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Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz le 21 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Malgré leurs différences, les trois partis mènent depuis début octobre des discussions à un rythme soutenu, avec la volonté d'envoyer une image d'efficacité et de dynamisme. Donnant le coup d'envoi jeudi 21 octobre des négociations officielles pour finaliser leur alliance inédite, ils ont annoncé vouloir accoucher d'un contrat de coalition fin novembre, pour que le chef de file des sociaux-démocrates, Olaf Scholz, prenne la succession d'Angela Merkel "dans la semaine du 6 décembre".
Le calendrier est "ambitieux", a reconnu Volker Wissing, secrétaire-général du parti libéral FDP, alors que les médias allemands qualifient déjà M. Scholz de "chancelier de la Saint-Nicolas", tradition vivace en Allemagne fêtée à la même date. La première économie européenne sera alors dirigée pour la quatrième fois de son histoire par un chancelier social-démocrate après Willy Brandt (1969-1974), Helmut Schmidt (1974-1982) et Gerhard Schröder (1998-2005).
Divergence sur les finances
Vendredi dernier 15 octobre, les trois partis avaient jeté les bases de leur alliance "feu tricolore", en référence aux couleurs associées à chaque parti, en présentant un pré-accord de gouvernement de 12 pages récapitulant leurs points d'accord et les réformes qu'ils entendent mener dans les quatre années qui viennent.
Parmi les compromis trouvés : pas de hausse d'impôts, le respect des limitations d'endettement, un objectif de sortie du charbon avancé à 2030, l'augmentation du salaire minimum horaire à 12 euros. De nombreux sujets restent cependant à régler pour définir la feuille de route d'un futur gouvernement notamment sur la façon dont financer les investissements massifs réclamés par les Verts et le SPD tandis que les libéraux se montrent intransigeants sur le respect des contraintes budgétaires.
Pour éviter un bras de fer avec ces derniers opposés à toute hausse de la fiscalité, sociaux-démocrates et écologistes ont déjà appelé à "être créatifs", suggérant de la mise en place d'une structure abondée de fonds publics qui permettrait de contourner partiellement la règle de frein à l'endettement. Ecologistes et FDP ont d'ailleurs entamé une passe d'arme dans les médias, chacun revendiquant le portefeuille ministériel clé des Finances.
Le chef des libéraux, Christian Lindner, n'a jamais caché son ambition de récupérer ce maroquin ministériel, également convoité par le co-dirigeant des Verts Robert Habeck. "Nous avons des idées de politique fiscale très différentes. La concurrence est là, sans aucun doute. La confiance dans le fait que cela se passera comme convenu reste à prouver", avait-il estimé dimanche dans une interview à ARD.
Calendrier serré
Jeudi 21 octobre, les trois formations ont détaillé le calendrier des futures réunions, dont le parti d'Angela Merkel, grand perdant des législatives du 26 septembre, n'est que spectateur. Les experts politiques vont se répartir en 22 groupes de travail pour approfondir le programme gouvernemental puis se réuniront presque quotidiennement pour parvenir à une synthèse d'ici le 10 novembre.
"Nous exigerons beaucoup des groupes de travail, un travail concentré, beaucoup d'engagement et de présence, car nous sommes très ambitieux", a expliqué M. Wissing. Les principaux responsables des partis prendront ensuite la main pour finaliser le document dans le but de parvenir à un accord final fin novembre. Chaque formation devra valider celui-ci, lors d'un congrès spécial pour le FDP et un vote en ligne auprès des adhérents pour les écologistes.
Il reviendra au parlement d'élire officiellement Olaf Scholz, un centriste qui occupe le ministère des Finances, pour succéder à Angela Merkel à la chancellerie. S'ils tiennent leurs délais, les trois partis priveront Mme Merkel, à quelques jours près, du record de longévité politique détenu par son mentor Helmut Kohl resté en poste 5.870 jours.
Les dernières négociations de coalition, il y a quatre ans, avaient traumatisé le pays en se prolongeant plus de cinq mois : les conservateurs avaient tenté dans un premier temps de s'entendre avec les Verts et le FDP mais ce dernier avait finalement décidé de se retirer des discussions, forçant la CDU à s'allier avec le SPD.
AFP/VNA/CVN