Coronavirus
Allègement du confinement en Angleterre, alertes médicales en France

Les rencontres et les sports en extérieur sont autorisés depuis lundi 29 mars en Angleterre, où la deuxième phase du déconfinement progressif contraste avec la progression de l'épidémie ailleurs en Europe, surtout en France où le monde médical multiplie les signaux d'alarme.

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Des joueurs de golf sur un green à Brighton, le 29 mars
Photo : AFP/VNA/CVN

"Happy Monday" ("Lundi heureux"), titrent certains journaux : les Anglais peuvent respirer un peu mieux, puisque les groupes de six personnes maximum ou bien de deux foyers différents sont désormais autorisés à se réunir en extérieur, et que les amateurs de sport peuvent reprendre leur pratique en plein air.

Pays le plus endeuillé d'Europe avec plus de 126.500 morts, le Royaume-Uni s'est lancé en décembre dans une course à la vaccination afin de sortir d'un confinement dévastateur pour son économie : quelque 30 millions de premières doses avaient été administrées dimanche, soit presque 60% de la population adulte.

"Nous devons rester prudents", a toutefois rappelé le Premier ministre Boris Johnson, car "l'augmentation des cas en Europe et les nouveaux variants qui menacent notre campagne de vaccination" pourraient arriver au Royaume-Uni dans trois semaines.

"Les gens baissent la garde"

De France, par exemple : le nombre de patients atteints du COVID-19 en réanimation a continué d'y augmenter dimanche 29 mars, atteignant 4.872 malades, soit presque le pic de la deuxième vague à l'automne, selon les données officielles. Au total, 94.492 personnes ont succombé au COVID-19 en France.

Excédés, 41 directeurs médicaux de crise des Hôpitaux de Paris évoquent une "situation de médecine de catastrophe", disant se préparer à devoir "faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles", dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche (JDD). "Dans les quinze prochains jours", estiment les signataires, "nous savons d'ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées".

Des promeneurs profitent du soleil à Paris le 28 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un conseil de défense doit se tenir mercredi 31 mars pour décider d'un éventuel durcissement des mesures actuelles (couvre-feu, fermeture de certains commerces). "Pour les jours qui viennent, nous allons regarder l'efficacité des mesures de freinage et nous prendrons si nécessaire celles qui s'imposent", a dit le président Emmanuel Macron au JDD, lors d'un entretien réalisé vendredi soir 26 mars, alors que la situation sanitaire est de nouveau qualifiée de "critique" par l'exécutif.

L'Allemagne aussi est confrontée à une troisième vague, suscitant également des secousses politiques. La chancelière Angela Merkel a ainsi sévèrement rappelé à l'ordre dimanche les États régions, les pressant d'appliquer les restrictions alors que plusieurs Länder ont annoncé des assouplissements. Mme Merkel a brandi la menace d'une intervention plus contraignante de l'État central si les règles n'étaient pas appliquées fermement, alors que la gestion sanitaire relève des régions. "Je ne vais pas rester deux semaines sans rien faire", a prévenu la chancelière.

Schéma parallèle aux États-Unis, où Anthony Fauci, le conseiller à la Maison Blanche sur la pandémie, s'est dit inquiet dimanche du plateau observé dans le nombre de contaminations dans le pays, estimant qu'il était dû à la levée "prématurée" des restrictions dans certains États. Les journalistes ont ensuite interrogé le président Joe Biden. "D'après ce que j'entends, apparemment les gens baissent la garde, mais j'ai une réunion avec mon équipe demain (lundi) et je pourrai m'en faire une meilleure idée", a-t-il déclaré.

"Pétrole contre vaccins"

La lassitude vis-à-vis des restrictions anti-épidémiques gagne un peu partout, comme en Belgique, entrée samedi 27 mars dans une phase de durcissement : un millier de personnes ont manifesté dimanche dans un parc de Liège pour les dénoncer, dans une ambiance bon enfant, mais beaucoup sans masques, et parfois très proches les uns des autres, par exemple pour former une chenille dansante.

"On est maintenant dans une nouvelle situation, c'est presque une nouvelle pandémie, le virus est devenu beaucoup plus virulent, se transmet beaucoup plus facilement", a prévenu le Premier ministre Alexander De Croo dimanche soir à la télévision publique (RTBF). Il a reconnu que la vaccination se trouvait actuellement "limitée" par des problèmes de livraison des laboratoires, mais assuré que la Belgique recevrait "dans les trois mois qui viennent" 7,4 millions de doses.

Cela devrait permettre à 80% de la population adulte d'avoir reçu une première dose "avant l'été", selon lui. La vaccination est devenue le nerf de la guerre ces dernières semaines. Ce qui a suscité les remontrances dominicales du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'égard des pays développés, qu'il a accusés d'un "stockage" excessif de fioles. "Je trouve très préoccupant ce système très injuste de distribution des vaccins dans le monde", a-t-il dit sur la chaîne canadienne CBC.

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a proposé dimanche soir un système "pétrole contre vaccins", écho au programme "pétrole contre nourriture" de l'ONU pour l'Irak en 1990. "Le Venezuela a des pétroliers, a des clients prêts à nous acheter du pétrole. Il consacrerait une partie de sa production pour obtenir les vaccins dont il besoin. Du pétrole contre des vaccins !", a-t-il lancé à la télévision publique.

La pandémie a fait au moins 2,77 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan de l'AFP à partir de sources officielles dimanche à 10h00 GMT. Les États-Unis sont le pays le plus endeuillé avec 549.306 morts, devant le Brésil (312.206), le Mexique (201.429), l'Inde (161.552) et le Royaume-Uni (126.573).


AFP/VNA/CVN

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