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Cette année, Luc Montagnier défendait l'idée d'une "piste infectieuse" pour expliquer l'autisme. |
Le pôle santé publique du parquet a ouvert cette enquête le 11 septembre pour "mise en danger de la personne d'autrui" et "infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine", selon cette source. Les investigations ont été confiées à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp).
Mardi 15 septembre, l'Agence du médicament (ANSM) avait annoncé avoir saisi cet été le procureur de Paris de ces pratiques de prescriptions dangereuses. L'agence en avait elle-même été informée fin 2019 via sa procédure de lancement d'alerte par la présidente de l'Association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions.
L'ANSM "déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n'ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d'une utilisation prolongée", a précisé mardi 15 septembre l'Agence dans un communiqué.
Les pratiques incriminées concernent la prescription "sur de longues durées (plusieurs mois)" de "médicaments anti-infectieux" (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de "chélateurs de métaux lourds", des substances censées éliminer les métaux lourds de l'organisme, dont l'utilisation n'est recommandée qu'en cas d'intoxication avérée, a-t-elle détaillé.
Selon Olivia Cattan, qui s'apprête à publier un livre sur ces pratiques, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l'association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5.000 enfants depuis 2012.
Cette année-là, Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour avoir participé à la découverte du virus du sida, défendait l'idée d'une "piste infectieuse" pour expliquer l'autisme. Il affirmait, vidéos à l'appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l'état de la majorité des enfants concernés, provoquant une prise de distance immédiate de l'Académie nationale de médecine, qui hébergeait sa conférence.
Dans un communiqué, l'Association SOS Autisme a indiqué qu'elle allait se joindre à la démarche de l'ANSM en portant plainte avec constitution de partie civile. "Nous demanderons à ce que les essais effectués dans un Institut médico-éducatif (IME) situé dans le département des Hauts-de-Seine (92) fassent l'objet d’une enquête approfondie", indique l'association, estimant "impensable qu'aujourd'hui, cet établissement n'ait été l'objet d'aucun contrôle de la part des autorités concernées".
"Nous espérons également que cette enquête permettra de démanteler la chaîne (fondation, associations, médecins…) qui a mené des familles à pratiquer des essais non autorisés sur des enfants autistes", a-t-elle ajouté.
AFP/VNA/CVN