>>Les Philippines rouvrent Boracay aux touristes, avec de nouvelles règles
Deux "jeepneys" bariolés dans une rue de Manille, aux Philippines. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
S’ils portent tous de multiples cicatrices d’autant d’accrochages sur les routes de l’archipel, ces singuliers minibus sont aussi et surtout des œuvres d’art roulantes, avec leurs peintures extraordinaires, leurs lumières disco ou leurs jantes chromées.
Bernardo de la Cruz, 65 ans, ne compte plus le nombre de "jeepneys" qu’il a décorés, en 45 ans de carrière. Mais aujourd’hui, son atelier de Manille est désespérément vide. En cause, la décision du gouvernement de se débarrasser progressivement de ce mode de transport, en raison de ses piètres performances en termes de pollution et de sécurité routière.
"C’est un acte de trahison contre les Philippins", dénonce ce veuf qui est un des derniers artistes customisant les "jeepneys", alors qu’il y en avait autrefois des centaines sur le marché. Dans les années 1980, Bernardo comptait jusqu’à 80 minibus à décorer chaque mois dans son carnet de commandes. Il n’en a plus aujourd’hui qu’un ou deux.
Naguère considérés comme les "Rois de la route", ces véhicules sont un symbole culturel de Manille et des Philippines, au même titre que les taxis jaunes de New York. Depuis des décennies, ils sont aussi pour des millions d’habitants un mode de transport bon marché et prisé.
Célébrité traditionnelle
Construits au départ avec les jeeps laissées derrière eux par les Américains après la guerre, les "jeepneys" sont effectivement une invention philippine: un toit ajouté et à l’intérieur, deux bancs parallèles. Dans le cadre d’un plan gouvernemental, les véhicules de 15 ans et plus doivent être remplacés d’ici l’année prochaine par des "éco-jeepneys", véhicules électriques ou équipés de moteurs diesel moins polluants.
En termes de confort, les nouveaux minibus constitueront un indéniable progrès puisqu’ils seront climatisés, avec des portes et des sièges individuels, et assez grands pour permettre aux passagers de s’y tenir debout. Ils seront produits à la chaîne, et non plus, comme les actuels "jeepneys", arrangés dans de petits ateliers selon les desiderata de leurs fiers propriétaires.
En 2003, le gouvernement avait limité à 175.000 le nombre de licences de "jeepneys". Depuis lors, on n’a construit des "jeepneys" que pour remplacer ceux partant à la casse.
AFP/VNA/CVN