>>Israël: Netanyahu remettra son poste en jeu lors de législatives anticipées en avril
Une femme parle au téléphone, adossée à un mur couvert d'affiches électorales soutenant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à Beersheva, dans le sud d'Israël, le 15 septembre. |
Les candidats ont enchaîné les interviews sur les ondes de radios locales à la veille de ces élections législatives, les deuxièmes en cinq mois, un match retour qui s'annonce serré dans ce pays où les gouvernements sont de surcroît le résultat de coalitions.
Des sondages de différents médias agrégés créditent le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans interruption depuis dix ans, et la formation Kahol Lavan ("Bleu-blanc", les couleurs du drapeau israélien) de l'ancien chef de l'armée Benny Gantz, de 32 sièges chacun sur les 120 de la Knesset.
"Rares sont les moments où les électeurs sont devant deux possibilités si distinctes, deux chemins seulement, et doivent choisir lequel emprunter", a résumé Benny Gantz dans une tribune en hébreu publiée dans les principaux journaux lundi matin.
"Sous ma gouverne, le parti Bleu-blanc changera la direction du gouvernail de l'État israélien vers plus de démocratie. Finis les clivages visant à diviser pour régner ; au contraire des actions rapides seront prises pour former un gouvernement d'union", a assuré M. Gantz, disant vouloir diriger le pays dans "l'intérêt de tous les Israéliens" et "non dans l'intérêt de groupes de pression".
Des propos visant indirectement Benjamin Netanyahu, accusé par ses adversaires de se maintenir au pouvoir grâce à ses appuis parmi les partis ultra-orthodoxes et le mouvement des colons dans les Territoires palestiniens occupés.
"La gauche et les Arabes"
Sur les ondes de radios locales, M. Netanyahu a vanté son bilan économique -le chômage est actuellement à un plancher historique de 3,7%- et appelé ses électeurs à voter en masse pour empêcher "la gauche et les Arabes" de prendre le pouvoir.
Une dernière attaque contre le centriste Gantz, "à gauche" selon M. Netanyahu, et la "liste unie" des partis arabes, hostile au Likoud sans être acquise à "Bleu-blanc", et qui pourrait jouer un rôle clé dans la formation ou non d'un gouvernement d'union.
Lundi soir 16 septembre, Benjamin Netanyahu s'est rendu au mur des Lamentations à Jérusalem, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme. "Je prie ici pour le peuple d'Israël et l'État d'Israël", a t-il déclaré dans un ultime effort de rallier les voix juives.
Prétextant des sondages défavorables et la nécessité impérieuse d'une réunion d'urgence, M. Netanyahu a annulé in extremis dimanche soir 15 septembre son dernier meeting de campagne, une stratégie, selon ses adversaires, visant à mobiliser ses électeurs pour le sauver.
D'autant que le Premier ministre, qui doit être entendu par la justice le mois prochain dans des affaires de "corruption", "fraude" et "abus de confiance", mise sur une victoire pour tenter d'obtenir une immunité du Parlement.
"À la dernière élection, j'ai voté pour Bibi (Benjamin Netanyahu) car je croyais en lui, j'avais confiance en lui et je voyais qu'il faisait de bonnes choses. Mais Bibi et le Likoud m'ont déçu après la dernière élection (...) alors je cherche des alternatives", explique Shimon Olitsky, 25 ans, un ingénieur civil de Jérusalem.
La vallée du Jourdain
Dimanche, le gouvernement de M. Netanyahu a tenu son dernier conseil des ministres avant les élections dans la vallée du Jourdain, en Territoires palestiniens occupés, et annoncé la légalisation sur place d'une colonie illégale au regard de la loi israélienne.
La petite colonie de Mevoot Yericho, où vivent aujourd'hui une trentaine de familles, restera toutefois illégale aux yeux de la communauté internationale comme le sont toutes les colonies dans les Territoires palestiniens.
Elle est située tout près de Jéricho, la principale ville palestinienne de la vallée du Jourdain, une plaine stratégique au coeur d'industries agricoles, que M. Netanyahu a promis d'annexer "immédiatement" après une victoire électorale.
Plus précisément, M. Netanyahu s'est engagé à annexer les colonies juives, et non les villes et villages palestiniens, dans cette vallée qui représente à elle seule environ 30% de la Cisjordanie.
L'Autorité palestinienne -qui a fustigé cette promesse, évoquant la mort du "processus de paix" israélo-palestinien, actuellement sous respiration artificielle- a défié lundi 16 septembre M. Netanyahu en tenant à son tour la réunion de son cabinet ministériel dans la vallée du Jourdain.
Avec la promesse d'annexer l'essentiel de la vallée du Jourdain, "je crois qu'Israël a mis fin à tous les accords signés avec nous", a réitéré le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh lors de ce conseil.
AFP/VNA/CVN