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L'œuvre "Fragment de stèle dédié à Osiris et aux divinités associées" au Musée Louvre-Lens pour l'exposition "Champollion, la voie des hiéroglyphes", le 21 septembre à Lens. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Champollion, la voie des hiéroglyphes" ouvre mercredi, 200 ans après le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, véritable "point de bascule des sciences humaines" selon Hélène Bouillon, co-commissaire de l'exposition.
En replaçant ce génie des langues dans son contexte historique, le parcours, riche de plus de 350 oeuvres, offre une double plongée : dans l'antiquité égyptienne et dans l'époque de Champollion, "enfant des Lumières" né en 1790, en pleine Révolution française, dans une famille lettrée mais modeste.
"C'est une exposition d'histoire, d'histoire des musées, d'histoire des sciences et aussi de type biographique", ouvrant sur "ce pan considérable de l'histoire de l'humanité" recelée par les hiéroglyphes, résume la directrice du Louvre-Lens, Marie Lavandier.
"L'Égypte antique est l'un des creusets de l'imaginaire de l'humanité", qui continue à faire rêver par "la beauté, la richesse des mythes et aussi l'état extraordinaire de conservation des objets", s'enthousiasme-t-elle, heureuse que le Louvre-Lens accueille cette "exposition phare" du bicentenaire.
La pierre de Rosette en copies
Pami les pièces maîtresses de l'exposition - dont le directeur des Antiquités égyptiennes du Louvre, Vincent Rondot, est commissaire général - figure le célèbre "scribe accroupi", qui scrute le monde de son regard vif depuis 2.500 avant JC.
Mais aussi un couvercle de sarcophage du IVe siècle avant JC recouvert d'un long texte en hiéroglyphes, ou un papyrus encore jamais exposé, où cohabitent une prière au dieu Amon-Rê, des remontrances à un scribe dissipé et un bon de livraison de cuir à un cordonnier.
En revanche, la pierre de Rosette, découverte lors de l'expédition en Égypte de Bonaparte mais ensuite emportée par les Anglais, est restée à Londres, au British Museum, qui consacrera également à partir du 13 octobre une exposition au déchiffrement des hiéroglyphes, objet à l'époque d'une course de vitesse entre scientifiques.
Une absence avec laquelle Champollion lui-même dut composer, travaillant à partir de copies de la célèbre pierre aux trois écritures (hiéroglyphes, démotique et grec). De telles copies, d'époque, sont aussi présentées au Louvre-Lens.
Idées reçues
"La déesse Sekhmet" au musée Louvre-Lens pour l'exposition "Champollion, la voie des hiéroglyphes", le 21 septembre à Lens. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au coeur de l'exposition, l'éclairage de la démarche qui permit au savant, après s'être plongé dans l'étude du copte, dernier descendant de la langue des anciens Égyptiens, de déchiffrer un système d'écriture abandonné vers le IVe siècle après JC.
Champollion comprit qu'y cohabitaient des idéogrammes et des phonogrammes et fut "le premier à proposer une équivalence phonétique qui soit juste", résume Hélène Bouillon.
Ses découvertes "redonnèrent leur voix aux Égyptiens", dont "on avait une vision déformée par les sources grecques et romaines", insiste-t-elle.
L'historien grec Hérodote avait ainsi répandu l'idée que les Egyptiens préféraient la mort à la vie mais "les textes nous disent qu'ils détestaient la mort, qu'ils en avaient peur", pointe-t-elle.
Manuscrits, lettres et aussi vêtements, comme un manteau égyptien porté par Champollion au cours de sa tardive expédition le long du Nil, en 1828-1830, donnent à voir l'égyptologue au travail.
Linguiste génial, disparu prématurément en 1832, Champollion fut aussi un vulgarisateur soucieux de rendre son travail accessible au plus grand nombre.
Au Louvre, où le roi Charles X lui confia la mission de concevoir un musée égyptien, "pour la première fois, il crée des salles thématiques sur la religion, la vie quotidienne…", explique Mme Bouillon.
Dans cette même logique d'ouverture, le musée, qui célèbre cette année ses 10 ans, propose de multiples animations autour de l'exposition, dont un "Égyptobus" qui sillonnera le département du Pas-de-Calais.
"Champollion, la voie des hiéroglyphes", jusqu'au 16 janvier.
AFP/VNA/CVN