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Un migrant dans une tente le 19 novembre dans le camp "Vucjak", près de Bihac, en Bosnie. |
Un constat a motivé cet appel : sur les 26 millions de réfugiés, disséminés principalement dans les pays pauvres, 90% de ceux qui vivent dans un camp n'ont pas accès à l'énergie ou l'électricité, avec tous les risques d'insécurité que cela engendre, notamment pour les femmes.
"Je vous invite à me rejoindre dans l'ambitieux +défi énergie propre+ (Clean energy challenge), pour que, d'ici 2030, tous les réfugiés et les communautés alentours aient accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne", a appelé mardi à Genève le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.
"Je ne pense pas que nous ayons le choix, vu la situation actuelle", a abondé mercredi auprès de quelques journalistes Andrew Harper, conseiller spécial sur l'action climatique au HCR, soulignant que les régions les plus touchées par le changement climatique sont aussi celles qui accueillent le plus de réfugiés.
Dans des régions comme le Sahel, où seuls 31% de la population ont accès à l'énergie, dit-il, "on voit des pays qui deviennent des zones de conflit potentielles".
L'accès à l'eau ou à l'énergie "ajoute de la tension, du stress social et, malheureusement, est souvent source de conflits", ajoute Andrew Harper.
La notion de réfugiés climatiques, qui n'est pas clairement définie en droit, allie souvent facteurs environnementaux et causes liées aux conflits ou encore à la pauvreté.
"L'énergie, synonyme de protection"
Même si l'appel a été lancé lors de ce Forum qui prend fin mercredi 18 décembre, des initiatives sont déjà en place pour améliorer l'accès à une énergie propre: installation de centrales solaires dans des camps en Jordanie, distribution de combustibles de cuisson non polluants au Niger...
"Les gouvernements qui accueillent des réfugiés comprennent la problématique. Ce sont les pays les plus polluants et qui contribuent le plus au réchauffement climatique qui n'agissent pas", déplore Andrew Harper. "Donc ils doivent agir maintenant et soutenir les gouvernements qui ont déjà tant fait pour protéger les plus vulnérables. Ou alors ils verront le nombre de personnes déplacées augmenter. C'est aussi simple que ça":
Mercredi 18 décembre, l'ONU recensait 24 pays engagés dans le "challenge".
Parmi eux la France, qui co-parraine avec la Norvège le groupe de travail sur l'énergie, pour porter le "verdissement des réponses humanitaires".
"Nous pensons que c'est une thématique prioritaire", a expliqué Charlotte Arnaud, qui représentait mercredi la diplomatie française lors d'une session du Forum mondial sur l'énergie. "Il est nécessaire d'adapter notre stratégie d'action pour avoir le moins d'impact possible sur l'environnement", a-t-elle ajouté.
Des migrants dans le camp de Vial, sur l'île grecque de Chios, le 10 décembre. Photo : AFP/VNA/CVN |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On a besoin de votre soutien", a lancé Mary Goretti Kimono, ministre ougandaise de l'Energie, lors de cet échange, expliquant qu'en Ouganda, qui compte 1,3 million de réfugiés, ces derniers "partagent leurs ressources avec les communautés locales, ce qui est parfois source de conflit".
Pour de nombreux réfugiés, "l'énergie, c'est synonyme de protection, de sécurité, et c'est pour trouver cette protection que nous quittons notre pays", a témoigné à Genève Joelle Hangi, une réfugiée qui a vécu dans le camp kényan de Kakuma. "Il nous faut de l'électricité !", a-t-elle imploré, insistant sur son importance "vitale", notamment pour les femmes.
Cette énergie doit être "durable et propre", a souligné de son côté Francesco La Camera, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie renouvelable (Irena), qui a signé mercredi 18 décembre un accord avec le HCR. "Cela ne fait aucun doute que c'est la solution la moins coûteuse et cela réduit la pollution due aux groupes électrogènes au gazole utilisés dans les camps", a-t-il ajouté.
La réponse, a repris Joelle Hangi, ne peut plus attendre : "La situation des réfugiés n'est pas temporaire. Cela fait des dizaines d'années qu'on vit dans des camps. Donc il faut trouver des situations durables".
AFP/VNA/CVN