Asian Games 18 : le dilemme pencak silat

Le pencak silat a toutes les chances d’être réintégré aux 18es Jeux sportifs d’Asie, en Indonésie, le berceau de cet art martial. Problème: cette discipline ne figure pas dans la Stratégie à long terme du sport national.

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Le pencak silat, un art martial dans lequel le Vietnam excelle.
Photo : Hiên Hanh/VNA/CVN

L’affaire a fait grand bruit au Vietnam. Depuis que l’Indonésie a été choisie pour organiser les 18es Jeux sportifs d’Asie (Asian Games 18), elle cherche à inscrire son «bébé» : le pencak silat, dans le programme des compétitions officielles de ces Jeux. Il s’agit de l’une des six disciplines inscrites à l’ordre du jour des discussions de la prochaine réunion du Comité olympique d’Asie. Et les probabilités que la demande de l’Indonésie aboutisse sont élevées, ce qui met dans l’embarras les instances sportives vietnamiennes.

Et pour cause : aujourd’hui, le pencak silat ne figure pas dans le groupe des disciplines «cibles» en vue des grandes échéances internationales privilégiées par le pays que sont les Asian Games et les Jeux olympiques. Un choix à l’origine sage, puisque cet art martial n’est que très rarement inscrit aux Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est (SEA Games), et presque absent des Asian Games. Le problème est que si le pencak silat fait son entrée dans cette compétition, cela pourrait être préjudiciable pour le Vietnam qui, faute de suivi sportif, médical et d’équipements de qualité suffisante, pourrait voir s’envoler un certain nombre de médailles alors que la qualité intrinsèque des athlètes est là.

Des pointures mondiales

En effet, depuis plusieurs années, les pratiquants vietnamiens de pencak silat rivalisent souvent avec les Indonésiens, comme le montrent les nombreuses finales de championnats du monde opposant des représentants des deux pays. Le Vietnam a d’ailleurs remporté le titre par équipes de champion du monde en 2002, 2005, 2007 et 2010. Grâce à la «génération en or», composée notamment de Nguyên Van Hùng, Trinh Thi Mùi, Trinh Thi Ngà et Lê Thi Hông Ngoan, le pencak silat vietnamien a souvent brillé lors des compétitions internationales, donnant régulièrement des sueurs froides à leurs opposants indonésiens.

Le pencak silat est une option prometteuse pour préparer l’avenir sportif du pays à long terme au niveau de l’Asie.

Le niveau des pratiquants vietnamiens fait quelque peu grincer des dents en Indonésie. Pour éviter toute déconvenue et à condition que sa demande aboutisse, l’Indonésie tentera de limiter les épreuves de Tanding (combat) au profit des épreuves de Seni (démonstration). En effet, le Vietnam est beaucoup plus performant en combat, comme le prouvent les derniers championnats du monde disputés en janvier en Thaïlande- lesquels ont réuni 46 pays - et à l’issue desquels le Vietnam a terminé en tête de la catégorie Tanding avec six médailles d’or, contre seulement une en Seni...

Investissement au cœur des préoccupations

Les possibilités de titres en pencak silat demeurent importantes aux Asian Games 18. Et nul besoin d’investissements démentiels pour y parvenir, le niveau étant déjà relevé. À une époque pas si lointaine où l’objectif du sport vietnamien était de briller sur la seule arène du Sud-Est asiatique, le pencak silat était l’une des disciplines les plus prolifiques. Les instances sportives nationales mettaient tout en œuvre pour que les pratiquants puissent s’illustrer dans les tournois internationaux. Et les champions du monde comme Nguyên Van Hùng, Trinh Thi Mùi ou encore Lê Thi Hông Ngoan faisaient les gros titres de la presse.

Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, les instances sportives du pays voient plus grand et privilégient, dans leurs politiques d’investissement, les disciplines olympiques. Au détriment bien sûr du pencak silat. D’anciens champions du monde ou d’Asie comme Hông Ngoan, Huynh Thi Thu Hông, Nguyên Thi Phuong Thuy, Nguyên Viêt Anh, Nguyên Thanh Quyên, ont pris leur retraite sportive. En l’absence de ses principales têtes d’affiche qui, de fait, font des émules auprès des plus jeunes, il devient de plus en plus difficile de renouveler les effectifs.

Le pencak silat reste plus que jamais une option pertinente pour préparer l’avenir sportif du pays à long terme, notamment au vu du plan de développement de l’éducation physique et des sports au Vietnam d’ici 2020, orientations 2030, dont l’objectif est que le pays figure dans le top 3 du classement par nations des SEA Games aux éditions 2015, 2017 et 2019, puis à l’une des deux premières places entre 2020 et 2030.

Le Vietnam deuxième des championnats du monde

Le Vietnam a terminé deuxième du classement par nations des championnats du monde de pencak silat, disputés en janvier en Thaïlande, avec sept médailles d’or, six d’argent et six de bronze. Depuis 2002, le Vietnam a été titré à quatre reprises par équipes aux championnats du monde.
Le pencak silat est devenu l’une des disciplines les plus prolifiques en médailles d’or pour le Vietnam aux SEA Games avec le wushu, le taekwondo et le karaté.


Phuong Nga/CVN

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