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Illustration de la capsule Starliner en orbite autour de la Terre, fournie par Boeing en 2015. |
Starliner aura pour seul passager, dans ce test déterminant à la fois pour la réputation de Boeing et pour la fierté nationale américaine, un mannequin baptisé Rosie en l'honneur de "Rosie la riveteuse", la jeune ouvrière au biceps gonflé symbole des femmes engagées dans l'effort de guerre.
La Nasa n'a plus de moyen de transport pour ses astronautes depuis qu'elle a remisé ses navettes spatiales en 2011 après trente ans de service. Elle dépend des fusées russes Soyouz pour les allers-retours avec la Station spatiale internationale (ISS), une dépendance dont Washington est pressé de s'émanciper, même si la coopération américano-russe dans l'espace est restée excellente au fil des années.
Sous la présidence de Barack Obama, l'agence spatiale a passé des contrats de milliards de dollars avec Boeing et SpaceX pour qu'elles développent des capsules "made in USA". Après deux ans de retard, le programme aboutit enfin, et l'homologation des véhicules ne dépend plus que des derniers tests non habités.
"Au début de l'année prochaine, nous lancerons des astronautes américains à bord de fusées américaines depuis le territoire américain pour la première fois depuis la fin des navettes spatiales en 2011", a une nouvelle fois déclaré l'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, jeudi au centre spatial Kennedy.
SpaceX a déjà passé l'étape que Boeing va tenter de franchir avec cette mission. En mars, la société d'Elon Musk a envoyé sa capsule Crew Dragon vers l'ISS et l'a fait revenir sur Terre sans problème, avec le mannequin Ripley à bord. Ces mannequins sont bourrés de capteurs pour vérifier que le voyage sera sûr pour les futurs équipages humains.
"Cela fait huit ans et demi, beaucoup trop longtemps selon moi", a témoigné l'astronaute de Boeing Chris Ferguson, qui commanda la dernière mission d'une navette américaine en juillet 2011 et sera dans Starliner pour son premier vol habité. "Mais nous voici sur le point de recommencer, avec non seulement une mais deux entreprises".
Ces développements sont distincts du programme Artémis de retour sur la Lune d'ici 2024, qui se fera avec une autre capsule adaptée à des voyages plus profonds dans l'espace, Orion, construite par Lockheed Martin.
Huit milliards d'USD
Une fusée Atlas V décollera peu avant l'aube, à 06h36 (11h36 GMT), de Cap Canaveral sur la côte atlantique de Floride d'où ont toujours été lancés les astronautes américains.
Starliner, fixée au sommet de la fusée, s'en séparera 15 minutes après le décollage et se placera en orbite. Environ 25 heures plus tard, elle s'amarrera automatiquement à la station spatiale, à 400 km d'altitude.
Le retour sur Terre, dans l'ouest des États-Unis, est prévu le 28 décembre.
Contrairement aux époques passées, la Nasa paiera les sociétés au service, au lieu d'être propriétaire des capsules, un changement de philosophie décidé sous Barack Obama et qui devait faire économiser de l'argent à l'agence.
Au total, la Nasa a engagé plus de 8 milliards de dollars dans les deux sociétés, qui devront assurer six voyages chacune de quatre astronautes jusqu'en 2024. Le prix de l'aller-retour sur Starliner reviendra à 90 millions par passager, selon un rapport de l'inspecteur général de la Nasa, contre 55 millions chez SpaceX et plus de 80 millions actuellement payés à la Russie.
Mais Jim Bridenstine et Boeing contestent ces chiffres, qui correspondent aux sommes totales payées par la Nasa à chaque société, divisées par le nombre de voyages futurs. Or SpaceX a bénéficié de milliards de dollars de contrats précédents pour développer la première version (cargo) de Dragon.
Le patron de la Nasa a au passage renouvelé sa confiance dans Boeing, englué dans la crise de son avion vedette 737 MAX. "Les gens qui développent le vaisseau spatial sont différents de ceux qui font les avions", a noté Jim Bridenstine.
AFP/VNA/CVN