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L'entraîneur de l'Allemagne, Joachim Löw, lors d'un entraînement de son équipe à Cologne, le 5 octobre. |
L'entraîneur de l'Allemagne, Joachim Löw, lors d'un entraînement de son équipe à Cologne, le 5 octobre. |
Jamais sans doute le coup n'était passé si près. La déroute historique 6-0 en Espagne le 17 novembre en Ligue des nations, faisant suite à un automne en dents de scie, avait pourtant sonné la curée.
La presse réclamait la tête du coach en poste depuis 14 ans. Les anciens joueurs devenus consultants osaient enfin attaquer celui que l'Allemagne avait adoré comme un demi-Dieu après le titre mondial 2014.
Face à la bronca, la Fédération allemande (DFB) avait convoqué son présidium de 14 membres vendredi 27 novembre, pour décider du sort de l'entraîneur de 60 ans. Beaucoup voyaient dans ce délai une invitation à la démission, qui aurait permis au sélectionneur d'éviter l'humiliation d'un limogeage.
Mais lundi 30 novembre, devançant la date fatidique, les cinq principaux dirigeants de la DFB (le comité directeur) ont convoqué Löw à Francfort, et lui ont permis de dérouler ses arguments.
"Haute qualité du travail"
Quelques heures plus tard, les rédactions recevaient un communiqué assez long, expliquant en détails pourquoi Löw était toujours l'homme de la situation. "Les membres du comité directeur ont conclu unanimement que la haute qualité du travail de l'équipe d'entraîneurs, la relation intacte entre le sélectionneur et l'équipe, et un concept clair sur la marche suivie jusqu'ici et à suivre encore étaient des arguments valables", indique la DFB.
Le présidium, réuni en téléconférence, a entériné le maintien à l'unanimité.
"Sur la route de l'Euro, des objectifs sportifs importants ont été atteints", argumente la DFB, "la qualification pour l'Euro, le maintien en Ligue A des nations, et le versement dans le premier chapeau des qualifications pour le Mondial. En conséquence, Joachim Löw continue de jouir de la confiance du présidium".
Et en guise de réponse aux récentes attaques, la Fédération souligne qu'"un match isolé (la défaite en Espagne, ndlr) ne peut et ne doit pas servir de mesure pour l'ensemble de la performance de l'équipe nationale et du sélectionneur". Point barre.
Voilà donc Joachim Löw dans le train pour l'Euro, où la Mannschaft est tombée au premier tour dans un "groupe de la mort" avec la France, championne du monde, le Portugal, champion d'Europe, et la Hongrie, l'un des pays hôtes avec l'Allemagne.
L'opinion contre Löw
L'entraîneur de l'Allemagne, Joachim Löw, lors du match de groupes de la Ligue des Nations contre l'Ukraine, à Leipzig, le 14 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pourra-t-il poursuivre sereinement son travail, alors que l'opinion est contre lui (84% des fans de foot interrogés fin novembre souhaitaient son départ), et que la presse ne lui pardonne plus rien ?
Son maintien ne va en tout cas pas faire disparaître problèmes et polémiques comme par enchantement.
À commencer par la question du retour des trois champions du monde 2014 Thomas Müller, Jérôme Boateng (Bayern) et Mats Hummels (Dortmund). Dans un souci de laisser toute la place à la nouvelle génération, le sélectionneur les a mis à la retraite internationale en mars 2019, alors qu'ils avaient à peine trente ans.
Depuis, ils brillent tous les trois dans leurs clubs. Et si en attaque, l'Allemagne est bien pourvue (Sané, Gnabry et Werner sont parmi les meilleurs à leurs postes en Europe), elle manque cruellement de défenseurs de très haut niveau.
Des experts, comme l'ancien ballon d'or et champion du monde 1990 Lothar Matthäus, ont avoué ne pas comprendre pourquoi Boateng et Hummels étaient évincés : "En équipe nationale, on veut voir jouer les meilleurs", a-t-il maugréé.
L'équipe manque aussi de leaders pour donner le cap dans les moments de tempête. Exactement ce que fait Thomas Müller au Bayern, comme lors du sacre en Ligue des champions en août.
Mais le communiqué de la DFB semble donner carte blanche à Löw pour avancer vers l'Euro avec ses propres convictions.
Le coach, explique la DFB, a convaincu ses dirigeants que ses choix actuels étaient les plus judicieux pour bien préparer le Mondial-2022 au Qatar, et surtout l'Euro-2024, où l'Allemagne voudra briller à domicile.