À Hô Chi Minh-Ville, entre 4.000 et 5.000 personnes pratiquent la pêche. Les passionnés pour ce loisir sont de différentes catégories sociales. Homme d'affaires, étudiant, employé de bureau ou paysan, tous sont unis par l'attrait de l'hameçon.
Nguyên Tuân Hoa fait partie de ces "pêcheurs passionnés". Directeur adjoint d'un projet d'informatique pour la Banque mondiale, il part souvent en mission dans diverses provinces et ne manque jamais l'occasion d'essayer de nouveaux spots. Mordu de pêche en mer, il évoque un des ses meilleurs souvenirs qui arriva lors d'une mission sur l'île de Côn Dao il y a quelques années. Là, après une journée de travail, il prit une jonque pour se rendre sur un récif réputé pour l'abondance de ses poissons. "Jamais je n'ai trouvé un endroit si riche en poissons et si facile à pêcher. Je tirais sur ma ligne en permanence", assure-t-il.
Mille et une figures de pêcheurs passionnés
Un autre passionné est Quê, directeur d'une société spécialisée dans le commerce des moteurs automobiles, basée dans l'arrondissement de Binh Thanh. Cet homme d'une quarantaine d'années peut s'absenter de son bureau plusieurs jours pour se rendre dans le Nam Bô occidental. De ces voyages, il revient éreinté et ne discute que quelques minutes avec ses assistants avant de tomber dans un profond sommeil réparateur. Pourtant, si le lendemain, quelqu'un l'invite à la pêche, il reprendra direct son attirail.
Au lac Ao Dôi, un lieu aménagé spécialement pour ces passionnés, existe un fidèle client nommé Dung. Pratiquant depuis 12 ans, il y est présent tous les jours, à partir de 16h00, après avoir confié la gestion de sa boutique d'appareils électroménagers à sa femme. Il peut en parler pendant des heures, des diverses petites astuces en passant par les mouvements de flottaison permettant de deviner si le poisson mord à l'hameçon ou pas, des techniques de tirer la canne pour que le poisson gobe l'hameçon...
Au lac Dông Diêu, on trouve ce couple de pêcheurs, Tam, directeur d'une société de transport et sa femme. Tous les jours, dans l'après-midi, les promeneurs sourissent en observant la femme préparer l'appât et le mari lancer la ligne.
Aller à la pêche, pour de nombreux passionnés, c'est un moyen agréable de se détendre et d'oublier durant quelques heures les tracas du quotidien. Mais certains ne cachent pas parfois leur ras-le-bol devant la dégradation des cours d'eau de la ville. Hiêp, 35 ans, passionné de pêche depuis l'âge de 5 ans, regrette la propreté des cours d'eau d'antan et se souvient avec nostalgie de ses journées halieutiques d'enfance. "Autrefois, les cours d'eau avaient beaucoup de poissons, les pêcheurs en capturaient à volonté et les enfants se baignaient à satiété".
Mais le loisir est aussi devenu un sujet économique. De nouveaux métiers sont nés et de nombreuses familles basées dans les banlieues de Hô Chi Minh-Ville, notamment dans les districts de Binh Chanh, de Hoc Môn, ont développé toutes sortes de services. Certaines creusent des étangs, d'autres élèvent les poissons et proposent des services liés à la pêche. La mégapole du Sud compte actuellement des dizaines d'étangs dont les 2 plus connus sont les lacs Ao Dôi et Dông Diêu, chacun de plus de 20 ha. La plupart des lieux vendent des billets aux pêcheurs, avec un tarif variant entre 5.000 et 8.000 dôngs par heure, les poissons obtenus appartiendront aux pêcheurs. Sauf à Ao Dôi où l'entrée est gratuite mais où le pêcheur doit payer sa prise. Ce lac est fort couru tant pour sa grande superficie que le nombre abondant de grands poissons et ses pavillons de pêche convenables aux familles qui désirent passer une journée de week-end en toute quiétude.
Truong Giang/CVN