Bình Phuoc : les murailles circulaires dans la nuit des temps

La province de Binh Phuoc (Sud) possède une trentaine de vestiges en terre de forme circulaire appelés muraille circulaire. Ils ont été découverts dans les années 30 du 20e siècle par des archéologues vietnamiens et étrangers. Une particularité, c'est que ce type de vestige au Vietnam ne se trouverait que dans la province de Binh Phuoc et daterait d'environ 3.000 ans.

Selon Nguyên Trung Dô, archéologue de l'antenne saigonaise de l'Académie des sciences sociales, ces vestiges en terre, modelés en forme de cercle, ont été découverts à Binh Phuoc pour la première fois en 1930 quand l'Association des études indochinoises avait exposé les objets en pierre que des Français avaient découverts par hasard en exploitant la forêt de Binh Long, Binh Phuoc pour planter des hévéas. Ces murailles circulaires sont réparties sur les collines de terre rouge à l'extrémité-Sud de la cordillère Truong Son, qui va de Phuoc Long à Lôc Ninh, Binh Long et finit à la frontière avec le Cambodge.

Cependant, les experts du musée de la province ont récemment découvert plusieurs vestiges de ce genre dans les districts de Dông Phu, Binh Long et Binh Gia. Le nombre de murailles circulaires découvertes est de 28, dont 8 à Lôc Ninh, 8 à Binh Long, 8 à Binh Gia et 3 à Dông Phu.

Valeurs archéologiques incontestables

La plupart des murailles circulaires se situent au sommet de collines ou à flanc de collines, à une élévation de 100 à 180 mètres par rapport au niveau de la mer et à distance des grandes rivières. Via les mesures et les photos réalisées par les archéologues, le diamètre de ces murailles varie de 142 à 365 mètres, comme la muraille de Thac Mo (150 m), Long Hà 1 (157m), Bu Nho (142 m), Tân Hung 1 (199 m), Tân Loi (284 m). Les vestiges diffèrent par la taille et la forme mais ont comme point commun leur construction en terre et la présence de 2 cercles de parois concentriques, séparées par des fosses et dont la sortie est orientée vers la source d'eau la plus proche.

Selon les hypothèses, aux temps préhistoriques, dans une forêt touffue, d'accès difficile et remplie de bêtes féroces, pour pouvoir survivre, les hommes construisent ces murailles en groupes rapprochés (distant d'environ 10 km) dans le but de s'entraider et de se protéger.

Les hautes collines ont été choisies pour la construction de villages défensifs de forme ronde avec des murs en terre et des fossés profonds. Dans La monographie de la province de Sông Be , l'auteur Mac Duong a remarqué que les murailles circulaires sont construites dans des zones creuses, remplies de flaques d'eau, où les murailles en terre permettaient de diriger les animaux vers des chasseurs à l'affût. Selon les experts, la différence entre divers vestiges se situe surtout à l'entrée. Les murailles à une entrée unique ont les murs du cercle extérieur, les fosses et les cercles intérieurs ronds et concentriques. Celles qui ont 2 entrées ont toujours leurs entrées disposées de manière symétrique.

En visitant le vestige de Lôc Tân 2, passant par des chemins sinueux et longs, avec à perte de vue des hévéas qui commençaient à perdre leurs feuilles. Nguyên Van Nam, du Musée provincial, nous fait savoir que cette muraille a un diamètre de 365 m et se situe à 6 km à l'est du vestige de Lôc Tân 1, à 7 km au nord-est de la commune de Lôc Ninh. C'est le vestige le plus imposant, encore en bon état, de Binh Phuoc.

Fouillant la terre, les archéologues de l'Académie des sciences sociales ont déterminé que la muraille de Lôc Tân 2 a une forme similaire à celle des murailles à 2 entrées en forme de sabot à An Khuong, Tan Loi, Lôc Tân 1. Cependant, sa structure comporte certaines différences : c'est l'entrée et la sortie symétriques, dans la direction nord-est et sud-ouest.

Entre les cercles extérieurs et le terrain en forme de sabot du cercle intérieur, il y a un monticule de terre qui sépare la fosse en 2 passages : un passage qui suit le cercle extérieur et l'autre qui entoure le cercle intérieur.

À côté, le centre du vestige est en cuvette avec au milieu un haut monticule de terre. Cette structure ne se retrouve pas dans les autres vestiges en forme de cuvette.

Une chose particulière, en creusant la terre, les archéologues n'ont trouvé que des antiquités en pierre, en céramique, peu de cendres et aucun ossements d'êtres humains ou d'animaux. Les outils en pierre sont haches, haches quadrilatères, pointes, couteaux… Viennent s'y ajouter des morceaux d'instruments de musique en pierre, intacts ou cassés. Il s'agit d'un instrument spécifique des peuplades préhistoriques de l'Indochine. Les objets en céramique sont marmites, jarres, écuelles, bols à haut pied… ornés de motifs caractéristiques de la préhistoire.

Ainsi, après des millénaires, ces murailles circulaires sont passées à travers l'épreuve du temps pour devenir des vestiges extraordinaires que l'on ne trouve que sur le sol de Binh Phuoc. Le souci qu'ont les archéologues et experts de la province de Binh Phuoc c'est que la plupart de ces vestiges se trouvent au coeur des plantations d'hévéas gérées par les entreprises de caoutchouc. Ils courent alors le risque d'être détruits par les travaux de terrassement de ces entreprises.

Quang Châu/CVN

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