Blockchain : surmonter le stéréotype de la "technologie de comptoir"

De nombreux projets néerlandais basés sur la technologie de la blockchain sont actuellement en cours d'évaluation et de déploiement par Zestif, une jeune entreprise fondée par Crys Nguyên, né en 1992.

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Crys Nguyên, créateur de Zestif.
Photo : Vietnamnet/CVN

Il y a seulement sept ans, la technologie de la blockchain était encore relativement méconnue du grand public. Cependant, cela n'a pas empêché le gouvernement néerlandais de prendre une décision audacieuse en 2016 : la création d'un sous-comité spécialisé pour mettre en place un programme de développement de la blockchain.

Peu de temps après, les dirigeants des Pays-Bas ont organisé une compétition visant à intégrer cette technologie au sein des organisations gouvernementales. Ces organisations avaient émis des demandes spécifiques, que les startups devaient satisfaire. C'est ainsi que 35 projets ont vu le jour, dont celui de Crys Nguyên. Zestif a pour objectif, en utilisant la technologie de la blockchain, de gérer les dossiers médicaux des patients hospitalisés en coopération avec le ministère de la Santé publique, du Bien-être et des Sports.

En 2017, ce projet a été récompensé en tant que "Meilleur programme de l'année combinant technologie et santé". De plus, il est devenu le premier projet blockchain certifié par le gouvernement néerlandais. Il est important de noter qu'à cette époque, la majorité des gens associaient encore la blockchain uniquement aux monnaies virtuelles et la considéraient comme une simple technologie de comptoir.

Crys Nguyên et ses associés ont réussi à dépasser ce stéréotype de manière pédagogique : "La technologie n'est qu'un tremplin, c'est la manière dont nous l'utilisons qui est importante". Heureusement, le gouvernement a rapidement soutenu les jeunes entreprises utilisant la technologie de la blockchain, telles que Zestif, non seulement en passant des commandes, mais aussi en les aidant financièrement. Cette initiative a eu un effet positif incitatif, encourageant ainsi les entreprises néerlandaises à croire en la recherche et à mener des projets liés à la blockchain.

"Le gouvernement nous a permis de nous développer. La startup a bénéficié d'un soutien financier et a pu évoluer dans un environnement favorable, ce qui est extrêmement important lorsqu'il s'agit d'explorer de nouvelles technologies", se souvient le créateur de Zestif.

Une fois que le projet a obtenu de la reconnaissance, il a gagné en importance au sein des organisations gouvernementales. Il a notamment été chargé du stockage des données médicales, permettant à chaque patient de gérer son propre dossier médical et renforçant la confidentialité lors du partage de ces informations avec les hôpitaux.

Crys Nguyên a développé une passion profonde pour l'apprentissage des nouvelles technologies. 
Photo : Vietnamnet/CVN

Zestif a également collaboré avec les autorités compétentes pour intégrer ses innovations dans le système hospitalier et les bases de données du gouvernement, en adaptant le déploiement en fonction de chaque hôpital et secteur. Aux Pays-Bas, les nouvelles technologies sont souvent introduites "du haut vers le bas" : les grands hôpitaux et entreprises les testent d'abord avant de les étendre progressivement aux autres organismes.

"Crys Nguyên raconte : "En utilisant la blockchain, chacun pourra contrôler personnellement ses informations médicales, connaître quelle dose de quel médicament prendre, etc."

À l'époque, peu de gens connaissaient Crys Nguyên et Zestif. Le jeune homme né en 1992 a développé une passion profonde pour l'apprentissage des nouvelles technologies. De la création d'applications mobiles en 2012 à la blockchain et à l'IA aujourd'hui, en passant par la commercialisation d'appareils électroniques en 2014, il a été présent à chaque révolution technologique.

Son intérêt pour la blockchain a commencé lorsqu'il travaillait dans le domaine de la fintech pour une société néerlandaise. Ses collègues le surnommaient "Crypto Crys" quand, un jour, il a investi tout son argent dans le Bitcoin dans le seul but d'expérimenter et de développer ses compétences.

L'identité unique des informaticiens de l'industrie de la blockchain, que Crys Nguyên a développée au fil de ses nombreuses années d'expérience personnelle, est celle de "ceux qui n'ont pas peur des risques, qui aiment toujours les nouveautés, qui abordent les nouvelles technologies avec une perspective positive, qui voient toujours les opportunités dans les nouvelles avancées technologiques et qui sont prêts à être des pionniers. Répéter les mêmes tâches encore et encore ne les passionne plus."

