Le géant pharmaceutique Teva va supprimer 14.000 emplois

Le groupe israélien Teva, numéro un mondial des médicaments génériques, confronté à de sérieuses difficultés financières, a annoncé jeudi 14 décembre la suppression de 14.000 emplois dans le monde au cours des deux prochaines années, soit 25% de ses effectifs.

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L'ancien fleuron de l'industrie israélienne, qui se débat depuis des mois avec les retombées de décisions managériales passées et des circonstances défavorables, a présenté un plan de restructuration douloureux devant lui permettre de faire trois milliards de dollars d'économies d'ici à fin 2019.

"Ce plan est crucial pour restaurer notre sécurité financière et stabiliser nos affaires", indique le Pdg du groupe, Kare Schultz, dans une lettre aux employés publiée par la Bourse de Tel-Aviv.

Dans ce texte, il souligne l'acuité de la situation pour un groupe dont la dette est chiffrée à 35 milliards de dollars.

"Une stratégie à long terme viendra plus tard dans l'année. A court terme, nous devons nous concentrer sur la nécessité de générer de la trésorerie, assurer des revenus et le service de notre dette", ajoute-t-il.

Teva va fermer ou céder "un nombre significatif de sites de production aux États-Unis, en Europe, en Israël et sur les marchés de croissance". Les centres de recherche et développement, le siège et différents bureaux à travers le monde seront également touchés.

Le groupe n'a pas fourni de décompte par pays.

"Il n'y a pas un secteur dans lequel il n'y aura pas de réduction. Géographiquement, c'est partout", a dit M. Schultz au cours d'une conférence téléphonique.

Grève annoncée

En Israël, le chef de la centrale syndicale Histadrout, Avi Nissenkorn, a rencontré la direction de Teva et affirmé que 1.750 salariés allaient perdre leur emploi dans le pays (1.250 en 2018, 500 en 2019).

La centrale a appelé à une grève de plusieurs heures dimanche 10 décembre, qui devrait concerner tout le secteur public, les banques, la bourse, les aéroports....

Cependant Israël ne représente qu'un peu moins de 7.000 salariés sur les 57.000 dans le monde, dont une large proportion en Europe et, dans une moindre mesure, aux États-Unis.

Des employés du géant des médicaments génériques Teva manifestent contre les suppressions d'emplois devant l'usine du groupe à Kiryat Shmona, dans le Nord d'Israël.
Photo : AFP/VNA/CVN

Teva a aussi annoncé la suspension des dividendes sur ses actions ordinaires et sur les certificats de dépôt (American depositary share, ADS, titres de créances). Teva ne versera pas non plus de bonus annuel en 2017.

Le groupe avait déjà annoncé fin novembre réorganiser sa direction et ses structures. Il compte "optimiser son portefeuille de génériques à travers le monde, et plus particulièrement aux États-Unis", en ajustant ses prix et en mettant fin à la fabrication de certains produits.

La chute des prix des génériques est l'une des causes, parmi d'autres, des ennuis de Teva, dont l'activité est centrée sur les génériques.

Le groupe vient d'annoncer le lancement aux États-Unis de sa version générique du Viagra.

"Management inconsidéré"

Teva a en outre essuyé un rude coup début octobre avec la décision du régulateur américain des médicaments, la FDA, d'approuver la commercialisation d'une version générique du traitement vedette de Teva, le Copaxone, contre la sclérose en plaques.

Teva continue de subir les conséquences de l'acquisition, largement considérée comme mal avisée, d'Actavis, la branche génériques de l'américain Allergan, pour plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Après des mois de flou à la tête du groupe, la nomination en septembre d'un nouveau Pdg, le Danois Kare Schultz, avait été accueillie favorablement par les marchés, avec l'espoir de le voir redresser une entreprise qui représentait à elle seule plus de 1% du Produit intérieur brut israélien.

En Israël, la restructuration a suscité l'émoi.

Le groupe a bénéficié de 6,2 milliards d'allègements fiscaux depuis 2006, a dit le chef du syndicat Histadrout.

"Teva nous administre une douloureuse leçon d'ingratitude et de grossièreté", s'est ému le député travailliste Itzik Shmuli. La crise "est surtout due à un management inconsidéré. Maintenant, ils veulent en faire payer le prix aux salariés", a-t-il dit.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est entretenu jeudi 14 décembre avec le PDG de Teva et lui a demandé de faire tout son possible pour limiter les dégâts sociaux et préserver l'identité israélienne de la compagnie, ce à quoi M. Schultz s'est engagé, ont rapporté les services du chef de gouvernement.

AFP/VNA/CVN

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