>>Airbus annonce la fin de la production de l'A380, fin des livraisons en 2021
Un Airbus A350-1000 lors d'un vol d'essai le 8 février au-dessus de l'aéroport de Chateauroux (France). |
Il s'agit là d'une nouvelle étape dans le conflit qui oppose depuis 14 ans Boeing et Airbus via leurs pays respectifs, qui s'accusent mutuellement devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de verser des aides illégales à leurs champions aéronautiques respectifs. Dans un communiqué, le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, estime que les subventions européennes à Airbus "pénalisent" les États-Unis à hauteur de 11 milliards de dollars d'échanges commerciaux chaque année et se dit prêt "à l'action" alors que l'OMC doit rendre prochainement un nouvel arbitrage sur ce conflit.
"L'OMC a conclu plusieurs fois que les aides de l'Union européenne avaient causé des torts aux États-Unis", écrivent les services de l'USTR, qui publie une liste préliminaire de produits européens qui pourraient faire l'objet de droits de douanes supplémentaires. Washington, qui estime que l'Union européenne ne s'est pas conformée à la décision de l'OMC, se dit prêt à mettre en place ses sanctions "cet été", dès que l'organisation aura donné sa décision. Pour autant, "notre but ultime est de conclure un accord avec l'UE pour mettre un terme aux subventions aux gros porteurs civils, qui sont en contradiction avec (les conclusions) de l'OMC. Lorsque l'UE arrêtera ces aides néfastes, les taxes douanières imposées en représailles pourront être levées", affirme le communiqué de M. Lighthizer.
Selon le communiqué de l'USTR, les aides à Airbus ont contribué à faire perdre à Boeing "plus de 300" appareils et des parts de marché dans le monde entier. Sont visés notamment des produits du secteur aéronautique, dont des "appareils Airbus", précise le communiqué. Boeing s'est félicité de l'annonce de l'USTR. "Boeing soutient le représentant américain au Commerce et son équipe dans leurs efforts en cours pour rendre équitables les règles du jeu sur le marché mondial de l'aviation", a déclaré l'avionneur américain dans un communiqué. "Il est à souhaiter que la liste préliminaire de taxes contraindra l'UE à se conformer aux précédentes décisions de l'OMC contre elle".
"Boeing a toujours soutenu le respect par les États-Unis des décisions de l'OMC. Il est temps que l'UE suive cet exemple et cesse tout soutien gouvernemental illégal pour Airbus", ajoute le communiqué. La liste de 14 pages comprend notamment de nouveaux "hélicoptères" et "aéronefs civils de transport de marchandises ou de passagers d'un poids supérieur à 15 tonnes" et certaines pièces aéronautiques provenant de France, d'Allemagne, d'Espagne ou du Royaume-Uni.
Conflit réciproque
Elle comprend aussi des produits venant de toute l'UE, comme les steaks d'espadon, les filets de saumon, des fromages mais aussi des fruits, de l'huile d'olives, des vins ou encore des vêtements, des produits laitiers ou des motos...
Le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer à Washington, DC, le 19 mars. |
Depuis plus de 14 ans, Washington et Bruxelles s'accusent mutuellement de verser des aides indues à Boeing et Airbus. Ce conflit commercial, dont l'enjeu s'élève à des milliards d'euros ou de dollars, est le plus long et le plus compliqué traité par l'OMC. L'été dernier, l'Union européenne a obtenu la mise en place à l'OMC d'un nouveau panel d'experts pour arbitrer le conflit concernant les aides à Airbus contestées par les États-Unis. Ces derniers ont parallèlement demandé à l'OMC de déterminer le montant des sanctions qu'ils pourraient imposer à l'UE.
Dans le dossier concernant les aides à Boeing cette fois, l'OMC a confirmé fin mars que les États-Unis ne s'étaient pas pleinement conformés à sa décision de 2012 leur intimant de mettre fin aux aides illégales versées au groupe aéronautique notamment en transformant certaines en allégements fiscaux. Ce communiqué intervient dans un climat de tensions commerciales récurrentes avec la Chine et l'Union européenne. L'administration de Donald Trump est devenue coutumière des droits de douane punitifs, dont elle brandit la menace pour négocier et dont elle a déjà imposé un certain nombre.
AFP/VNA/CVN