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>>Alstom et Siemens entament le deuil de leur projet de fusion
L'entrée de l'usine Ford de Blanquefort, le 18 février en Gironde. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Le rôle de l'État, c'est d'être acteur, pas observateur": voilà comment le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait défini à l'automne 2017 la stratégie économique de l'exécutif, dans un discours à l'allure de feuille de route industrielle et politique.
Une prise de position surprenante pour un élu considéré durant la campagne présidentielle comme le plus libéral des candidats à la primaire de la droite, mais justifiée selon l'intéressé par le patriotisme économique.
L'objectif du gouvernement, "c'est de préserver nos intérêts stratégiques quand ils peuvent être menacés" et "d'investir dans l'avenir", avait prévenu le ministre, disant assumer une approche interventionniste.
Projet de mariage avec Siemens pour le groupe ferroviaire Alstom, recherche d'un repreneur pour l'usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord) et pour le site Ford-Blanquefort (Gironde)... Ces derniers mois, le gouvernement a ainsi multiplié les offensives, aux côtés des syndicats ou des patrons.
"L'État s'est beaucoup investi" dans les dossiers industriels, mais "de façon assez fidèle au +en même temps+ prôné par Emmanuel Macron: aider l'industrie traditionnelle tout en accompagnant l'essor des start-up", souligne Elie Cohen, chercheur au CNRS.
Des ouvriers de l'acierie Ascoval à Saint-Saulve (près de Valenciennes), le 19 décembre 2018, lors de l'annonce de la reprise par Altifort. |
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Coups de menton
Cette implication, à coups de réunions avec les syndicats et de tours de table avec les chefs d'entreprise et les investisseurs, s'est parfois traduite par des coups de menton, principalement dans le dossier Ford.
Pour convaincre le groupe américain de céder son usine de Blanquefort, Bruno Le Maire a ainsi été jusqu'à appeler son homologue américain Steven Mnuchin, puis à menacer de nationaliser provisoirement le site afin de le revendre à l'unique candidat à la reprise: Punch Powerglide.
Las. Jeudi 21 février, le constructeur automobile, insensible aux pressions de l'exécutif, a rejeté une nouvelle offre déposée par le groupe Punch, scellant quasi définitivement le sort de l'usine girondine et de ses 850 salariés.Du côté d'Ascoval, les perspectives ne sont guère plus réjouissantes: Altifort, repreneur de l'aciérie depuis le 1er février, a admis jeudi ne pas disposer des financements promis pour relancer le site, suscitant le dépit des 281 salariés et la colère de Bercy.
"Altifort a trompé tout le monde", a dénoncé l'entourage de Bruno Le Maire, déjà échaudé par le veto mis par Bruxelles, début février, au projet de fusion Siemens-Alstom, jugé non conforme aux règles de concurrence européenne et contraire aux intérêts des consommateurs.
AFP/VNA/CVN