Après l'Irlande, le Portugal allège sa cure d'austérité

Le Portugal a présenté mercredi son projet de budget pour 2015, le premier depuis sa sortie de la tutelle de la troïka (UE-FMI-BCE), marqué à l'instar de l'Irlande par l'allègement de l'austérité en vigueur depuis trois ans.

"C'est un budget de plus grande autonomie, qui implique une responsabilité accrue", a déclaré devant la presse la ministre portugaise des Finances, Maria Luis Albuquerque.

"Le gouvernement a choisi de ne pas augmenter les impôts" en 2015, mais ne relâchera pas pour autant ses "efforts de maîtrise des dépenses, qui se poursuivent", a-t-elle assuré.

Le Premier ministre portuguais Pedro Passos Coelho au Parlement, le 26 septembre 2014 à Lisbonne

Petite entorse à l'orthodoxie budgétaire, le gouvernement de centre droit a décidé de revoir à la hausse l'objectif de déficit public pour 2015, à 2,7% du PIB, alors qu'il s'était engagé auprès de ses créanciers à le ramener à 2,5%, après 4% en 2014.

"Insister sur un déficit à 2,5% aurait été du fanatisme budgétaire", avait assuré la veille le Premier ministre Pedro Passos Coelho, qui amorce ainsi un virage après avoir longtemps appliqué à la lettre les remèdes de la troïka.

Le Portugal, qui avait échappé à la faillite en 2011 grâce à un plan d'aide international de 78 milliards d'euros, reste toutefois prudent et promet ainsi de passer en dessous de la limite européenne des 3%.

Afin de favoriser la reprise encore hésitante de l'économie, le gouvernement a renoncé à imposer de nouvelles ponctions aux Portugais, d'autant que des élections législatives sont prévues dans un an.

Hausse du pouvoir d'achat

"Une hausse du pouvoir d'achat sera ressentie par les familles, les retraités, les fonctionnaires et les plus faibles revenus, grâce notamment à une augmentation du salaire minimum", a affirmé Mme Albuquerque.

Si le gouvernement compte soulager le fardeau des familles, il hésite à réduire la charge fiscale des autres contribuables. Ils ne se verront restituer une partie de l'impôt sur le revenu qu'en 2016, et ce seulement en cas d'un surplus des recettes fiscales.

Avertissement de Bruxelles

Le gouvernement portugais a préféré laisser légèrement filer le déficit au lieu d'annoncer de nouvelles mesures d'austérité, comme le lui avait encore suggéré mardi 14 octobre la Commission européenne.

Alors que Bruxelles réclamait avec insistance le remplacement rapide des mesures de rigueur invalidées cet été par la Cour constitutionnelle, le gouvernement de Pedro Passos Coelho a préféré temporiser avant de faire marche arrière.

"Des économies d'environ 1,4 milliard d'euros ne pourront pas se concrétiser en raison des décisions de la justice", a-t-il regretté.

Le gouvernement a ainsi abandonné sa réforme des retraites, et une taxe sur les pensions supérieures à 1.000 euros prévue en 2015 ne devrait finalement concerner que les hauts revenus à partir de 4.611 euros.

Autre geste visant à restituer le pouvoir d'achat, les coupes dans les revenus des fonctionnaires, en vigueur depuis 2011, seront réduites de 20%, même si le gel des revalorisations est maintenu.

AFP/VNA/CVN

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