Aux États-Unis, le retour "inacceptable" de la rougeole

Les experts de santé publique aux États-Unis ont sonné l'alarme mercredi 27 février contre le retour depuis plusieurs années de la rougeole dans le pays, principalement dans certaines communautés qui refusent la vaccination et obtiennent des dispenses pour motifs religieux ou "personnels".

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Une jeune fille de 11 ans après avoir été vaccinée contre la coqueluche, le 7 août 2012 à Los Angeles.
Photo: AFP/VNA/CVN

Six foyers de rougeole se sont déclarés depuis le 1er janvier, avec 159 cas, dans les États de Washington, du Colorado ou encore de New York. Chaque année depuis 2000, entre une cinquantaine et plusieurs centaines de cas se sont déclarés, alors que la maladie très contagieuse avait été déclarée éradiquée au début du siècle dans le pays.
Ce retour "est inacceptable", a déclaré mercredi 27 février Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, lors d’une audition au Congrès américain. "Nous devons revenir à zéro".
Le virus est l’un des plus contagieux connus. Il reste dans une pièce ou sur une surface jusqu’à deux heures après le départ de la personne infectée. La plupart des épidémies américaines commencent parce que le virus a été importé par un voyageur revenant aux
États-Unis, la rougeole restant très vivace dans de nombreux autres pays.
Il se propage ensuite parmi les personnes non vaccinées, qui ont tendance à vivre proches les unes des autres.
"Il y a des poches de gens qui sont hésitants par rapport aux vaccins", a expliqué Nancy Messonnier, directrice du Centre national pour la vaccination et les maladies respiratoires.
Dans les cinq dernières années, 12 des 26 épidémies (plus de cinq malades) se sont déclarées dans des "communautés aux liens très serrés". Les trois quarts de malades s’y sont concentrés, par exemple dans la communauté somalienne du Minnesota en 2017, ou la communauté juive orthodoxe de Brooklyn l’an dernier.
Désinformation
La désinformation sur les vaccins est un facteur, ont martelé les experts, blâmant les réseaux sociaux pour propager de fausses informations sur les risques de la vaccination. Récemment, Facebook, YouTube et Pinterest, sous pression du Congrès notamment, ont annoncé des mesures pour censurer les contenus anti-vaccins.
Le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) est "incroyablement sûr", a répété Nancy Messonnier. Existant depuis les années 1960, des millions et des millions de doses ont été utilisées. "L’effet secondaire le plus fréquent est une douleur au bras, qui s’en va très vite". Mais selon elle, "nous sommes les victimes de notre propre succès".
Puisque le nombre de cas de rougeole a diminué de 99% depuis la découverte du vaccin dans les années 1960, les parents ne se rendent plus compte des risques. Auparavant, entre 400 et 500 personnes mouraient chaque année de la rougeole aux
États-Unis. Au-delà de la fièvre, des boutons et des autres symptômes, les complications de la maladie incluent une otite aigüe (1 cas sur 10), une pneumonie (1 sur 20), voire une encéphalite, une inflammation du cerveau (1 sur 1.000).
Pour obtenir une immunité de groupe ou immunité collective, c’est à dire pour protéger les personnes non vaccinées et à risque (enfants de moins d’un an, femmes enceintes...), il faut que le taux de vaccination soit entre 92 et 95% de la population, a expliqué Anthony Fauci. Le taux national chez les enfants est environ à ce niveau, mais il existe de grandes disparités entre les
États, voire d’une ville ou une école à une autre.
Exemptions
L’illustration actuelle la plus flagrante est le comté de Clark, juste au nord de la ville de Portland, dans le Nord-Ouest des
États-Unis. Soixante-cinq des 159 cas nationaux s’y concentrent, et la plupart sont des enfants de moins de 10 ans.
Il y a 15 ans, dans ce comté, 96% des écoliers de 5 ans étaient vaccinés contre la rougeole. En 2017-2018, la proportion était tombée à 84%. Dans certaines écoles, surtout privées, le taux de vaccination ROR était de 20 ou 30% seulement.
Les élus de l’
État de Washington ont réagi à l’épidémie en proposant d’éliminer la dispense vaccinale pour raisons personnelles ou philosophiques (le motif religieux resterait en place). D’autres États envisagent aussi actuellement de le faire. Aux États-Unis, seuls trois États sur 50 (Californie, Mississippi et Virginie occidentale) ne permettent que les dispenses pour raison médicale.

AFP/VNA/CVN

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