Benoît Magimel, la gloire au bout d'un long fleuve intranquille

Star dès l'adolescence, passant des feux de la rampe aux affres de la drogue, Benoît Magimel a définitivement regagné sa place au sommet du cinéma français, en décrochant un deuxième César d'affilée, une première.

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Benoit Magimel remporte le César du meilleur acteur pour "Pacifiction - Tourment sur les îles", lors des César à l'Olympia à Paris le 24 février.
Photo : AFP/VNA/CVN 

Récompensé à 48 ans du César du meilleur acteur pour Pacifiction - Tourment sur les Îles, un an après avoir déjà soulevé la statuette pour De son vivant, Magimel a gagné l'étoffe d'un grand acteur au prix d'un parcours dense et parfois chaotique.

Après presque 70 films, un César dans un second rôle pour La tête haute (2016), un prix d'interprétation masculine à Cannes pour La pianiste (2001), le petit "Momo" ébouriffé de La vie est un long fleuve tranquille (1988) n'a plus besoin de gonfler le torse comme il pensait devoir le faire alors pour en imposer.

Dans Pacifiction, du réalisateur espagnol Albert Serra, il livre une performance d'acteur en roue libre, incarnant un haut-commissaire de la République à Tahiti, qui navigue avec morgue et élégance de la haute société aux milieux interlopes, des indépendantistes aux militaires.

Un tournage épique : 580 heures de rush et des milliers de pages de dialogue, selon la méthode habituelle du réalisateur, qui laisse une liberté sans pareille aux acteurs.

"Il y a des situations qui évoluent, qui se créent au fur et à mesure (...) de ce qu'on tourne. Donc, il y a une liberté pour un acteur assez exceptionnelle", avait expliqué Magimel à Cannes, où le film était en compétition.

S'il est récompensé pour ce film, il avait aussi marqué les esprits l'an dernier avec Revoir Paris, abordant la question des attentats. Un rôle sur la reconstruction, dans lequel il a pu se reconnaitre : "J'y ai trouvé des choses que je comprenais, comme se réparer à plusieurs, et puis (le personnage) ne se victimise pas", expliquait celui qui a combattu par le passé des addictions.

"On perd tout ça

Devenu star à 13 ans avec son rôle de "Momo" Groseille-Le Quesnoy, Benoît Magimel a toujours reconnu la difficulté d'avoir démarré si tôt, expliquant que personne ne l'avait "prévenu" qu'un jour on pouvait tout perdre.

Né à Paris le 11 mai 1974, ce fils d'une infirmière et d'un employé de banque tôt divorcés confiait avoir connu "des moments difficiles" dans son enfance.

"À 12 ans, je m'occupais de la maison, je surveillais ma sœur. J'en ai gardé comme une peur de manquer". Une annonce dans Libération le propulse sur le tournage d'Etienne Chatiliez : c'est La vie est un long fleuve tranquille, devenu culte.

À 16 ans, il arrête l'école pour le cinéma. Il met quelques années à émerger : il démarre vraiment en 1995 avec La Fille Seule de Benoît Jacquot et La Haine de Mathieu Kassovitz. Le jeune homme prête ses traits fins à Alfred de Musset dans Les enfants du siècle (1999) avec Juliette Binoche, son premier grand amour et la mère de sa fille Hannah.

Vient ensuite la consécration à Cannes avec La pianiste de Michael Haneke où il incarne un séduisant musicien entre les mains perverses d'Isabelle Huppert.

Artisan consciencieux - "J'ai rarement vu quelqu'un approfondir ses rôles à ce point", disait de lui Claude Chabrol -, l'acteur a tout joué, les rois, les voyous, les séducteurs, au cours d'une filmographie parfois inégale.

En 2017, le comédien aux mèches d'or écopait de trois mois de prison avec sursis pour avoir tenté d'acheter de la cocaïne. Lors d'une autre affaire en 2016, il reconnaissait une toxicomanie "ne datant pas d'hier" et confessait au juge "sa honte". Au fil du procès, on découvrait un homme perdu bien loin de l'image du mâle au regard bleu de sphinx et au menton fendu.

AFP/VNA/CVN

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