Automobile : développement rime avec choix d'une ligne de produits stratégiques

Malgré une stratégie globale de développement, le pays n'arrive toujours pas à créer une vraie industrie automobile. Quelles sont les perspectives pour le secteur au Vietnam ? Analyses du vice-ministre de l'Industrie et du Commerce, Lê Duong Quang.

* Le ministère des Finances vient de proposer une forte baisse des taxes à l'importation des camionnettes de moins de 10 tonnes que l'on encourage à produire au Vietnam. Cette information a découragé plusieurs entreprises qui ont investi des milliers de milliards de dôngs ces cinq dernières années dans ce type de véhicules. Votre analyse ?

Le ministère des Finances n'a pas décidé de lancer cette initiative sans raison. Et ce projet doit encore faire l'objet de nombreux débats avant d'être appliqué. En principe, ce n'est pas la peine d'amender une politique en vigueur et reste encore adoptée par le grand public. En deuxième lieu, le pays applique actuellement une campagne incitant la population à consommer les produits domestiques. Si les nouvelles politiques font entrave à la consommation des produits locaux, il faut les réviser. En troisième lieu, le pays n'est pas obligé de procéder immédiatement à la réduction des taxes dans le cadre des engagements auprès de l'Organisation mondiale du commerce et de l'Accord de libre-échange de l'ASEAN. Enfin, il faut réussir à chiffrer quel sera l'afflux des voitures étrangères au Vietnam suite à la forte réduction des taxes. Afflux qui entraînera une forte hausse de la valeur à l'importation excédentaire.

Les nouvelles politiques permettront peut-être de doper "la vietnamisation" des composants et d'augmenter la compétitivité des constructeurs vietnamiens. C'est en tout cas le but recherché. Pourtant, il faut réserver un laps de temps raisonnable aux entreprises pour les laisser s'adapter à ces politiques, dans le contexte que l'industrie auxiliaire en est à ses balbutiements.

* Pourquoi les propositions concernant l'application d'un tarif fiscal stable sur le long terme ne sont-elles pas encore concrétisées ?

Selon moi, les entreprises ont le droit de bénéficier de politiques stables pour leur production. Politiques qui se doivent d'être transparentes. Les investisseurs ont reconnu que le changement des politiques était acceptable, surtout dans une économie en transition. Pourtant, ils demandent que les annonces concernant ce changement soient faites de manière précoce, de sorte qu'elles puissent anticiper et adapter leur plan commercial en conséquence.

Afin de mettre en œuvre des politiques stables, les planificateurs doivent identifier point par point les effets qu'aura l'application de nouvelles politiques dans l'immédiat comme sur le long terme. La coordination avec les producteurs est vitale pour que les politiques puissent être appliquées correctement. Le problème réside dans le manque de faisabilité auquel se heurtent les planificateurs. Problème qui concerne, hélas, les autres secteurs.

* Plusieurs entreprises étrangères de l'industrie automobile ont implanté leurs usines au moyen de centaines de millions de dollars en Thaïlande et reconnaissent le potentiel du Vietnam dans ce secteur. Le pays devra-t-il continuer de dépenser des devises pour importer des voitures ?

Affichant une forte croissance économique dans les années prochaines et disposant d'une population jeune, le Vietnam offre de belles perspectives pour le marché automobile. En outre, grâce à l'intégration internationale, les opportunités d'exportation des véhicules se multiplient. Le développement de l'industrie automobile nationale est très important pour gagner les parts de marchés qui demeurent l'apanage des producteurs étrangers. Le ministère de l'Industrie et du Commerce est en train d'élaborer un plan d'aménagement de l'industrie automobile pour doper la croissance du secteur.

* La notion de "ligne de produits stratégiques" avec des avantages fiscaux à la clef a été évoquée il y a un an, insistant notamment sur la production de camionnettes. Qu'en pensez-vous ?

Pour chaque marché, il est nécessaire de fixer une ligne de produits stratégiques pour concentrer les investissements. Cette décision doit se baser sur les besoins et les enquêtes profondes de consommation, la compétitivité et les ressources. Ce travail demande une étroite coordination entre les gestionnaires et les producteurs. Au Vietnam, la fixation d'une ligne de véhicules stratégiques est très différente. L'Association des constructeurs automobiles du Vietnam doit jouer son rôle de consultant pour aider le gouvernement à trouver un produit stratégique qui bénéficiera d'une assistance de la part de l'État.

Le ministère des Finances prévoit une large baisse des taxes fiscales appliquées à l'achat des véhicules, passant de 70% à 30% du prix de vente pour les camionnettes inférieures à cinq tonnes ; de 50% à 25% pour les véhicules de cinq à dix tonnes; de 50% à 25% pour les camions de moins de 20 tonnes. Selon les explications du ministère des Finances, les camionnettes sont très utiles aux entreprises de production. Les taxes dont font l'objet les véhicules de moins de dix tonnes sont très importantes. Dans le pays, les producteurs nationaux s'arrêtent seulement à l'assemblage, tandis que les parties principales sont importées (moteur, cadre...). À partir de 2011, le ministère des Finances prévoit d'appliquer un taux d'impôt de 25% pour les camionnettes de cinq à dix tonnes, contre le niveau actuel de 54-55%.

Thê Linh/CVN

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