>>Amazon cesse les commandes "moins prioritaires" en France et en Italie
>>Amazon accusé de non respect de la concurrence par des syndicats américains
Un entrepôt d'Amazon en novembre 2019 à Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On va même plus loin que ce que demande le gouvernement" : vendredi 3 avril au micro de RTL, le directeur général d'Amazon France a martelé son message. "On applique depuis le début toutes les recommandations faites par le gouvernement de façon très stricte et de façon progressive à mesure que celles-ci apparaissent".
En outre, "à partir d'aujourd'hui, dans tous les bâtiments Amazon France, les salariés seront équipés de masques à leur demande", a-t-il assuré. De plus, "dès lundi, nous aurons un contrôle de la température par caméra thermique à l'entrée des sites en France".
Dans les faits, sans aller jusqu'à réclamer de telles mesures, l'inspection du travail estime pour l'heure que le groupe n'a pas mis en place les conditions nécessaires pour éviter une "situation dangereuse" sur l'un de ses sites français.
Dans un courrier daté de vendredi 3 avril, la Dirrecte estime ainsi que les salariés de Lauwin-Planque (Nord) ne sont pas en mesure, entre autres, de se laver régulièrement les mains ou d'éviter d'être trop rapprochés. Elle met en demeure Amazon d'instaurer des conditions suffisantes.
"Effets d'annonce"
De la part d'Amazon, "il y a beaucoup d'effets d'annonces", regrette Yves Quignon, secrétaire général de l'union locale de la CGT du Douaisis.
Cette dernière a déposé plainte mardi 31 mars au pénal contre le groupe pour mise en danger de la vie d'autrui, après que la direction a refusé aux salariés de Lauwin-Planque (Nord) d'exercer leur droit de retrait.
Par rapport aux annonces faites vendredi 3 avril, M. Quignon juge insuffisant l'offre d'un seul masque par jour et par salarié, et estime de toute façon qu'il serait plus pertinent de réserver ces protections aux soignants.
"Sauf à habiller les salariés en cosmonautes, les règles de distanciation ne peuvent pas être observées. La concentration des travailleurs les rend inopérantes", renchérit Laurent Degousée, représentant syndical de Sud Commerce, le premier syndicat au sein d'Amazon en France.
Sud Commerce doit d'ailleurs déposer vendredi 3 avril au tribunal des prud'hommes de Nanterre onze dossiers de droits de retrait de salariés contestés par Amazon. Le syndicat réclame toujours "la fermeture des six entrepôts en France pour au moins 15 jours", avec chômage partiel "et a minima qu'Amazon, qui assure ne livrer que des produits essentiels, soit 10% du total des marchandises, n'emploie que 10% du personnel".
Le géant américain avait, en effet, annoncé le 21 mars cesser de prendre des commandes jugées "moins prioritaires" sur ses sites français et italien pour se concentrer sur les produits les plus demandés, d'hygiène ou de base.
Mais une source syndicale CFDT de l'entrepôt de Saran, dans le Loiret, doute de l'application de cette mesure : "On a eu des collègues qui nous disent que cela n'a pas été appliqué et ce dès le 17 mars".
Interrogée sur les annonces de vendredi 3 avril, cette source juge néanmoins que la prise de température est "une bonne initiative", même si des personnes peuvent être asymptomatiques.