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Même au temps d'Internet, le Père Noël continue à recevoir plus d'un million de missives. |
À J-10, c'est la surchauffe : les "lutins" du Père Noël épluchent 400 lettres par jour, étonnants inventaires à la Prévert. Lettres et cartes postales affluent depuis la fin de l'été et jusqu'à fin décembre. Ellles s'entassent inexorablement sur les bureaux. "Quand y en n'a plus, y en a encore", s'amuse Martine Thomas, 62 ans, postière à la retraite, venue "donner un coup de main et transmettre aux collègues" son savoir-faire.
L'an dernier, plus de 1,1 million de lettres et 123.600 courriels ont été postés de 140 pays, Taïwan et Russie parmi les premiers. En anglais ou en français, les lutins postiers s'efforcent de répondre à tous, même à ceux ayant écrit en cyrilique ou mandarin.
À des milliers de kilomètres du village de Santa Claus, officiellement implanté à Rovaniemi en Finlande septentrionale, ils sont une soixantaine de postiers français à travailler d'arrache-pied, comme chaque année depuis un demi-siècle, à ce service gratuit.
C'est en 1967 que fut transféré à Libourne ce centre postal "de la deuxième chance" destiné à traiter le "rebuts" du courrier indistribuable, comme celui adressé au Père Noël, "rue des Étoiles" ou "Allée des nuages au Pôle Nord".
Le premier bureau des lutins postiers avait ouvert à Paris en 1962, sous l'impulsion d'une poignée de guichetières qui finirent par convaincre le ministre des PTT d'alors, Jacques Marette. Cinq mille lettres d'enfants avaient à l'époque reçu la réponse-type rédigée par Françoise Dolto, soeur du ministre et célèbre pédiatre et psychanalyste.
Il y a bien sûr les listes inévitables de jouets désirés écrites de mains enfantines et appliquées, mais certains bambins se révèlent déjà de petits négociateurs endurcis.
Le Père Noël se tient auprès de l'un de ses 60 lutins secrétaires, à Libourne en Gironde, là où se situe son secrétariat, le 18 décembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les adultes aussi
Signe parfois révélateur d'une grande solitude, beaucoup d'adultes prennent aussi la plume pour s'épancher auprès du Père Noël.
Martine Thomas épluche en riant l'inventaire baroque d'un anonyme : "une potion pour rendre les enfants encore plus obéissants et concentrés à l'école, un abonnement pour une femme de ménage performante, un maillot plus un bonnet de bain pour la piscine ET un nouveau matelas".
Un bricoleur du dimanche va droit à l'essentiel : "un perforateur-burineur (880 W SDS), et une veste blazer, slim fit, en tissu mélangé brossé bleu foncé".
Dans l'escarcelle de Michèle Millet, 55 ans, ouvrière viticole et "lutin de La Poste à la saison morte", le courrier du chef d'une brigade de pompiers du Sud-Est de la France : "Cher Père Noël, nous avons été sages et fait nos devoirs, alors je souhaiterais simplement du personnel en plus pour pouvoir remplir nos beaux camions rouges".
Les postiers de Noël peuvent aussi parfois mesurer la détresse humaine, dans certains messages d'enfants ou d'adultes.
Tel ce gamin placé en famille d'accueil qui demande au Père Noël d'embrasser "maman partie au ciel" et d'aider "papy et mamy qui se battent pour m'avoir".
Ou cette grand mère qui prend la plume à 90 ans pour demander à Santa Claus de "descendre du ciel le temps d'une nuit" pour son petit fils "qui n'a plus de papa". Ou encore, plus prosaïque, ce détenu demandant "une console de jeu pour agrémenter (ses) journées" en cellule.
AFP/VNA/CVN