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Sur le lieu d'un attentat le 23 mai à Jablé. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les attaques contre Tartous et Jablé (Nord-Ouest) sont inédites. Ces villes habitées en grande partie par des alaouites, la communauté minoritaire à laquelle appartient le chef de l'État, Bachar al-Assad, avaient jusque-là été relativement épargnées par la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans.
L'une des attaques a été menée par un kamikaze qui a actionné sa ceinture d'explosifs dans l'hôpital où il avait aidé à transporter des personnes blessées par l'explosion d'une voiture piégée juste avant, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Cette série d'attentats sans précédent a été menée alors que l'EI fait face à une pression croissante en Syrie comme en Irak, où les forces gouvernementales ont lancé lundi 23 mai la bataille pour chasser les jihadistes de la ville de Fallouja, à l'ouest de Bagdad.
"Ville paralysée"
À Tartous, deux kamikazes se sont fait exploser à l'intérieur de la gare routière et une voiture piégée a ensuite explosé à l'extérieur, selon une source policière.
"C'est la première fois qu'on entend des explosions à Tartous et qu'on voit des morts et des corps démembrés", a témoigné Chadi Osmane, un employé de banque de 42 ans qui s'est rendu sur les lieux.
Un quart d'heure après, des explosions se sont produites simultanément à Jablé, à 60 km au nord, devant la gare routière, la compagnie d'électricité et deux hôpitaux, a indiqué une source policière. La télévision syrienne a montré des carcasses carbonisées d'autobus, du sang, de la fumée et des débris.
L'OSDH a fait état d'un bilan de 148 morts, la quasi-totalité des civils, dont au moins huit enfants. Il y a au moins 78 morts selon l'agence officielle Sana.
"J'ai vu de ma fenêtre des gens courir terrorisés, les magasins ont fermé et la ville est entièrement paralysée", a raconté Merhi, un peintre.
Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), ces attentats visant délibérément des civils s'apparentent à des "crimes de guerre".
L'EI affirmé dans un communiqué avoir agi en riposte aux bombardements du régime et de son allié russe et a mis en garde contre de "pires" représailles.
Tartous et Jablé accueillent respectivement la base et l'aéroport militaires du contingent russe soutenant les forces gouvernementales dans le conflit syrien.
Ces attentats "démontrent une nouvelle fois à quel point la situation est fragile en Syrie et qu'il est nécessaire de prendre des mesures énergiques pour relancer le processus de paix", a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dont le pays mène depuis huit mois des frappes contre les adversaires de Bachar al-Assad et a parallèlement imposé fin février avec Washington une trêve sans cesse violée.
Paris a de son côté qualifié ces attaques d'"odieuses".