Attentat contre Charlie Hebdo : douze morts dont Cabu et Wolinski

Un attentat perpétré dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo par deux hommes cagoulés et armés criant "Allah akbar", selon des témoins, qui ont pris la fuite, a fait au moins douze morts mercredi 7 janvier en plein Paris.

Des pompiers devant le siège de Charlie Hebdo le 7 janvier à Paris
Photo : AFP/VNA/CVN


Cette attaque est la plus meurtrière en France depuis des décennies. Les dessinateurs emblématiques Charb, Wolinski, Cabu et Tignous figurent parmi les morts, a-t-on appris de source judiciaire.
"La France est aujourd'hui devant un choc, un choc qui est celui d'un attentat terroriste", a déclaré François Hollande sur place, dénonçant un "acte d'une exceptionnelle barbarie". Il s'adressera au pays à 20h00 depuis l'Élysée.
Selon un rescapé, les agresseurs ont fait irruption lors d'une conférence de la rédaction et crié : "Nous avons vengé le prophète!" et "Allah akbar", a affirmé une source policière.
Parmi les morts, figurent aussi deux policiers, a précisé le parquet de Paris. L'un d'entre eux assurait la protection de Charb (directeur de la publication, NDLR), selon une source proche de l'enquête.
Quatre autres personnes étaient grièvement blessées et "dans une situation d'urgence absolue", selon François Hollande, le parquet faisant état d'au moins trois autres blessés.
Le plan Vigipirate a été relevé à "alerte attentats", le niveau le plus élevé, en Ile-de-France, a annoncé Matignon. Les sorties scolaires à Paris ont ainsi été suspendues jusqu'à nouvel ordre, selon le rectorat.
Une réunion ministérielle se déroulait en début d'après-midi à l'Élysée.
Les réactions indignées se sont multipliées à l'étranger, la Maison Blanche se disant "solidaire" des familles des personnes tuées, Angela Merkel condamnant un "attentat abominable".
'Corps à terre, mares de sang'

Le président François Hollande (2e à gauche) parle à la presse à son arrivée au siège de Charlie Hebdo le 7 janvier.


"Vers 11h30, deux hommes, armés de kalachnikov, ont fait irruption" au siège du journal satirique dans l'est parisien. "Un échange de feu a eu lieu avec les forces de l'ordre", a décrit une source proche de l'enquête.
En quittant les lieux, les deux agresseurs vêtus de noir ont blessé par balle un policier. Ils ont ensuite pris la fuite en voiture, braqué un automobiliste porte de Pantin, dans le nord de la capitale, et percuté un piéton. "Il y a des victimes", avait déclaré juste après par téléphone à l'AFP le dessinateur Renaud Luzier, dit Luz, visiblement paniqué.
Un journaliste qui travaille dans les locaux en face de "Charlie" a décrit sur i-TELE "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves". "J'ai entendu des coups de feu, j'ai vu des gars cagoulés qui sont partis en voiture", a déclaré à l'AFP Michel Goldenberg, qui travaille dans la même rue.
Un autre voisin, Bruno Leveillé, a raconté à l'AFP avoir entendu "à 11h30 pile, une trentaine de coups de feu pendant une dizaine de minutes". Selon un employé du théâtre situé derrière le siège de l'hebdo, "c'était fort, répété, très impressionnant". "Il y a eu des échanges avec les policiers", arrivés très vite sur place, témoigne un employé d'atelier voisin.
Sans qu'on sache s'il y a un lien avec cette attaque, Charlie Hebdo a fait la Une de son dernier numéro paru ce mercredi avec "les prédictions du mage Houellebecq : en 2015 je perds mes dents... En 2022 je fais Ramadan!". Le livre de l'écrivain controversé, paru également mercredi, Soumission, prédit l'arrivée au pouvoir d'un parti musulman en 2022.
En novembre 2011, le siège de Charlie Hebdo avait été détruit dans un incendie criminel, alors qu'il publiait en Une une caricature du prophète Mahomet. Son site web avait été piraté, la page d'accueil remplacée pendant plusieurs heures par une photo de La Mecque avec ce slogan : "No God but Allah" ("Pas d'autre Dieu qu'Allah").
Charlie Hebdo était visé par des menaces constantes depuis cet incendie et faisait l'objet d'une protection policière, a rappelé son avocat, Richard Malka.
La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont été chargées de l'enquête ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris, notamment du chef d'"assassinats en lien avec une entreprise terroriste", a précisé le parquet.
 

AFP/VNA/CVN

 


 

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