Au Cambodge, les derniers dauphins de l'Irrawaddy luttent pour leur survie

Dans le puissant fleuve Mékong, apparaissent soudain les têtes grises arrondies de quelques dauphins de l'Irrawaddy venus prendre leur respiration à la surface de l'eau trouble.

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Un dauphin de l'Irrawaddy dans le Mékong, au Cambodge, le 17 février. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Un spectacle fascinant, mais de plus en plus rare, tant le mammifère, présent dans quelques endroits d'Asie du Sud-Est, dont le Cambodge, est sur le point de s'éteindre malgré les efforts pour le sauver.

Le royaume a annoncé récemment des mesures sévères contre la pêche dans le Mékong pour tenter de réduire le nombre de dauphins piégés et tués par inadvertance dans les filets.

"Nous craignons de ne pas pouvoir les protéger", admet auprès de l'AFP Phon Pharong, habitant de la région de Kratié (Est), lors d'une patrouille à la recherche de filets maillants illégaux.

Ces filets à mailles verticales laissés dans l'eau pendant de longues périodes, capturant les poissons à l'aveugle, sont la principale cause de mortalité des dauphins dans le Mékong, selon les défenseurs de l'environnement.

 "En danger critique" d'extinction

Vue aérienne du Mékong, au Cambodge, où vivent les dauphins de l'Irrawaddy, le 17 février. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Phon Pharong est l'un des 70 gardes qui surveillent un tronçon du Mékong long de 120 km entre Kratié et la frontière laotienne, au Nord.

En sous-effectifs, ces veilleurs sont souvent réduits à jouer au chat et à la souris avec les pêcheurs, bien organisés, nombreux et équipés de meilleurs bateaux.

"Quand nous patrouillons de nuit, ils ne sortent pas. Au petit matin, nous rentrons, et ils ont la voie libre sur la rivière", explique Pharong, alors que beaucoup de gardes doivent enchaîner avec un boulot à terre.

Le salaire de base d'un garde, 65 USD par mois, ne suffit pas pour vivre, même s'ils reçoivent 5 USD par jour de patrouille en plus, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les dauphins de l'Irrawaddy, des petits gabarits timides reconnaissables à leur front bombé et leur nez court, nageaient autrefois jusqu'au delta du Mékong, au Vietnam à plusieurs centaines de kilomètres au sud.

La pêche illégale et les déchets plastiques en ont tué beaucoup, et les dauphins ont vu leur habitat réduit par les barrages et le changement climatique, qui ont eu un impact majeur sur les niveaux d'eau du fleuve.

La population du Mékong est passée de 200 lors du premier recensement en 1997 à 89 en 2020.

Selon le WWF, l'espèce n'est plus présente que dans deux autres fleuves, l'Irrawaddy en Birmanie et le Mahakam, sur l'île indonésienne de Bornéo. Les trois populations fluviales sont classées comme "en danger critique" d'extinction.

Il existe aussi des dauphins de l'Irrawaddy en plus grand nombre sur certaines côtes d'Asie du Sud et du Sud-Est, mais pas en eaux douces, et eux aussi sont en danger.

AFP/VNA/CVN

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