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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce les noms des futurs commissaires, le 10 septembre à Bruxelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il devrait être l'un des piliers de la future Commission, une fois que celle-ci aura été confirmée par le Parlement. Le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans, candidat malheureux à la présidence de l'exécutif européen, sera l'un des trois "vice-présidents exécutifs" aux côtés de Mme von der Leyen, responsable du "Pacte vert européen".
Il hérite d'un large portefeuille, qui lui permettra de superviser les commissaires chargés de l'Environnement et des Océans (Pêche), de l'Énergie, mais aussi de l'Agriculture, des Transports ou encore de la Sécurité alimentaire (Santé).
Preuve de l'importance qu'Ursula von der Leyen accorde au sujet, elle lui confie également la responsabilité de commissaire à l'Action pour le climat et la direction générale qui le soutient. Le sortant à ce poste, l'Espagnol Miguel Arias Canete, avait négocié l'accord de Paris au nom de l'Union européenne.
"C'est aujourd'hui l'un des responsables politiques au monde qui a le plus de leviers entre ses mains", estime le Français Pascal Canfin (Renew), qui préside la commission Environnement du Parlement européen, devenue la plus importante par le nombre de membres au sein de l'assemblée nouvellement élue.
Pour Ester Asin, de WWF Europe, Frans Timmermans sera "bien placé pour s'assurer que l'action pour le climat et la protection de l'environnement soient intégrées dans tous les autres secteurs concernés".
"Il est très politique, il a bien compris qu'il avait une fenêtre politique exceptionnelle", anticipe M. Canfin. "Il a les moyens de réussir, il ne pourra pas se cacher derrière une organisation qui ne lui aurait pas donné les moyens de réussir", analyse-t-il.
Certains, comme Jeremy Wates, secrétaire général du Bureau européen de l'environnement, une ONG bruxelloise, regrette le manque de "qualifications écolos significatives" des différents candidats à la nouvelle Commission.
La critique est plus acerbe chez les eurodéputés Verts. Les Français Michèle Rivasi et David Cormand ne s'attendent pas à le voir "s'opposer du jour au lendemain aux accords de libre-échange qui font tant de mal à notre planète".
La gauche sociale et écologique française s'inquiète quant à elle que les cordons de la bourse aient été confiés à un vice-président exécutif de droite, Valdis Dombrovskis (groupe PPE), alors qu'une telle ambition environnementale va devoir s'accompagner de moyens adéquats.
100 jours
Frans Timmermans, vice-président de la future Commission européenne, en charge notamment d'un "pacte vert européen", ici le 10 décembre 2018 à Bruxelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ursula von der Leyen s'est donné 100 jours pour mettre sur la table son "pacte vert", avec pour ambition de faire de l'Europe "le premier continent à atteindre la neutralité climatique".
Pour cela, elle veut étendre la couverture du marché du carbone européen au secteur maritime, et réduire les quotas gratuits attribués à l'aérien. Elle veut aussi introduire une "taxe carbone aux frontières", un mécanisme depuis longtemps avancé par la France, qui permettrait d'imposer les produits importés dans l'UE fabriqués au prix d'une intense production de gaz à effet de serre.
Une de ses première tâches sera de rallier les quatre derniers pays réticents à s'engager pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. Juste avant l'été, Pologne, Hongrie, République tchèque et Estonie avaient freiné les discussions, arguant du coût d'une telle transition dans ces territoires où les énergies fossiles pèsent encore très lourd dans le bouquet énergétique.
Ursula von der Leyen soutient l'idée de la création d'un "Fonds pour une transition juste", mais la perspective fait grincer des dents certaines capitales déjà sous pression pour augmenter leur contribution financière au budget de l'UE après le départ du Royaume-Uni.
L'autre défi principal sera de convaincre les États membres de relever l'objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, actuellement fixé à 40% mais considéré par beaucoup comme insuffisant pour rentrer dans les clous de l'accord de Paris. Mme von der Leyen s'est engagée à défendre un objectif de 50%, voire 55%.
Bruxelles aurait d'ailleurs bien aimé pouvoir présenter un relèvement de ses ambitions dès le sommet sur le climat qui se tient la semaine prochaine à New York.
AFP/VNA/CVN