Amour, mariage, famille : proverbes et adages vietnamiens (suite)

Huu Ngoc continue de nous offrir un choix d’adages et de proverbes qui révèlent un aspect de l’ancienne société vietnamienne, agricole et villageoise, dominée par l’esprit communautaire, la masculinité et le respect des traditions ancestrales.

>>Amour, mariage, famille : proverbes et adages vietnamiens

«On cherche à plaire à un homme pour lui soutirer de l’argent.
Je cherche à plaire à mon mari afin d’avoir des enfants
».

«Si le mari se paie de cha, la femme se gave de nem»

Le cha et le nem sont des mets de choix. Le cha est du pâté de porc grillé (son homologue est le gio, pâté de porc bouillé). Le nem (ou nem ran, nem ron, cha gio) est une sorte d’entrée (galette de riz farcie et frite) connu mondialement comme le pho (soupe hanoienne). Ce proverbe fait allusion à l’adultère. Si le mari a une amante, la femme prend la revanche en prenant un amant, elle aussi.

« La nuit, elle ronfle comme le tonnerre
Son mari amoureux prétend que le ronflement chasse l’ennui
»

Le cœur a des raisons.

«Le mari appartient à toutes
Mais celle qui arrive à le séduire
Fait de lui son bien propre
»

Allusion aux rivalités sourdes et ouvertes entre les femmes d’un mari polygame.

Un rendez-vous galant.

«Quand elle sent que son mari l’aime,
Elle le mène en introduisant ses pieds dans les narines de son conjoint
»

La virginité est chose sacrée. La fille qui a perdu sa virginité avant le mariage est rejetée par sa famille et honnie par la société. Dans le mariage traditionnel figure toujours comme offrande sacrée aux ancêtres du marié une tête de porc bouillie. De un à trois jours après la consommation du mariage, a lieu la cérémonie post-nuptiale du Nhi hy (les nouveaux mariés rendent visite aux parents de la mariée pour leur exprimer leur reconnaissance. Ces derniers leur donnent des conseils en vue d’une union durable). Mais si par malheur, le marié a découvert que sa femme a perdu sa virginité, le cortège de la famille du marié apportera la tête de porc avec les oreilles coupées, ce qui signifie la répudiation.

«Mari âgé, femme jeune, c’est le paradis sur la terre
Femme âgée, mari jeune, lien maudit de la fatalité
».

C’est pas toujours le cas.

«Une fille ne doit pas accepter la chique de bétel offerte par n’importe qui».

La chique de bétel est un gage d’amour et de mariage. Un vieil adage stipule qu’il est interdit aux femmes d’être en contact dès le jeune âge (Nam nu thu thu bât tuong thân). Le choix du fiancé ou de la fiancée est l’affaire des parents. Il arrive que le marié et la mariée ne se voient qu’au jour du mariage. La morale confucéenne défend tout amour libre. En fait, cet interdit n’est respecté rigoureusement dans les couches supérieures et non dans les conches populaires. Dans les villages, garçons et filles ont l’occasion aux fêtes printanières de se rencontrer au cours des joutes de chanson d’amour.

«Quand elle était belle, on faisait foule autour d’elle,
Maintenant qu’elle a perdu son charme, sa maison est déserte comme la Pagode de Dame Danh
».

La pagode Bà Danh (Dame Danh) se trouve au bord du lac de l’Ouest de Hanoi près du fameux lycée Buoi (aujourd’hui lycée Chu Van An). La Dame Danh était une bouddhiste très pieuse qui avait construit plusieurs pagodes.

«Amour d’un temps, regret d’une vie»

Un amour de jeunesse brisé. Un regret infini à l’homme et à la femme qui ont fondé chacun son propre foyer. Au moment de la séparation, ils se sont promis de marier leur enfant si plus tard le Ciel leur donne à un garçon et à l’autre une fille.

«La femme qui se marie porte une cangue au cœu

Elle doit à son mari une obéissance absolue.

Germe du féminisme

«Une fille qui prend un homme en mariage est comme un dragon plongeant dans un nuage»

Le dragon évoluant dans un nuage : symbole du bonheur et de l’honneur.

«Fille : plus deux, Garçon : plus un»

Avant de décider un mariage, il faut savoir si les âges des futurs conjoints sort en accord. L’idéal pour le couple : la fille doit être plus âgé que le garçon de deux ans ou le garçon plus âgé que la fille d’un an.

Le mariage, pour le bonheur et on l’espère, pas pour le pire.

«Femme sans mari, barque sans gouvernail».

La femme est une éternelle mineure. Enfant, elle dépend de ses parents. Mariée, de son mari. Veuve, de ses enfants.

Sur la beauté et la laideur

«Hommes à gauche, femmes à droite».

Au cours des festins et des fêtes villageoises, les places et les passages à gauche sont réservés aux hommes, ceux à droite aux femmes.

«Épouser un pauvre habitant au milieu de son village vaut mieux de prendre un cossu d’un autre village, hors de son village et de ses parents»

«L’homme franchit la mer, entouré d’amis.
La femme rame toute seule quand elle accouche
»

«Près du feu, la paille à la longue prend feu».

Les contacts fréquents entre garçons et filles finissent souvent par allumer le feu d’amour.

«Mieux être une dixième concubine
Que d’être femme principale d’un sot
»

Toute jeune fille rêvait d’épouser un lettré car il pouvait devenir mandarin.

«La femme vient en premier lieu
Le Ciel ne vient qu’en second rang
»

Selon la croyance populaire, le Ciel est la providence toute puissante. Ce proverbe raille les maris qui ferment les yeux sur les défauts et insuffisances de leur femme.

«Tout piment est piquant, toute femme est jalouse»
«Dans ce monde, une femme n’a qu’un mari
Pas comme les génies du foyer : Une femme et deux maris
»

Selon la croyance populaire, il y a trois Génies de la cuisine (deux masculins et un féminin) qui veillent sur les affaires de la famille (Tao Quân). Chaque année, on les fête sept jours avant le Têt à l’occasion de leur départ pour le Ciel.

«Tel mari telle femme»

La femme traditionnelle doit être l’ombre du mari. En occident, on dit : «Tel père tel fils» ce que dit le proverbe «Telle marmite, tel couvercle»


Huu Ngoc/CVN

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