>>La 6e étape de la course de relais en l’honneur des Sea Games 29 à Hanoï
Nguyên Van Chung fabrique ses savons SIM. |
Photo : NN/CVN |
Né en 1984 dans une famille d’agriculteurs de six enfants, dans le district de Thuong Tin à Hanoï, le benjamin Nguyên Van Chung n’a rapidement qu’une idée en tête : terminer le lycée, puis apprendre un métier pour travailler le plus tôt possible afin d’aider sa famille dans le besoin. Mais son futur s’obscurcit brusquement lors d’un jour fatal qui survient à la fin du collège.
Son père décède alors que le jeune garçon n’a que 6 ans, laissant sa mère subvenir difficilement aux besoins de ses enfants. Après les cours, Chung va régulièrement aider sa mère au champ. Lors de ce jour fatal, le 19 mai 2002, alors qu’il rentre chez lui, un gardien de la station de pompage du village le prie de ramasser sa clef tombée dans l’eau. Mais une fois dans le bassin, il se fait happer par une pompe qui lui tranche littéralement les deux jambes...
Se relever de ce terrible coup du sort
«La période après l’accident a été horrible. J’ai voulu tout abandonner, même la vie. J’ai tenu : chaque jour, quand ma mère revenait du champ et voyait mon désespoir, elle me serrait dans ses bras et pleurait, se souvient-il. Mais un jour, j’ai soudain réalisé que j’étais inutile, que non seulement je n’aidais en rien ma mère, mais qu’en outre, j’étais un nouveau fardeau pour elle. C’est alors que j’ai commencé à apprendre seul à marcher sur mes deux bras. Je suis tombé de nombreuses fois, ça faisait très mal, mais je n’ai jamais renoncé», poursuit-il.
Après cet apprentissage, une folle pensée lui vient : apprendre à nager. «Je me relève où je suis tombé. Comme j’ai perdu mes jambes dans l’eau, j’ai décidé de (ré)apprendre à nager pour retrouver goût à la vie», explique-t-il.
En natation, les jambes sont les plus importantes. Sans jambes, mais avec ses deux moteurs que sont la volonté et la détermination, Chung devient un excellent nageur. Début 2003, Chung s’inscrit au Club handisport de Hanoï.
À la fin de l’année, les ASEAN Paragames sont organisés au Vietnam et il est sélectionné. Pour la première compétition de sa vie, Chung fait une véritable razzia avec six médailles (trois d’argent et trois de bronze) en natation, mais aussi au javelot et au lancer du poids ! Une performance qui lui vaut d’intégrer durablement l’équipe nationale. Et lors de toutes les éditions suivantes de ces Paragames, il ramène systématiquement des médailles pour son pays : une d’or en Thaïlande, deux de bronze en Malaisie et en Indonésie, toutes en natation.
Premiers pas dans le monde des affaires
Les savons SIM sont appréciés par les consommateurs. |
«Je sais que je ne pourrai pas nager pour gagner éternellement. De plus, je veux faire des affaires pour aider ma mère. Mais, pour moi, les affaires, ce n’est pas forcément que gagner de l’argent. Je me suis demandé si je pouvais, en même temps, me rendre utile à la société», confie-t-il.
Avec cette idée, le futur start-upper s’oriente vers la création d’un produit propre, sûr pour la santé, et respectueux de l’environnement. C’est ainsi que le savon biologique SIM voit le jour.
Ce savon est exclusivement constitué de matières premières naturelles : son de riz, charbon de bambou et divers autres ingrédients tels que miel, peau de pamplemousse, huiles essentielles pour les parfums... «La fabrication du savon SIM est assez fastidieuse, car toutes les phases sont manuelles», partage Chung. Chaque lot de 56 savons lui coûte plus de 3 heures de travail.
«Honnêtement, au début, je ne connaissais rien au savon, se souvient-il. Pour créer ce savon SIM tel qu’il est aujourd’hui, j’ai dû beaucoup compter sur l’aide de mes amis, plus particulièrement de ceux spécialisés dans ce domaine, notamment le gérant de la coopérative agricole de ma commune, qui est très porté sur les produits agricoles biologiques».
Ils ne lui transmettent pas seulement leurs connaissances pour établir une formule de fabrication, mais aussi les matières premières, garanties propres. Cela contribue notablement à la valorisation des produits agricoles vietnamiens et de l’agriculture durable.
«Le seul défaut de mon savon est le manque de mousse, car ses ingrédients sont totalement naturels. Mais je crois que le critère de sûreté est plus important», souligne-t-il.
Pour l’heure, les savons SIM de Nguyên Van Chung sont vendus dans de nombreux magasins à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, et sont salués par les consommateurs.
Huy Hoàng/CVN