>>Accélération de la pandémie, le pèlerinage à La Mecque limité
Quelques fidèles musulmans prient à la Kaaba, le 23 juin à La Mecque, en Arabie saoudite. |
"J'espère que, cette année, grâce à Dieu, je serai parmi les premiers pèlerins", confie Marwan Abdulrahman, un Saoudien vivant à La Mecque.
Parmi les premiers, et surtout parmi les seuls : pour contenir la pandémie du nouveau coronavirus, l'Arabie saoudite a décidé de n'accepter que 1.000 fidèles vivant sur son territoire pour son pèlerinage fin juillet.
Habituellement, le pays accueille à cette occasion des millions de pèlerins (2,5 millions en 2019), venus pour leur grande majorité de l'étranger.
Après avoir suspendu dès mars la "omra", le petit pèlerinage qui s'effectue tout au long de l'année, le royaume s'apprête à faire face à un immense manque à gagner : le flux des pèlerins génère chaque année 10,6 milliards d'euros.
Or, le premier exportateur de brut au monde est déjà frappé de plein fouet par la chute des prix du pétrole et l'impact économique du confinement décrété pour lutter contre le virus.
"Zéro vente, zéro revenu"
Les gains suscités par le hajj a insufflé ces dernières années un boom de l'immobilier et du commerce autour des lieux saints.
On y construit à tout-va : centres commerciaux, appartements et hôtels de luxe, dont certains avec vue directe sur la Kaaba, une construction cubique au centre de la Grande mosquée vers laquelle se tournent les musulmans du monde entier pour prier.
"Zéro vente, zéro revenu", déplore Ahmed Attia, un expatrié égyptien de 39 ans qui travaille pour une agence de voyage dans la ville sainte. "Nous ne sommes pas habitués à voir La Mecque vide. On a l'impression d'être dans une ville morte. C'est désastreux", soupire-t-il.
Les pèlerinages financent directement ou indirectement des centaines de milliers d'emplois dans plusieurs secteurs, des agences de voyage aux sociétés de téléphonie mobile, qui ont dû couper dans leurs effectifs ou réduire les salaires.
L'absence de pèlerins "aggrave les difficultés économiques" du royaume, confirme Richard Robinson, analyste auprès d'Oxford Analytica.
Le tourisme, y compris religieux, est au cœur de l'ambitieux programme "Vision 2030" du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à accroître les revenus non pétroliers du royaume.
Mercredi 24 juin, le Fonds monétaire international (FMI) a averti que le PIB saoudien allait se contracter de 6,8% cette année en raison de la faiblesse des prix du brut, sa pire performance depuis les années 1980. C'est 4,5 points en dessous de la prévision du FMI d'avril.
AFP/VNA/CVN