Si la nouvelle taxe est décidée, le secteur de l'élevage et de production de poissons tra pour l'exportation du Vietnam encourra des risques élevés d'importantes pertes. Entretien entre le journal Tin tuc (Informations) et Trân Huu Huynh, avocat et chef du service de législation de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Vietnam (CCIV), également membre du Conseil consultatif sur la défense dans le commerce de la CCIV.
* Depuis 2000, le Vietnam a subi plus de 30 procès anti-dumping. Ce dernier est-il différent ou semblable aux précédents ?
Au moment d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Vietnam a accepté d'être considéré en tant qu'économie non marchande pour la production générale. Mais désormais, de nombreux secteurs de production du pays sont sortis de cette situation avec l'absence de toutes subventions publiques. Le maintien arbitraire de ce statut à leur égard est inéquitable et participe manifestement du protectionnisme.
Auparavant, les États-Unis ont retenu le Bangladesh en tant que référent pour décider du principe et du taux de taxation anti-dumping sur les poissons tra vietnamiens. Une décision qui à l'époque a désavantagé nettement ce secteur car l'élevage de cette variété de poisson au Bangladesh est effectué dans des conditions différentes de celles du Vietnam. Aujourd'hui, les États-Unis ont décidé d'un autre référent que sont les Philippines, un choix qui s'avère plus absurde que le précédent car le secteur de l'élevage de ce pays est très modeste, contrairement à celui du Vietnam où il est réellement devenu une industrie de premier ordre au rang mondial.
Les États-Unis ont parfaitement le droit de réviser le taux de taxe, mais le choix d'un troisième pays référent ne peut être aussi orienté, manifestement pour désavantager le secteur vietnamien.
* La décision du DOC est-elle purement destinée à protéger le secteur américain, contrairement à la tendance mondiale de libéralisation du commerce international ?
Dès l'ouverture des enquêtes d'une procédure de taxation anti-dumping à l'encontre du secteur de l'élevage de poissons tra du Vietnam, le DOC a exploité le statut actuel d'économie non marchande de ce secteur mais d'une manière irrationnelle. Quelques exemples : la rémunération des employés au Vietnam et aux États-Unis est très différente. Aux États-Unis, les salaires et autres prestations afférentes sont beaucoup plus élevés. Au Vietnam, éleveurs et entreprises de ce secteur ne reçoivent aucune subvention publique. Il n'y a pas de base de comparaison admissible propre à permettre d'estimer un quelconque dumping continu de la part des producteurs du Vietnam.
* Si le DOC décide néanmoins d'appliquer à nouveau cette taxation, cela constituera-t-il un antécédent pour d'autres pays importateurs de poissons tra vietnamiens à revoir à la hausse leur taxe ?
Je pense que qu'il n'y a pas de l'effet domino dans ce fait. C'est ce que l'on observe dans la pratique. En effet, sur le plan juridique, l'application d'une taxe anti-dumping dépend de nombreux facteurs, dont le volume des importations, le taux de taxe, le préjudice pour le secteur concurrent du pays importateur, etc. Mais je veux toutefois faire remarquer que les entreprises vietnamiennes doivent s'efforcer davantage de diversifier leurs débouchés afin de réduire les risques et conséquences que présentent de telles procédures anti-dumping. Il faut exploiter au maximum les potentialités de chaque marché, rattacher leurs intérêts avec ceux des consommateurs, des importateurs et des distributeurs. De plus, les entreprises doivent continuer de promouvoir largement l'image des poissons tra du Vietnam à l'étranger.
Le DOC prévoit de porter la taxe anti-dumping sur les poissons tra vietnamiens à 130% au lieu de 100% actuellement. Un nouveau taux qui, s'il est décidé, entrera en vigueur en mars 2011.
"En vue de donner des alertes précoces sur les éventuels procès, le Conseil consultatif sur la défense dans le commerce de la CCIV et le Département de gestion de la concurrence du ministère de l'Industrie et du Commerce fournissent toutes informations et renseignements aux entreprises sur les procès anti-dumping en cours ou éventuels", déclare Dinh Thi My Lan, présidente du Conseil consultatif sur la défense dans le commerce de la CCIV. D'après elle, les entreprises comme l'Association des secteurs de production doivent consulter ces informations afin de mieux gérer les risques auxquels elles sont exposées. Et en cas de procès, "nous les assisterons en leur donnant informations, renseignements sur les dispositions applicables ainsi qu'une analyse de la situation", affirme Dinh Thi My Lan.
Linh Thao/CVN