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Edouard Philippe à Matignon le 19 décembre. |
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, le nouveau round de concertation n'a pas été vain. "Des avancées sont actées, des chantiers sont ouverts, des désaccords persistent mais nous avons la volonté de les surmonter", a-t-il déclaré à l'issue d'une table ronde de deux heures avec les leaders syndicaux et patronaux.
Il a ainsi promis une prise en compte "plus généreuse" de la pénibilité, en jouant sur les seuils du travail de nuit (110 nuits par an au lieu de 120 aujourd'hui) ou en "trois-huit" (30 nuits par an au lieu de 50).
Main tendue également sur la retraite progressive pour les fonctionnaires "à laquelle (il) souscrit totalement" et qui fera l'objet d'une concertation à part "dès le mois de janvier", de même que "l'aménagement des fins de carrière à l'hôpital".
Sur la pension minimum, d'autres "améliorations" sont envisagées : d'une part pour "aller au-delà" des 85% du Smic déjà promis à ceux qui auront travaillé "toute leur vie", d'autre part pour "offrir cette protection aux travailleurs précaires, dont le temps partiel est bien souvent subi".
Enfin, pour les régimes spéciaux, M. Philippe a évoqué un possible accord "dans les heures ou les jours qui viennent" à la SNCF afin de "favoriser la progressivité de la mise en oeuvre de la réforme", et affirmé que "le gouvernement en sera le garant".
Il a aussi énuméré les échanges en cours à la RATP, le secteur de l'énergie, et promis que "le futur système universel reconnaîtra les spécificités" des marins.
"Ça reste insuffisant"
Autant de "nouveaux droits" auxquels "personne ne croira si nous ne disons pas comment nous les finançons", a nuancé le Premier ministre, défendant la création d'un "âge d'équilibre" en plus de l'âge légal de départ en retraite, avec un "bonus-malus" pour inciter chacun à travailler plus longtemps.
Cependant, "il y a des marges de manoeuvre" pour parvenir à l'équilibre financier, a-t-il ajouté, laissant la porte ouverte à d'autre options permettant notamment "d'individualiser davantage les trajectoires de départ à la retraite" et "d'éviter le caractère aveugle" d'une borne d'âge uniforme.
Le patronat a accueilli ces propositions favorablement, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) se disant "ouvert à discuter des modalités de l'âge d'équilibre" et François Asselin (CPME) considérant que ce dispositif serait "une mesure plutôt de bon sens".
Mais pour les syndicats favorables à la réforme, le compte n'y est pas. La CFDT reste ainsi "fermement opposée à cet âge d'équilibre", a rappelé Laurent Berger, pour qui la "recherche de l'équilibre à court terme" est "un point dur".
"Ca reste insuffisant", a résumé Cyril Chabanier (CFTC), à qui "l'âge d'équilibre ne convient pas", d'autant plus qu'"il y a d'autres moyens d'y arriver", comme l'utilisation du Fonds de réserve des retraites.
"L'équilibre doit se travailler", a insisté Laurent Escure, regrettant que le gouvernement n'accepte "pas de nouveaux critères" de pénibilité. Le secrétaire général de l'Unsa a néanmoins indiqué que sa fédération cheminote avait décidé d'une "pause pour les vacances" après deux semaines de grève dans les transports.
Philippe Martinez (CGT), lui, a au contraire affirmé que "la grève n'est pas levée pendant les fêtes" et annoncé une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle le 9 janvier contre une réforme qu'il "ne partage pas".
Un appel lancé conjointement avec Yves Veyrier (FO), qui considère que "c'est au gouvernement d'appuyer sur le bouton stop" et de "mettre de côté cette très mauvaise idée" de système universel à points.
Un "mauvais projet", à la fois "inutile" et "dangereux", a renchéri François Hommeril (CFE-CGC), qui va lui aussi "peut-être appeler au 9 janvier".
AFP/VNA/CVN