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Le Premier ministre de la République de Corée, Han Duck-soo (centre) en conférence de presse à Séoul après la bousculade mortelle du week-end, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La police savait "qu'une foule importante s'était réunie avant même que se produise l'accident, signalant un danger de manière urgente", a reconnu le chef de la police nationale Yoon Hee-keun.
Des appels d'urgence, passés plusieurs heures avant la catastrophe et dont l'agence de presse sud-coréenne News1 a publié des retranscriptions, alertaient déjà sur le nombre important de personnes présentes sur les lieux.
"Il y a trop de gens ici en train d'être poussés, piétinés, blessés. C'est chaotique. Vous devez contrôler ça", expliquait une personne à la police à 20h09 locales (11h09 GMT), près de deux heures avant la tragédie.
Le chef de la police nationale a jugé "insuffisante" la manière avec laquelle ces informations avaient été traitées.
"Je voudrais saisir l'occasion pour présenter mes excuses sincères au public pour cet accident, en tant que ministre chargé de la sécurité des personnes", a déclaré pour sa part le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min devant le Parlement, avant d'incliner la tête en signe de contrition devant les élus et les caméras.
Au moins 156 personnes, principalement des jeunes, ont été tuées, et des dizaines de personnes blessées, dans un mouvement de foule samedi soir lors de la première fête d'Halloween depuis la pandémie à Séoul, dans le quartier cosmopolite d'Itaewon.
Environ 100.000 personnes étaient attendues, mais en raison du caractère non officiel de l'événement, ni la police ni les autorités locales n'ont géré la foule de manière active.
La police a reconnu lundi 31 octobre n'avoir déployé que 137 agents à Itaewon samedi soir 29 octobre, tout en soulignant que ce chiffre était supérieur à ceux des fêtes de Halloween des années précédentes.
Pendant ce temps, 6.500 policiers étaient pourtant mobilisés pour une autre manifestation dans la capitale sud-coréenne à laquelle n'ont participé que 25.000 personnes, selon les médias locaux, dans un pays où les nombreuses et fréquentes manifestations sont souvent encadrées par un nombre d'agents supérieur à celui des participants.
Sur les lieux de la bousculade, à Séoul, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais dans le cas des festivités de Halloween à Itaewon, il n'existait pas d'organisateur désigné. Les fêtards se sont rassemblés pour assister à des événements différents dans des bars, clubs et restaurants.
Le maire de Séoul, Oh Se-hoon, a présenté des excuses publiques, affirmant, en larmes, se sentir "infiniment responsable de cet accident".
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a jugé mardi 1er novembre que son pays devait améliorer d'urgence son système de gestion des foules.
"La sécurité des personnes est importante", a-t-il dit. "Qu'il y ait ou non un organisateur à un événement", a-t-il estimé lors d'une réunion gouvernementale.
M. Yoon a appelé le pays à acquérir des "compétences numériques de pointe" pour améliorer sa gestion des foules.
Mais des observateurs ont affirmé que ces outils existent déjà et n'ont pas été employés à Itaewon.
La catastrophe pouvait être évitée
Des effets personnels de victimes de la bousculade de Halloween exposés dans un gymnase à Séoul à destination des proches, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La mairie de Séoul dispose d'un système de contrôle de la foule en temps réel qui utilise les données des téléphones portables pour prédire la taille de l'assistance à un événement, mais il n'a pas été utilisé samedi soir 29 octobre, selon les médias locaux.
Les autorités du district d'Itaewon n'ont pas non plus déployé de patrouilles de sécurité, les responsables ayant déclaré que l'événement d'Halloween était considéré comme "un phénomène" plutôt qu'un "festival", ce qui aurait nécessité un plan officiel de contrôle de la foule.
Cette nuit-là, des dizaines de milliers de personnes se sont engouffrées dans une ruelle.
Des témoins oculaires ont décrit comment des fêtards désorientés ont poussé et bousculé, écrasant les personnes coincées.
Selon les analystes, cette situation aurait pu être facilement évitée, même avec un petit nombre d'agents de police.
"Une gestion bonne et sûre de la foule n'est pas une question de ratio, mais de stratégie de la foule - pour une capacité, un flux et une densité sûrs" de l'affluence, a déclaré G. Keith Still, professeur de science des foules à l'université de Suffolk.
Pour l'expert sud-coréen Lee Young-ju, si la police se savait à court de personnel, elle aurait pu demander de l'aide aux autorités locales, voire aux habitants ou aux propriétaires de magasins.
"Ce ne sont pas seulement les chiffres", a déclaré ce professeur au département des incendies et des catastrophes de l'Université de Séoul.
"La question est de savoir comment ils se sont débrouillés avec ce nombre limité (de policiers) et quel type de mesures ils ont pris pour compenser" le manque d'effectifs, a-t-il estimé.
Dès le lendemain du drame, les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux contre la police, accusée d'avoir laissé un trop grand nombre de personnes se masser autour de la station de métro Itaewon et dans les ruelles où s'est produite la bousculade mortelle.
AFP/VNA/CVN