>>Attaque contre des militaires à Levallois : le suspect arrêté
Une salle de prière de Sartrouville (Yvelines) fréquentée par Hamou B., suspect de l'attaque contre des militaires à Levallois-Perret. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'où la consternation de ses voisins quand ils ont vu débarquer mercredi après-midi 9 août les policiers cagoulés venus perquisitionner dans cette résidence privée de Bezons (Val-d'Oise), coquette et bien tenue, quelques heures à peine après l'arrestation de cet homme.
Hamou B., qui cumulait plusieurs emplois, notamment comme chauffeur VTC, vivait là apparemment seul au troisième et avant-dernier étage de cet immeuble, à neuf kilomètres du lieu de l'attaque à la voiture-bélier à Levallois (Hauts-de-Seine), selon des témoignages recueillis par l'AFP.
Un voisin décrit quelqu'un qui "se lève le matin comme tout le monde, va travailler". "Jamais de problème avec lui", assure ce jeune père de famille.
À deux pas de là, dans la petite salle de prière d'un foyer de travailleurs immigrés de Sartrouville (Yvelines), plusieurs habitués du lieu se souviennent d'un homme nerveux, atteint de strabisme, qui venait prier de façon irrégulière.
"Pas stable dans sa tête"
Moustafa, 56 ans, croit savoir que "sa famille est originaire de la région de Mostaganem", dans l'ouest de l'Algérie, et qu'il habitait le quartier depuis au moins trois ans. "Je le connais, il n'est pas stable dans sa tête (...), il s'énerve vite", raconte-t-il, expliquant ces problèmes par les séquelles d'un accident que l'homme lui a dit avoir eu dans son pays.
"Il fait la prière, mais c'est pas un intégriste, c'est impossible, il est contre ça (les attentats jihadistes, ndlr). Ce qu'il a fait, c'est anormal, c'est la folie" qui l'a poussé, assure-t-il à des journalistes avant d'entrer dans le local.
Pour Lahcen, 68 ans, Hamou B. était "bizarre". "Il ne parlait pas avec les gens, se bagarrait pour rien", se rappelle cet habitant du quartier qui dit l'avoir vu au moins trois fois empêcher d'autres fidèles de prier, en leur disant : "Il n'y a que moi qui prie". Et il arrivait parfois en retard à la prière, "ce qui ne se fait pas".
Mais les policiers, qui cherchent à percer les mystères de leur unique suspect, devront probablement attendre plusieurs jours avant de pouvoir l'interroger : la garde à vue d'Hamou B. a été interrompue par son hospitalisation à Lille, pour traiter ses graves blessures par balles de mercredi 9 août. Il avait tenté d'échapper à son arrestation près de Calais, à bord de la BMW noire de location qui, cinq heures plus tôt, avait percuté les six soldats.
Avant même la fin de la traque, le "choix de la cible, la préméditation manifeste et la fuite" avaient convaincu la section antiterroriste du parquet de Paris de se saisir de l'enquête, selon une source judiciaire.
Mais comment relier la détermination flagrante dans cette attaque au parcours du suspect ? L'homme qui n'est pas fiché S ("sûreté de l'État") était jusque-là seulement connu pour une infraction en 2009 à la législation sur les étrangers, selon des sources concordantes, et il était désormais en situation régulière.
"Les premiers éléments mettent en évidence un profil plutôt solitaire", selon une source proche de l'enquête qui progresse lentement, faute d'interrogatoire du suspect. La recherche d'éventuelles complicités se poursuit mais il n'y avait eu jeudi soir 10 août aucune interpellation, seulement des auditions libres dans son entourage. Pas plus que de revendications.
AFP/VNA/CVN