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Une station-service Exxon à Washington, le 13 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec la montée des cours du brut à plus de 100 USD dans le sillage du conflit russo-ukrainien, et les juteuses marges dégagées par les raffineries, ExxonMobil a gagné sur la période 17,9 milliards d’USD et Chevron 11,6 milliards d’USD.
Les majors américaines ne sont pas les seules à tirer avantage de la situation : en Europe, Shell a dégagé un bénéfice net de 18 milliards d’USD, TotalEnergies de 5,7 milliards et Eni de 3,8 milliards.
Le baril d'or noir coté à New York s'est échangé sur la période entre 95 et 120 USD environ. En hausse depuis plus d'un an en raison du rebond de la demande des entreprises et consommateurs, il a été catapulté à des niveaux plus vus depuis 2008 au printemps avec les sanctions imposées à la Russie après le conflit en Ukraine.
Cette envolée participe largement à l'inflation, au plus haut depuis plusieurs décennies aux États-Unis ou en Europe.
ExxonMobil et Chevron assurent faire des efforts.
Du côté de la production, ExxonMobil souligne avoir pompé environ 130.000 barils équivalent pétrole par jour de plus sur le trimestre dans le bassin permien, à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, tandis que celle de Chevron a augmenté de 3% dans le pays.
Et ExxonMobil assure que sa capacité de raffinage sera supérieure d'environ 250.000 barils par jour au premier trimestre de 2023, "ce qui représente le plus grand ajout de capacité de l'industrie aux États-Unis depuis 2012", a souligné son PDG, Darren Woods, dans un communiqué.
Actionnaires gâtés
Du côté des raffineries, la situation est plus contrastée. Les volumes transformés par ExxonMobil aux États-Unis ont légèrement progressé mais ceux traités par Chevron ont reculé de 8% en raison d'opérations de maintenance.
De façon générale, le chiffre d'affaires d'ExxonMobil a augmenté de 71% pour atteindre près de 115,7 milliards, et celui de Chevron de 83% à 69 milliards.
Les deux compagnies ont profité de la forte hausse des prix des produits raffinés, qui ont fait bondir leurs marges, de la hausse de la production de brut et d'un contrôle de leurs dépenses.
ExxonMobil et Chevron, qui avaient encaissé de lourdes pertes au début de la pandémie de COVID-19, ne prévoient pas spécialement d'utiliser la nouvelle manne financière pour augmenter plus que prévu leurs dépenses d'investissement cette année, qui restent à des niveaux inférieurs à la période d'avant la pandémie.
Ils en profitent en revanche pour réduire leur niveau d'endettement, et gâter leurs actionnaires : ExxonMobil leur a versé 7,6 milliards d’USD au total sur le trimestre tandis que Chevron a augmenté, de 10 à 15 milliards d’USD, la fourchette haute de son programme de rachat d'actions pour l'année.
L'action d'ExxonMobil prenait plus de 3% dans les premiers échanges à Wall Street, celle de Chevron plus de 7%.
Les majors préfèrent ne pas trop s'endetter pour mieux faire face aux prochains ralentissements économiques. Elles tentent aussi depuis plusieurs années de s'ajuster aux appels grandissants de la part de la société civile et de certains actionnaires à une réorientation vers des énergies moins productrices de carbone pour lutter contre le changement climatique.