Crys Nguyên déclare : "La recherche de nouvelles technologies est bien sûr beaucoup plus difficile que le développement de celles existantes. Tous les projets ne réussissent pas, mais il faut simplement essayer, surtout pour les premiers projets. Souvent, nos programmeurs doivent faire des recherches sur Google, mais ne trouvent pas les informations qu'ils recherchent, car personne ne l'a fait auparavant. J'ai moi-même connu beaucoup de projets ratés (rires). Mais je regarde toujours vers l'avenir et je crois fermement qu'il y a de nombreuses nouvelles opportunités à saisir. Nous, les techniciens, lorsque nous examinons de nouvelles technologies comme l'IA, ChatGPT, etc., nous abordons toujours ces défis avec une perspective positive, nous essayons d'abord et nous évaluons ensuite, et surtout nous ne nous laissons pas arrêter par les risques", conclut Crys Nguyên.

La blockchain est appliquée dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement.
Photo : Pixabay/CVN

Aux Pays-Bas, tous les secteurs tels que l'assurance, la santé, etc. ont été numérisés, intégrant les données dans l'e-gouvernement. Les projets pilotes de nouvelles technologies sont déployés de manière indépendante dans un environnement sandbox. Après un pilotage réussi, ils passent à la phase de réplication, puis sont intégrés dans les bases de données et les systèmes gouvernementaux existants, selon des normes spécifiques assez strictes.

Outre le projet d'application de la technologie blockchain dans la gestion des dossiers médicaux des hôpitaux, Zestif participe également à un certain nombre d'autres projets d'application de la blockchain pour le gouvernement ainsi que pour des organisations et entreprises néerlandaises.

Parmi ces projets, figure celui d'application de la technologie blockchain à la gestion des informations personnelles de chaque citoyen, en collaboration avec le ministère néerlandais de la Justice et le gouvernement d'Amsterdam. Ce projet est similaire à VNeID au Vietnam. Cependant, en Europe, il existe une réglementation GDPR sur la protection des données personnelles, qui stipule que le gouvernement n'est que le fournisseur d'informations personnelles, et que les citoyens en sont les propriétaires absolus. Lorsqu'ils utilisent des services publics ou fournissent des informations personnelles pour un travail particulier, les citoyens peuvent accorder aux agences concernées un accès temporaire à leurs informations, qu'ils peuvent ensuite désactiver, afin d'éviter toute fuite ou vol de données personnelles.

Il existe aussi des applications blockchain qui prennent en charge la traçabilité dans la production agricole. Par exemple, l'huile de palme, à travers de nombreuses étapes de transformation chez les agriculteurs, les usines, les commerçants, etc., atteint enfin les consommateurs dans une variété de produits (alimentaires, cosmétiques, etc.). Les étapes peuvent être gérées dans de nombreux pays différents. L'application de la technologie blockchain aidera les consommateurs à connaître clairement les matériaux et l'origine du produit, et s’il réponds ou non aux exigences du développement durable simplement en scannant le code-barres du produit.

La recherche de nouvelles technologies est bien sûr beaucoup plus difficile que le développement de celles existantes.
Photo : Pixabay/CVN

La blockchain est appliquée dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement. La plate-forme blockchain permet aux participants de la chaîne d'approvisionnement de saisir et de suivre les informations et les données relatives aux boîtes en plastique, caisses, racks, etc., qui se perdent facilement. Réduisant ainsi les dommages aux entreprises, tout en contribuant à protéger l'environnement.

Un autre exemple avec une application de blockchain qui vise à créer un "passeport de projet" dans le secteur du génie civil, en conservant des informations complètes sur les composants et les matériaux du bâtiment, tels que chaque pièce en acier du bâtiment, chaque ligne électrique ou tout équipement et composant du bâtiment. Chaque composant et équipement a un code, un code-barres, indiquant clairement la date de fabrication, le lieu de fabrication, etc., à travers lequel il est possible de savoir quand il doit être remplacé ou entretenu. Cela améliore grandement la durée de vie de l'ouvrage .

Récemment, en 2022, Zestif a collaboré avec une société de valeurs mobilières aux Pays-Bas pour lancer une plateforme pour les entreprises qui peuvent émettre des obligations sous forme de jetons sur la blockchain, apportant transparence et confiance aux investisseurs car les données sur la blockchain sont vérifiées à 100% et ne peuvent pas être falsifiées.

Binh Minh - Léo Renaud/CVN

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