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Stevo Stepanovski et sa bibliothèque dans le village de Babino en Macédoine occidentale, le 11 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La collection de 20.000 ouvrages est transmise dans sa famille de génération en génération. C'est l'arrière grand-père de Stevo Stepanovski qui lança la tradition vers la fin du XIXe siècle après avoir reçu des livres des mains de soldats ottomans de passage dans cette vallée isolée du Sud-Ouest du pays des Balkans.
La bibliothèque compte des textes historiques sur ce qui est aujourd'hui la Macédoine du Nord, des romans en langue locale, des tomes en farsi, en arabe et en turc ainsi que des oeuvres en serbo-croate.
La collection sise dans une maison en pierres multicentenaire est complétée par les photographies originales d'un journaliste ayant couvert la Première guerre mondiale, des cartes anciennes et des dictionnaires sur les multiples langues de la région.
Stevo Stepanovski, 72 ans, veille depuis des décennies sur le site et offre à ses visiteurs des verres de rakiya, l'alcool de fruit très populaire dans les Balkans. "Ici, c'est le village des lumières et de l'éducation", dit le retraité à l'AFP.
Selon lui, la localité a longtemps profité de la bibliothèque et le village a produit un grand nombre d'enseignants. "Il n'y avait pas une maison sans professeur", dit-il. Mais la bibliothèque est également accusée d'avoir en partie causé la perte de Babino.
"La magie d'un livre"
Dans les années 1950, les autorités du pays qui appartenait alors à la Yougoslavie avaient enrôlé les enseignants du village pour une vaste campagne d'alphabétisation, ce qui avait de fait privé l'endroit d'une bonne partie de sa population.
Stevo Stepanovski et sa bibliothèque dans le village de Babino en Macédoine occidentale, le 11 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme dans toute cette région pauvre du sud-est de l'Europe, la Macédoine du Nord subit une érosion démographique nourrie par un faible taux de natalité et l'exode massif de ses habitants. Dans les campagnes, un grand nombre de villages sont désormais inhabités.
Babino a été particulièrement touché. Il ne reste plus que trois résidents permanents sur les 800 personnes qui y habitaient jadis.
Stevo Stepanovski, dont les propres enfants ont déguerpi, fait figure d'irréductible. Cependant, il est rarement seul puisqu'il accueille chaque année dans la bibliothèque entre 3.000 et 3.500 visiteurs.
Ils viennent souvent des villes et villages avoisinants ou des pays de la région mais certains curieux sont originaires du Brésil, de l'Égypte ou du Maroc, en sus de dizaines de chercheurs et d'intellectuels.
"Je suis surpris de trouver ici des livres introuvables dans les bibliothèques urbaines", raconte Goce Sekuloski, Professeur de musique de Skopje qui s'est rendu sur les lieux récemment après en avoir entendu parler par des amis.
Pour parfaire l'ambiance, le gardien du temple a construit un petit amphithéâtre pour les conférences et les concerts.
"Nous offrons une tranquillité d'esprit aux gens qui viennent ici vivre l'atmosphère. Ici, c'est l'endroit parfait (...) pour découvrir la magie d'un livre", dit le retraité.
AFP/VNA/CVN