Bagdad et Washington discutent de l'avenir de la coalition antijihadistes

L'Irak et les États-Unis ont annoncé jeudi 25 janvier de prochaines discussions sur l'avenir de la coalition internationale antijihadistes en vue d'aboutir à un calendrier permettant une réduction de ses effectifs, en pleines tensions régionales et attaques récurrentes de groupes armés pro-Iran.

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Un membre des forces du Hachd al-Chaabi en faction lors des funérailles à Bagdad d'un camarade tué la veille dans des frappes américaines contre des groupes pro-Iran, le 25 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les États-Unis déploient environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie voisine, engagés au sein de la coalition internationale qu'ils ont créée en 2014 pour combattre le groupe État islamique (EI).

De nombreux pays participent à cette coalition qui a épaulé les forces irakiennes dans les grandes batailles contre l'EI. Pour empêcher une résurgence de l'organisation jihadiste, des soldats américains, français, britanniques ou encore espagnols sont toujours stationnés en Irak et fournissent assistance et conseils aux troupes irakiennes.

Sur fond de conflit à Gaza entre Israël, allié de Washington, et le Hamas palestinien, soutenu par Téhéran, des groupes armés pro-Iran en Irak ont mené des attaques contre les soldats américains et la coalition, entraînant une riposte des forces américaines.

Ces développements ont finalement poussé le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani à réclamer un départ de la coalition d'Irak.

Jeudi 25 janvier, le ministère des Affaires étrangères irakien a annoncé dans un communiqué le lancement de "groupes de travail" dans le cadre d'une "commission militaire suprême" unissant Bagdad et Washington.

Ces groupes vont "évaluer le danger posé par l'EI" ainsi que "le renforcement des capacités des forces irakiennes, en vue de créer un calendrier précis déterminant la durée de la présence des conseillers de la coalition en Irak, et le début d'une réduction progressive et étudiée de ces conseillers", selon le texte.

À Washington, la porte-parole adjointe du ministère de la Défense, Sabrina Singh, a indiqué à des journalistes que la taille des effectifs militaires américains en Irak ferait "certainement partie des discussions à mesure que les choses progressent".

Exercice d'équilibriste

Auparavant, un haut responsable de la Défense américaine assurait toutefois que le dispositif n'était "pas une négociation sur le retrait des forces américaines d'Irak".

S'exprimant sous couvert de l'anonymat, il a souligné "la nécessité de basculer vers une relation bilatérale normale en matière de sécurité", assurant ne pas être en mesure de donner "une date" pour cette "transition éventuelle".

Dans un communiqué, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin confirmait le lancement "dans les prochains jours" des groupes de travail.

"Trois facteurs clés" seront examinés, a-t-il dit : "la menace de l'EI, les exigences opérationnelles (...) et le niveau des capacités des forces de sécurité irakiennes".

Après une montée en puissance fulgurante en Irak et en Syrie, l'EI a été mis en déroute sous les coups des forces locales aidées par la coalition. Bagdad a proclamé en 2017 sa "victoire" contre les jihadistes.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares s'exprime lors d'une conférence de presse à Bagdad, le 25 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

La situation volatile oblige depuis des semaines M. Soudani à se livrer à un délicat exercice d'équilibriste. Porté au pouvoir par une majorité parlementaire formée de partis pro-Iran, il doit préserver les rapports stratégiques avec les États-Unis.

En recevant à Bagdad le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, M. Soudani a réitéré le besoin de remplacer la coalition internationale par "des relations bilatérales avec tous les pays" membres.

"Éviter un débordement"

Pour le ministre espagnol, "les attaques contre les troupes étrangères doivent cesser".

"Nous sommes ici à la demande du gouvernement irakien et nous partirons quand le gouvernement irakien l'envisagera", a-t-il dit, jugeant "crucial d'éviter un débordement de la crise à Gaza".

Depuis la mi-octobre, les groupes armés pro-Iran ont mené plus de 150 tirs de roquettes et frappes de drones contre les soldats américains et ceux de la coalition, en Irak et en Syrie.

En représailles, Washington a déjà effectué plusieurs frappes en Irak contre ces groupes.

Les attaques contre la coalition ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran affichant leur solidarité avec les Palestiniens et réclamant le départ des troupes américaines.

Des membres des forces du Hachd al-Chaabi portent le cercueil d'un camarade tué dans des frappes américaines en Irak, lors de ses funérailles au QG du Hachd al-Chaabi à Bagdad, le 25 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Et jeudi soir 25 janvier encore, un "drone" lancé par "les milices hors-la-loi" a été abattu alors qu'il allait cibler une base abritant les troupes de la coalition à l'aéroport international d'Erbil, selon les services antiterroristes du Kurdistan autonome dans le Nord d'Irak.

Toujours au Kurdistan, des tirs de roquettes ont visé tard jeudi 25 janvier le complexe gazier de Khor Mor dans la province de Souleimaniyeh, un responsable local assurant que les pompiers avaient été dépêchés pour tenter d’éteindre un incendie.

AFP/VNA/CVN

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