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Charles Caudrelier au large de Lorient le 31 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
C'est dans la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), où de nombreux records du monde d'apnée ont été battus, que les deux hommes se retrouvent sous un grand soleil d'avril pour s'exercer.
La veille, Charles Caudrelier, skipper du Maxi Edmond de Rothschild qui se prépare à prendre le départ de la Route du Rhum dimanche à Saint-Malo, est descendu pour la première fois de sa vie à 23 m.
"Je ne le sentais pas d'aller plus bas, y avait une barrière", note le favori de la célèbre course transatlantique en solitaire. Allongé sur le dos, Caudrelier se retourne et plonge à 25 m.
Arnaud Jerald, champion du monde d'apnée, tient la corde pour sentir sa progression. Plongée réussie. "Relâche bien la nuque et respire bien", lui rappelle Arnaud avant une nouvelle descente, cette fois à 27 m.
"C’est dingue, chaque mètre c’est beaucoup. T'es un peu stressé par la profondeur. La descente, c’est que du plaisir mais la remontée...", remarque Caudrelier, 48 ans.
Gestion du stress
Les deux hommes se sont rencontrés au début de l'année. Le vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2021, originaire de Fouesnant (Finistère), est passionné de pêche sous-marine depuis l'enfance.
Charles Caudrelier à bord du Gitana - Edmond De Rothschild au large de Lorient le 30 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le courant passe vite entre ces deux amoureux du Grand Bleu. "J'ai la même combinaison bleue que Jacques Mayol depuis mes 12 ans, c’était mon plus beau cadeau d'anniversaire. Je l'ai toujours, elle est nickel", explique fièrement Caudrelier.
Pour Jerald, qui a déjà travaillé avec des sportifs de haut-niveau comme le nageur Florent Manaudou et des skieurs alpins, "en apprenant à bien respirer dans les moments de stress ou quand on fait un énorme effort, on peut aller chercher davantage de lucidité".
Essentiel, dans un sport où la moindre erreur peut entraîner un chavirage catastrophique. "Arnaud a proposé de travailler sur le souffle, la concentration. J’y ai vu un intérêt pour moi. Le problème quand je navigue en solitaire, c'est que j'ai du mal à lâcher prise pour pouvoir me reposer. C'est pourtant essentiel", analyse-t-il.
Selon lui, la course en solitaire "se rapproche beaucoup de l'apnée": "À un moment, tu es seul face aux éléments, à toi-même, tes limites et il faut garder son sang-froid".
Le Gitana - Edmond De Rothschild de Charles Caudrelier au large de Lorient le 30 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jusqu'au départ de la Route du Rhum, Caudrelier a donc répété une série d'exercices de respiration conseillés par Arnaud Jerald pour améliorer sa récupération et sa gestion du stress.
À la barre
Fin août, c'était au tour de Jerald de monter sur l'Ultim de l'écurie Gitana pour une sortie au large de Lorient. L'apnéiste barre, mouline et actionne les winchs, ces treuils utilisés pour manoeuvrer les voiles.
"C'est un effort comparable à un sprint, le coeur monte très vite mais il faut potentiellement aller dormir juste derrière. Le but, c'est qu'il gère mieux la transition entre ces deux moments", relève l'apnéiste de 26 ans.
Pendant la navigation, l'équipage file à plus de 30 noeuds (55km/h) et le bateau décolle. "C'est une sensation de liberté que moi, je n'ai que quelques secondes en atteignant les profondeurs", apprécie Jerald, détenteur du record du monde en bi-palmes (120m).
Le Marseillais relève toutefois une différence de taille entre les deux pratiques. "Moi j'ai juste besoin de palmes et d'une combinaison. Là on est sur une machine bien plus complexe qui fait une bonne partie du boulot", note-t-il.
Ce que Caudrelier reconnaît volontiers : "Du coup, il a pu aller aussi vite que moi en barrant", s'amuse-t-il. "Moi si je pouvais rester aussi longtemps que lui sous l'eau j'aurais moins peur de tomber du bateau".
AFP/VNA/CVN