Au Pérou, la civilization de Caral inspire les architectes

Bâtie au Pérou sans armes ni murailles, sur des terres désertiques, la civilisation de Caral, l’une des plus anciennes du globe, sert aujourd’hui d’exemple à des architectes du monde entier, qui souhaitent s’en inspirer.

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Les touri stes se dirigent vers les pyramides du complexe archéologique de Caral.

«Il s’agit de la plus ancienne civilisation découverte sur le continent américain, et certainement l’un des plus anciens foyers de civilisation du monde, presque aussi vieux que la Mésopotamie et l’Égypte», explique l’archéologue Ruth Shady, qui a lancé en 1996 les premières recherches sur ce site dont l’essor a eu lieu entre l’an 3000 et l’an 1.800 avant J.C. Caral, située dans la vallée de Supe, à 182 kilomètres au nord de Lima et 20 kilomètres de l’océan Pacifique, est inscrite par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité depuis 2009.

Un territoire semi-désertique

Il s’agit d’un territoire semi-désertique de 66 hectares, où sept pyramides en pierre dominent l’horizon et semblent s’illuminer à chaque rayon de soleil. Les constructions sont situées autour de deux places circulaires. La citadelle, considérée comme sacrée, comprend 25 sites de fouille.

Même si les fouilles se poursuivent, les édifices déjà mis au jour révèlent des constructions en harmonie avec la nature, fruit d’une ingénierie avancée.

C’est sur ce précieux site archéologique que les membres de l’Union internationale des architectes, regroupant 124 pays, ont signé le 8 novembre la charte de Caral, lors d’un évènement avec plus de 1.000 professionnels.

Dans ce texte, qui sera présenté lors de la Conférence sur le climat COP21 qui ouvre début décembre à Paris, Caral est présentée comme un exemple d’urbanisme respectant la nature.

«Cette société s’est beaucoup intéressée à un développement en harmonie avec la nature. Les espaces de la vallée n’ont jamais été occupés, préservant et sacralisant les terres fertiles», explique Ruth Shady.

Cette civilisation a également su cohabiter avec les autres communautés. La ville n’avait pas de murailles et aucune arme n’a été retrouvée lors des fouilles.

Au contraire, Caral était un point de rendez-vous pour de nombreux peuples venus profiter de l’activité commerciale : pêcheurs et agriculteurs y échangeaient mollusques venus d’Équateur ou os de condor servant à fabriquer des flûtes traditionnelles.

Lieu d’harmonie avec la nature

Il s’agit également du probable lieu de naissance du quechua, langue ancestrale des Incas. L’influence de cette civilisation se retrouve ainsi sur les pierres du Machu Picchu et sur les géoglyphes de Nasca.

Le monolithe Huanca, dans le complexe archéologique de Caral, au Pérou.
Photo : AFP/VNA/CVN

«Cette civilisation a atteint la splendeur et le prestige. Il s’agit d’un message pour le monde entier : un lieu d’harmonie avec la nature, protégeant la planète et les relations interculturelles», assure Mme Shady.

À la fin de l’an 1.800 avant J.C., Caral a été frappée par une importante sécheresse, obligeant la population à se déplacer. Puis, la nature reprenant ses droits, la cité a été ensevelie sous le sable.

En 1933, une première réunion d’architectes du monde entier à Athènes avait abouti à un accord sur la planification urbaine, puis une autre à Venise en 1964 avait débouché sur un engagement en faveur de la conservation des monuments.

En 1977 les architectes se sont à nouveau réunis, cette fois au Machu Picchu, afin de réaffirmer leurs engagements.

Cette année c’est à Caral qu’ils se sont retrouvés afin d’inciter les futurs architectes à construire un monde respectueux de son environnement.

«Nous avons besoin du passé pour voir comment fonctionnait cette civilisation, analyser son respect de la nature. C’était une culture pacifique et elle doit être vue comme une référence pour les futures générations (d’architectes). Nous avons un grand avenir», explique José Arispe, le doyen du collège d’Architecture du Pérou et conseiller à l’Union internationale d’architectures.

Cette civilisation était consciente qu’elle vivait sur un territoire sismique. Les habitations avaient en leurs bases des paniers appelés «shicras», remplis de pierres, qui dissipaient les mouvements telluriques et évitaient l’effondrement des bâtiments.

«On redécouvre le travail des architectes et ingénieurs de l’époque, lorsqu’il n’y avait pas d’instruments modernes. C’est de la haute ingénierie», s’enthousiasme M. Arispe.

Et ces techniques sont encore valables aujourd’hui, selon Ruth Shady : «Les ingénieurs japonais, après avoir fait des tests en laboratoires, ont dit qu’ils allaient utiliser le modèle antisismique de Caral dans les constructions nippones».                   


AFP/VNA/CVN

 

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