>>Meeting de Montreuil: l'attraction Semenya
>>Hyperandrogénie: le TAS déboute Semenya mais l'IAAF doit revoir sa copie
La Sud-Africaine Caster Semenya (droite) remporte le 2.000 m à Montreuil, le 11 juin. |
La double championne olympique du 800 m continue de faire fi du combat qu'elle a engagé avec les responsables de l'athlétisme mondial et a encore envoyé un message sans ambiguïtés: sa lutte se poursuit aussi bien en dehors que sur la piste.
En coulisses, la Sud-Africaine a gagné le 3 juin une première manche en obtenant auprès du Tribunal fédéral suisse la suspension provisoire des nouvelles règles de l'IAAF, qui obligent les athlètes hyperandrogènes à faire baisser leur taux de testostérone pendant six mois consécutifs avant de pouvoir participer à une compétition internationale du 400 m au mile (1.609 m).
Sur le tartan, elle reste invincible, quelles que soient les distances ou la météo, comme cette pluie tenace et quasi-interrompue qui s'est abattue sur le stade Jean-Delbert jusqu'au départ du 2.000m, le clou de la soirée. Mais ni le froid ni l'humidité n'ont eu raison de Semenya, victorieuse en 5 min 38 sec 19 devant les deux Éthiopiennes Hawi Feysa (5 min 38 sec 60) et Adanech Anbesa (5 min 39 sec 90).
Pas de record
La décision de la cour suprême suisse ne concernant que son cas personnel, Semenya aurait théoriquement pu s'aligner à Montreuil sur le double tour de piste, sa distance fétiche, mais elle a préféré ne pas modifier ses plans. C'est donc sur un 2.000 m, une épreuve absente des grands championnats, que l'athlète de 28 ans a disputé sa première course depuis l'entrée en application du règlement de l'IAAF, le 8 mai.
Partie dans le sillage des deux lièvres, Semenya n'a jamais quitté la tête pour s'imposer malgré une petite baisse de régime sur la fin. La meilleure performance de tous les temps sur 2.000m, propriété de l'Irlandaise Sonia O'Sullivan depuis le 8 juillet 1994 (5 min 25 sec 36), n'a pas été menacée mais l'essentiel était ailleurs pour la Sud-Africaine, devenue par la force des choses le symbole et la porte-parole des athlètes hyperandrogènes.
Une fois la ligne franchie, elle est ainsi restée combative, comme depuis le début de sa lutte acharnée contre la sentence de l'IAAF.
"Pourquoi je prendrais des médicaments?"
"La où je suis la meilleure, c'est pour faire des perf, pas du blabla, a lâché Semenya, qui sera au départ du 3.000 m à Stanford (Californie), le 30 mai. Mes actions parlent pour moi. Je vais juste continuer ce que je sais faire. Des gens vont toujours chercher à vous provoquer. Je serai toujours positive. Je ne suis pas une idiote, pourquoi je prendrais des médicaments? Je suis une vraie athlète, je ne triche pas. Ils devraient se concentrer sur le dopage."
"Si je dois me retirer du 800 m, ça n'a plus d'importance, j'ai gagné tout ce que je voulais, a-t-elle ajouté en forme de défi. Je peux courir tout ce que je veux, ça peut être le 100 m, le 200 m, le saut en longueur, l'heptathlon. Je suis une athlète talentueuse, je ne me fais pas de soucis. Je peux changer aussi de sport, je fais ce que je veux. Je dois prendre des décisions rationnelles, pas émotionnelles".
L'autre athlète hyperandrogène engagée sur ce 2.000 m, la Burundaise Francine Niyonsaba, a elle eu moins de réussite, terminant 5e en 5 min 43 sec 43. Mais les deux femmes ont affiché une belle complicité, s'échauffant notamment ensemble sur le petit terrain de football jouxtant le stade Jean-Delbert. Mais une fois la course engagée, Semenya était bel et bien toute seule. Comme face à l'IAAF.