre de la Culture, Margareth Menezes, va défiler avec la dernière école à s'élancer au sambodrome dans la nuit de dimanche à lundi (du 19 au 20 février), Mangueira. Ce défilé montrera la richesse du carnaval de Salvador de Bahia (Nord-Est), berceau de la culture afro-brésilienne.
Mocidade et Unidos da Tijuca vont elles aussi axer leurs défilés sur la culture des régions pauvres du Nord-Est, fief électoral de Lula.
Si la nuit de Rio est marquée par la féérie des défilés au sambodrome, les premières heures de la matinée sont elles rythmées par les cortèges musicaux des "blocos" qui animent les rues de la ville, certains attirant des centaines de milliers de personnes, pour une fête débridée où l'alcool coule à flots.
De quoi remplir les caisses des commerçants : la mairie table sur 4,5 milliards de réais (environ 800 millions d'euros) injectés dans l'économie locale, avec des hôtels remplis à 95%.
AFP/VNA/CVN