Le Courrier du Vietnam : 2010 est une année revêtant une signification importante dans les relations entre le Vietnam et la Belgique parce que le Vietnam est président de l'ASEAN et la Belgique, présidente de l'Union européenne (UE). Quels sont d'après vous les traits les plus saillants de la coopération bilatérale de cette année ?
Hubert Cooreman : Permettez-moi d'abord de commencer par féliciter le Vietnam pour sa présidence de l'ASEAN. J'ai pu voir de près tout le travail qui était fait par le Vietnam pour assurer une bonne présidence pendant toute l'année. Je pense que le Vietnam a obtenu pas mal de résultats positifs au cour de cette présidence pour renforcer l'organisation de l'ASEAN et aussi l'image de l'ASEAN. Donc, ce travail là ressemble beaucoup à ce que fait une présidence européenne, à ce que fait le pays lors de sa présidence de l'Union européenne. Et il y a beaucoup de similarités. Il y a eu d'ailleurs une réunion ASEAN-UE en juillet dernier à Hanoi et il y a eu aussi le Sommet Asie-Europe (ASEM 8) en octobre dernier à Bruxelles en marge duquel l'UE a signé un accord de partenariat et de coopération avec le Vietnam et où on a annoncé vouloir entamer les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre le Vietnam et l'UE.
Alors dans le monde d'aujourd'hui qui se globalise et où les évolutions technologiques et économiques sont importantes, il est claire qu'on est face à des défis qui sont les mêmes pour tout le monde, aussi bien en Asie qu'en Europe. Un des défis importants que doit attaquer aussi bien la présidence vietnamienne que la présidence belge était de comment surmonter les effets négatifs de la crise économique et financière qui a commencé en 2008. Sur tous les agendas internationaux, ASEAN, UE, ASEM, G20, la question de comment renouer avec la croissance économique durable est une question que tout le monde s'est posé et auquel tout le monde s'est attelé. Et je remercie le Premier ministre vietnamien Nguyên Tân Dung qui a fait, lors du Sommet de l'ASEM à Bruxelles, une excellente intervention sur le développement durable.
Et donc, on a réussi à Bruxelles à adopter la déclaration de Bruxelles sur la gouvernance économique mondiale et comme l'ASEM, est une organisation qui compte maintenant parmi ses membres 12 membres qui sont aussi membres du G20 et qui vont amener avec eux la déclaration de Bruxelles au G20. C'est à travers des structures de la coopération internationale comme l'ASEAN et l'UE, qu'on arrivera à répondre à ces défis du développement économique durable.
Mais il y a d'autres défis, encore bien sûr comme celui de la protection de l'environnement, le changement climatique, les armes de destruction massive, la sécurité ; comment va-t-on y répondre au niveau international. Chacun en tant que président de son organisation régionale, constate que l'on doit répondre aux mêmes problèmes et donc qu'il est important de coopérer ensemble, et surtout de trouver des moyens pacifiques et les moyens durables pour répondre à ces défis.
Le Courrier du Vietnam : Le Vietnam et la Belgique se préparent à élaborer le programme de coopération bilatérale pour la période 2011-2016. Pourriez-vous parler de ce programme ?
Hubert Cooreman : On a déjà une longue histoire de coopération bilatérale. Il y a deux ans, les deux pays ont fêté le 30e anniversaire de l'établissement des relations bilatérales. Et donc le but toujours de notre coopération est de pouvoir répondre aux besoins du Vietnam et pouvoir donner notre appui au développement socioéconomique de ce pays. Il est clair que notre programme de coopération doit être en parallèle avec le plan de développement économique du Vietnam. C'est pourquoi, chacun suit attentivement la préparation du nouveau programme du développement socioéconomique. On adaptera en fonction des besoins du Vietnam, lors de la commission mixte entre la Belgique et le Vietnam qui aura lieu dans la première moitié de l'année prochaine. Et traditionnellement, on s'est beaucoup occupé dans le passé du secteur de l'éducation, de traitement de l'eau, de déchets, de la gestion des ressources en eau. On va bien sûr continuer à le faire dans le futur parce qu'on a déjà de larges expériences dans ce domaine. Notre ambition est de voir si on peut commencer à élaborer un programme d'appui au secteur privé parce qu'il est clair dans une économie moderne le secteur privé joue un rôle de plus en plus important comme moteur de l'économie, de la croissance et aussi important pour la création d'emploi. L'appui au secteur privé sera un nouveau secteur dans lequel nous voudrons développer des programmes de coopération. Mais on est encore dans le stade de conception et des idées. Il s'agira donc de l'année prochaine de discuter avec nos partenaires vietnamiens lors de la commission mixte de décider et d'identifier les programmes et projets spécifiques que nous allons entreprendre dans les cinq années à venir.
Le Courrier du Vietnam : Le Vietnam vient d'organiser avec succès les Journées vietnamiennes en Belgique. Est-ce que vous avez l'idée de faire une Semaine belge au Vietnam ?
Hubert Cooreman : Félicitation encore une fois pour la Semaine vietnamienne en Belgique. J'ai entendu que c'était en grands succès et c'est tombé juste avant le Sommet ASEM et la visite du Premier ministre Nguyên Tân Dung en Belgique. La Belgique est un pays différent du Vietnam dans sa structure politique. C'est-à-dire nous sommes un État fédéral et donc les compétences de promotion des produits dépend de chacune des régions (la région flamande, la région wallone et la région Bruxelles capitale). Pour organiser une semaine belge, il faut mettre ensemble trois régions pour organiser des événements à l'étranger. Parfois, on le fait, par exemple lors des missions économiques présidées par son altesse royale le Prince Philippe de Belgique, mais on ne l'a pas encore fait au Vietnam. Ce qu'on a déjà fait au Vietnam à l'occasion d'une grande bourse comme celle d'alimentation à Hô Chi Minh-Ville où beaucoup de sociétés belges participent. On a organisé en marge de ces bourses une semaine gastronomique belge où on fait la promotion de la gastronomie, de la bière, du chocolat et d'autres produits belges. Mais pas des activités vraiment ciblées comme l'a fait le Vietnam avec succès. Cela me donne des idées pour le futur.
Propos recueillis par Huong Giang/CVN